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3,78

sur 1032 notes
Quel plaisir ineffable de lecture !
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Troublante histoire de vieillards en mal de jeunesse, à la limite du sordide, mais bien racontée. Bien que traduit du japonais par René Sieffert, une référence, l'impression subsiste qu'une meilleure traduction mettrait mieux en valeur l'oeuvre.
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Une étrange expérience de lecture que ce roman dans lequel une maison, située au bord de la mer, propose à des vieillards de venir dormir dans le même lit que des jeunes filles nues, endormies par de puissants narcotiques.
Eguchi, sur les conseils d'un ami, se rend dans cette maison, d'abord réticent puis attiré inexorablement par ces jeunes filles avec lesquelles il n'est pas question de sexe, d'ailleurs le règlement intérieur de cette maison l'interdit formellement. A chacune de ces visites il sera confronté à des jeunes filles différentes qui par la position d'un bras, une odeur, la forme d'un sein ou la chaleur d'un corps lui rappelleront les souvenirs enfouis des femmes qui ont marqué sa vie.
Le sujet aurait pu être scabreux, mais ici il s'agit de petits tableaux oniriques dans laquelle la poésie de l'éphémère plonge Eguchi dans des méditations sur la vieillesse et la mort.
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Nuit après nuit, des vieillards impuissants se rendent à la maison des "belles endormies". Cet endroit d'un genre spécial permet à ces hommes de retrouver une illusion de jeunesse et de paradis perdu en leur donnant l'occasion de passer la nuit auprès de très jeunes femmes, droguées par de puissants narcotiques et "programmées" pour ne pas se réveiller avant le petit matin.

Plaisir pervers, sentiment de toute puissance, voyeurisme, chacun y trouve son compte. Mais, pour le vieil Eguchi qui, malgré ses 67 ans, peut encore dresser son membre, la tentation est toute autre... Passé le sentiment de honte et de pudeur de la première nuit, le vieillard s'enhardit et s'interroge sur le désir puissant qui le pousse à revenir, de plus en plus rapidement, dans cette chambre aux tentures rouges...

Finalement, ces nuits passées aux côtés de ces jeunes vierges, différentes à chaque fois, sont l'occasion pour lui de se plonger dans de longues méditations sur la beauté, le désir, la vieillesse et la mort. Chaque rencontre déclenche chez lui des réminiscences liées à ses relations passées aux femmes, que ce soient des conquêtes ou ses propres filles.

La lecture des "Belles endormies" me laisse un profond sentiment de malaise. Je suis partagée entre le plaisir que j'ai eu à découvrir la plume riche, élégante et très poétique de Kawabata et le sujet même du roman. L'écrivain japonais, prix Nobel de littérature en 1968, enchante et séduit par l'esthétisme de sa plume et de son univers, propices à l'érotisme et à l'onirisme. le fait que l'action se déroule toujours de nuit contribue à créer cette atmosphère particulière, empreinte de mystère et de magie. Ces belles endormies, aux allures de Shéhérazade inconscientes, sont prétexte à louer la magnificence du corps féminin, en opposition à la décrépitude de l'homme vieillissant. Les sens (odorat, vue, toucher) quant à eux, sont exacerbés et provoquent inévitablement chez le protagoniste de longues réminiscences.

Ce qui m'a gênée en revanche et réellement mis mal à l'aise, c'est le moyen mis en place par Kawabata pour atteindre cet état méditatif et cette conscience douloureuse de la mort prochaine et du temps qui passe. le fait de mettre à la merci de vieillards lubriques de jeunes vierges droguées et inconscientes des attouchements qu'elles subissent me paraît tout sauf érotique (peut être parce que je suis moi-même une femme...). Au contraire, je trouve terriblement pathétiques, glauques et dérangeants ces vieux vicelards impuissants qui vampirisent une jeunesse qu'ils n'ont plus en profitant du sommeil forcé de leur victime ( on ignore par ailleurs si elles sont réellement consentantes puisque rien n'est dit de leur histoire ni de comment elles en sont arrivées là...).

Alors, même si j'ai pu apprécier toute la réflexion de Kawabata autour de la pureté, la vie, le désir et la beauté en opposition à l'impureté, la violence, la mort et la décrépitude, je n'ai pas réussi à mettre assez de distance avec l'aspect immoral du texte et son ambiance malsaine, à la limite du viol, d'où une note en demi-teinte...

Challenge des 7 familles
Challenge Jeu de l'oie
Challenge ABC
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Curieux livre au sujet délicat mais justement à l'ecriture Poétique, sobre délicate à la lisière du réel et de l'onirisme, à la frontière du fantastique. On en sort de là un peu chavirée, qu'inestimable ce qui est vrai et qu'est ce qui ne l'est pas. Quel est le rôle du somnifère ? Qui est le plus à plaindre dans tout cela? Dérangeant mis pas glauque et tout sauf simpliste.,..
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Voilà le genre de roman d'où je sors avec un sentiment d'irréalité qui colle durablement à l'âme !

Roman du mystère et d'une certaine forme de fantasmagorie, "Les Belles Endormies" narre comment Eguchi, 67 ans, se rend sur les conseils d'un ami dans une maison secrète, où dans une chambre secrète est profondément endormie une jeune fille à l'identité secrète. En effet, dans cette maison pleine de mystère où l'on entend bruisser le feuillage des arbres et mugir le vent et les vagues contre la falaise, des jeunes femmes et des adolescentes sont intentionnellement droguées et profondément endormies par une mère-maquerelle dans le but de permettre à des vieillards impuissants de dormir auprès d'elles. S'ils ne peuvent les pénétrer, les caresses, les fantasmes ou un simple repos dans la contemplation de la jeunesse sont permis à ces hommes séniles que guette la