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3,78

sur 1032 notes
Un roman qui me laisse une impression de malaise, assez inattendue.

Yasunari Kawabata fait partie des auteurs à lire du challenge solidaire 2021 et comme je ne connaissais pas son oeuvre, mon choix s'est porté vers son livre qui avait eu le plus de lecteurs sur Babelio, à savoir les Belles Endormies.

Eguchi raconte, sous la forme de cinq chapitres, cinq nuits passées avec des adolescentes vierges droguées « les belles endormies », dans une maison de plaisir dont les clients sont des hommes âgés, « des clients de tout repos ». À travers ces expériences, il se remémore les femmes de sa vie, ses maîtresses, son épouse, ses filles, sa mère. Seul son point de vue est donné à l'exception de tout autre.

L'image de la femme renvoyée est véritablement celle de la femme objet, physique, sans aucune préoccupation de son intelligence, de ses émotions, de sa sensibilité. le protagoniste est égocentré sur sa vieillesse, sa solitude, son besoin de se souvenir juste avant de mourir.

Un roman, publié en 1961, qui m'a d'autant plus dérangée que Yasunari Kawabata a reçu le prix Nobel de littérature en 1968 et qu'il était le premier japonais à avoir cette consécration.

Quelle image de la femme et de la littérature japonaise ont pu motiver un tel choix à l'époque ? Je n'avais sans doute pas les clés de compréhension nécessaires pour aborder cette lecture.
Commenter  J’apprécie          2022
Quand je commence un livre, s'il y a un truc que je ne fais jamais, c'est bien lire des critiques dudit livre sur ce merveilleux-site-de-partage-et-d'information-totalement-bienveillant.

Mais là, par un hasard hasardeux, je suis tombée sur quelques critiques de ce bouquin.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater à quel point les avis divergeaient !

Les uns psalmodiant la poésie du texte, les autres le dézinguant bien comme il faut.

- Et pourquoi ? me demandes-tu.

Sous prétexte que Les Belles Endormies fait l'éloge de la pédophilie. Rien que ça.

Là, en toute légitimité, on peut se demander :

- Mais à quel moment un livre peut-il être considéré comme poétique quand d'autres le condamnent pour des faits absolument scandaleux ?

Bonne question, je me remercie de l'avoir posée.

Avant d'y répondre, petit rappel de l'histoire :

Ça se passe à Kyoto. Les vieillards appartenant à la haute bourgeoisie paient des sommes pharamineuses pour pouvoir contempler le sommeil de jeunes filles nues et droguées, pendant qu'ils agonisent d'amour dans le même lit.
Ah, bien sûr, ils se heurtent à des règles. Ils n'ont pas le droit de les éveiller, ou simplement de le tenter, et, évidemment, ils ne peuvent pas leur faire l'amour. Déjà parce qu'elles dorment, et qu'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un qui dort, ça s'appelle un viol et c'est pas tellement génial, et surtout parce que l'essence même du plaisir de ces vieux caducs vient de la contemplation d'une jeune beauté et de leurs phantasmes sur un passé révolu, peuplé d'amours d'antan et de regrets, et de plein d'autres trucs qui font qu'à la fin, quand tu meurs, on dit que tu as eu une vie « bien remplie ».

Le truc qui divise les lecteurs – tu ne me verras jamais écrire « lecteur.rice.s, t'es bien gentil, mais ton orthographe inclusive tu te la fous où j'pense –, le truc qui divise les lecteurs, dis-je, c'est justement ce principe de vieillards qui couchent avec des jeunes filles.

Moi, autant mettre les choses à plat, s'il y a bien un truc dont je m'en flagelle allègrement les amygdales, c'est bien la différence d'âge.

Arrête de sauter sur ta chaise. Je m'explique.

Quand je vois un vieux monsieur embrasser une jeune femme, ou une vieille dame embrasser un jeune homme, contrairement à certains qui s'insurgent et crient au détournement de mineur – ou de majeur, va comprendre... –, moi, je m'en fous.

Elle n'accepte ses caresses que parce qu'il a de l'argent ? Il est naïf parce qu'il la croit amoureuse ?

Hé ! Considérons qu'à partir d'un certain âge, les gens sont assez grandinets pour faire ce qu'ils veulent de leurs fesses. Si Bonhomme est heureux avec une femme vénale, c'est son problème. S'il est assez con pour croire qu'elle est moins dans ses bras pour sa thune que pour ses vieilles moustaches toutes blanches, c'est son problème aussi.

Je t'avouerai cependant que ce livre m'a mise mal à l'aise. D'où cette note pas folichonne.

Car oui. Même si je m'en fous des différences d'âge – libre à toi de trouver ton plaisir où tu le veux, tant que tu ne fais de mal à personne, merde – mais j'ai quand même des limites.

Avec des mineures, par exemple, c'est non.

- Elles sont consentantes, puisqu'elles acceptent d'être payées pour dormir avec des vieux, me dis-tu.

J'entends, j'entends. Mais ça me chiffonne quand même.

Autant, j'aime beaucoup lire les descriptions élogieuses sur la beauté d'une femme, ses cheveux, ses yeux, ses hanches, tu m'as compris tu m'as. Autant, lire des descriptions tout aussi élogieuses sur une beauté juvénile, en insistant bien sur le fait que l'essence de sa beauté se trouve dans ses petits seins à peine sortis de l'adolescence, eh bien, je sais pas, mais un truc me déplaît.

- C'est parce ta morale puritaine est heurtée dans ses principes, petite Galette. C'est marrant, toi qui, il y a encore trois jours, gueulait contre les vieux barbons qui avaient condamné Hardellet... Ah, tu changes bien vite...

Que nenni ! Absolument pas. Je ne suis ni puritaine, ni morale, d'abord. Alors, rien à heurter.

En fait, cette note pas géniale s'explique par le fait que, contrairement à d'autres lecteurs dont je tairai le nom, je ne note pas à la tête de l'auteur, et aussi parce que je n'ai tout simplement pas compris la morale de l'histoire.

Arrivée à la dernière ligne du livre, je me suis demandée s'il ne manquait pas des pages, tant je n'étais pas éclairée sur la conclusion.

Bah oui, que dire, finalement ?

La décrépitude, c'est un concept pas ouf ?
Les femmes, plus elles sont jeunes, mieux c'est ?
Faire l'amour, c'est surfait, le plus rigolo c'est regarder l'autre dormir ?

Je suis mitigée. Je ne sais que dire. D'où cette critique absolument pas construite et qui n'enrichit absolument pas le débat.

Je sais, je t'ai habitué à mieux.

- Bon, alors, est-ce que ça vaut le coup de lire Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata ?

Bonne question, Camarade. Bonne question. J'ai envie de te répondre oui, car, comme ça, avec un peu de chance, tu écriras une jolie critique qui pourra ainsi m'éclairer sur la visée morale de ce texte.

Allez, je dois y aller, je vais observer mon hamster pendant qu'il pionce.
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai parcouru ce livre, que j'ai eu la chance de découvrir dans une édition spéciale. Publiée par Albin Michel, elle consiste en un livre-coffret à la belle couverture noire et rouge, où chaque page est accompagnée d'une photo sépia d'une jeune femme japonaise endormie à chaque fois dans des postures différentes. le texte lui-même est parfois parsemé de détails relatifs au texte: pétales de fleurs, trace de rouge à lèvres, ou enfin de magnifiques peintures sur des étoffes épaisses.
Pour moi, cette lecture a donc été empreinte de sensualité et d'une certaine douceur.
Avec les Belles endormies, on pénètre dans un lieu clos et obscur, celui du sommeil. Eguchi, 67 ans, découvre par l'intermédiaire d'un autre "vieux" cette maison qui accueille des hommes âgés venus passer une nuit auprès de jeunes femmes artificiellement endormies. Il est officiellement interdit de leur faire quoi que ce soit, à part les contempler dans leur sommeil et s'endormir auprès d'elles. Commence ainsi une série de quatre nuits qu'Eguchi passe auprès de femmes à chaque fois différente dont il parcourt le corps, peu à peu pris dans le désir de les réveiller, voire de leur faire du mal pour les sortir de leur léthargie. Ces nuits sont aussi le vivier de réminiscences, les odeurs corporelles, les mouvements involontaires des endormies et leurs courbes éveillant des souvenirs d'autres femmes qu'Eguchi a connu au cours de sa vie. Au contraire de la maîtresse des lieux, jamais Eguchi ne considère ces femmes comme des objets, et désire au contraire les connaître, observe leurs réactions, les touche délicatement.
Je m'attendais à un roman ardu, ennuyant ou froid, et ça a été tout le contraire pour moi, mais je pense que les illustrations de Frédéric Clément ont contribué à mon approche réussie de cette oeuvre en embaumant son atmosphère de sa touche artistique.
Je n'avais pas encore lu Kawabata jusqu'ici et je suis intriguée par le reste de son oeuvre, à continuer donc.
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Challenge Solidaire2021 Gwen21 # lecture 13.

Ce court roman se déroule dans une maison de plaisir au Japon, ‘la maison des belles endormies'. Une maison fréquentée par des vieillards à la virilité décrépite, ‘des clients de tout repos'. Ils paient pour passer la nuit avec des adolescentes vierges, belles, droguées, plongées dans un sommeil profond. Ils peuvent déguster ces ‘friandises' sans aller au delà de certaines limites et tenter quoique que soit de mauvais gout.
Le vieil Eguchi échoue dans cette maison pour oublier sa solitude, sa tristesse, la détresse de la vieillesse et la mort qui approche. Il ne se sent vivre qu'en ces moments où il se trouve aux côtés d'une belle endormie. Dormir paisiblement à ses côtés, fait resurgir les souvenirs de ses conquêtes féminines et amours de jeunesse.
Ce roman à la saveur érotique, fantaisiste, écrit avec beaucoup de délicatesse, ne tombe jamais dans la vulgarité ; la fin est incroyablement surprenante, choquante.
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🔲 LES BELLES ENDORMIES🔲

Eguchi, vieillard de presque 70 ans, fait la connaissance d'une maison particulière : celle des "belles endormies".

Dans cette maison, on y laisse la possibilité aux "clients de tout repos" (vieux), de dormir auprès de jeunes filles, voir d'adolescentes à peine formées, sans jamais que celles ci ne se réveillent et pour cause : elles sont droguées et inconscientes.

Pourquoi une telle pratique ? On épargne ainsi aux vieillards la honte du sentiment d'infériorité propre à la décrépitude de l'âge. Ainsi, on leur permet de duper, pour quelques heures, la vieillesse qui s'installe.
Côtoyer la jeunesse devient une quête de jouvence.
"Ces filles endormies et muettes, sans doute parlaient elles aux vieillards le langage qui leur plaisait."

Et c'est ainsi qu'Eguchi, au cours de ces nuits particulières, animé de sentiments diverses, va se souvenir des femmes qu'il a rencontré à au long de sa vie et qui l'ont marqué.

Un très beau roman, tout en poésie et douceur malgré le sujet épineux abordé.
La jeunesse scandaleuse de fermeté face au temps qui passe, aux vieillards désormais voisins de la mort...
Un roman touchant, je vous le recommande vivement.

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« Et veuillez éviter, je vous prie, les taquineries de mauvais goût... » phrase étonnante en exergue qui ne donne pas vraiment le ton de l'ouvrage car celui-ci parle d'une maison de plaisirs japonaise. On pourrai croire dans cet ouvrage que les vieux japonais sont facétieux (et pourquoi pas?) mais on y parle de prostitution de jeunes femmes qui sont endormies pour le plaisir des vieillards qui , au crépuscule de la vie, viennent y chercher leurs dernières voluptés

Sujet scabreux qui aujourd'hui ne pourrait pas être traité comme Kawabata l'a fait car il est bel et bien question de prostitution puisque la nuit passée auprès de jeunes femmes fortement droguées fait l'objet d'un prix et que l'hôtesse a tout d'une maquignonne
Au-delà de la prostitution Kawabata disserte surtout sur la beauté , ici celle féminine , femme vue comme une oeuvre d'art (ou comme une love doll dirait-on aujourd'hui) avec parfums, fragrance, attitude, mimique, femme idéale par excellence japonaise
Il aborde aussi le vieillissement et la décrépitude du corps vécu comme un déshonneur par l'homme viril et en général de l'être humain ce qui est très japonais et le désenchantement du vieillard juste avant la mort
les réminiscences du passé des odeurs, des choses que l'on a aimé et des amours mortes

Dans un style très froid et très pur Kawabata réussit à créer de l'émotion sur un sujet qui n'est pas facile à l'époque (Eguchi s'interroge fréquemment et cherche des justifications) et surtout aujourd'hui et il le fait tout en nuances

Des impressions fugaces qui donnent un aspect poétique et qui crée une ambiance ensorcelante malgré soi,
intemporelle et atemporelle à la fois On n'est pas dans un bordel mais au paradis en apesanteur

« Jusque dans son sommeil cette fille était capable d'échanger des devis amoureux rien qu'au moyen de ses orteil »
Kawabata jongle entre l'idéal du vieillard pathétique qui vient chercher réconfort et aussi quelque chose d'impalpable les restes de sa vie : ses souvenirs et la réalité plus sordide de la condition des jeunes femmes prostituées
Il joue aussi en arrière fond sur la notion de moralité notamment avec les questionnements d'Eguchi qui sont dérangeants à bien des égards car ce sont des services sexuels dont il est question Sur l'ensemble de l'ouvrage on peut penser qu'il s'agit d'un choix des belles endormies et donc comme elles sont jeunes mais pubères que peut-on en dire ? Mais en fait on s'aperçoit qu'il n'en est rien et que derrière ce commerce lucratif il y a un patron. C'est bien un réseau de prostitution, le statut des prostituées n'a rien d'enviable et le paradis des vieillards peut vite devenir un enfer pour eux-mêmes et surtout les esclaves sexuelles.
Le lecteur est donc a cheval sur deux sentiments contradictoires l'admiration pour la poésie de l'aspect traditionnel des plaisirs raffinés de l'extrême orient et l'aversion pour le commerce sordide de prostitution. Curieux mélange, pourtant délicat et mené de main de maître par Kawabata , surtout si on pense que ce livre a été écrit il y a soixante ans

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Eguchi, 67 ans, se rend pour la première fois dans une maison étrange : là, il va pouvoir passer la nuit auprès d'une jeune fille profondément endormie, sous l'effet d'une drogue puissante.
Comme le précise la mère maquerelle, cette maison n'accueille que des hommes calmes, c'est à dire respectueux de la virginité des demoiselles.
Après une première nuit où il se sent un peu mal à l'aise, il y prend goût et recommence plusieurs fois l'expérience. A chaque fois, ces jeunes filles lui permettent de retourner dans le passé et c'est avec surprise qu'Eguchi se met à se souvenir de certains moments de sa vie, des femmes qu'il a connu.
C'est un roman très dérangeant et je suis restée quelque peu hermétique à la narration qui nous partage l'expérience du point de vue des cinq sens. Je n'en garde qu'une impression malaisante d'abus sur ces jeunes filles inconscientes.
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Ce récit magnifiquement écrit me met très mal à l'aise. Sous couvert d'une réflexion sur la vieillesse, ce récit est avant tout l'expression d'une curieuse vision de la femme : dormir auprès de jeunes filles nues, droguées, endormies, qui ignorent sa présence. Quelle forme de prostitution étrange ! Quel bizarre fantasme ! Et en même temps c'est vrai que Kawabata en fait un récit plein de tendresse, et qu'il a le mérite d'oser aborder dans ce récit bon nombre de tabous : sexualité, vieillesse, mort, et que traiter tous ces thèmes à la fois avec tant de délicatesse est un beau tour de force... le texte est étonnant, dérangeant, mystérieux. Chaque sensation minutieusement évoquée, décrite, analysée est propice à quelque souvenir ou à une méditation. le récit se clôt d'une manière inattendue, macabre pirouette.
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Quelque part, à portée d'oreille du ressac de la mer, se dresse une singulière demeure. Elle diffère d'une vulgaire maison de rendez-vous, en ce qu'elle n'accueille que des vieux hommes, de "tout repos". le vieil Eguchi, âgé de soixante-sept ans, qui se considère pourtant comme un homme jouissant encore de sa virilité, s'y rend sur les conseils d'un ami, habitué du lieu. Après le traditionnel cérémonial du thé, servi par la tenancière, il est introduit dans une pièce, où se trouve une très jeune femme, profondément endormie, sous l'effet, à l'évidence, d'un puissant narcotique. La gisante est livrée nue au regard de l'homme, celui-ci se love dans l'odeur sui generis, la touche quelque fois, sans trop pousser ses investigations, et quand la tentation le tenaille d'enfreindre les règles implicites, il constate avec perplexité qu'elle a su garder sa fleur, alors il prend les deux comprimés de somnifères mis à sa disposition et s'endort. Ses visites se reproduisent, il est mis en présence à chaque fois d'une nouvelle dormeuse. Ces curieuses "rencontres" éveillent chez l'homme des réminiscences sur des épisodes de sa vie.

Les belles endormies est un court roman particulièrement sensuel et résolument nippon dans son étrangeté. le commerce d'un homme âgé avec ses corps juvéniles sans défenses, offertes par une veille femme et vouées à tout ignorer du vieillard avec qui elles vont passer une nuit - bien que relativement chaste, a quelque chose de troublant. Eros et thanatos faisant le pas de deux.
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...Magnifique hymne à la vieillesse...
Ses désirs toujours brûlants, ses souvenirs à fleur de peau, celle des belles endormies, lisse et parfumée, celle d'Egushi, vibrante et ridée...
La solitude aux parfums des femmes aimées, la mort qui rode sans se presser...
Regard et réflexion sur le temps qui passe, sur ce désir de vie et d'amour qui ne faiblit pas...
...Bouleversant, bouleversée...
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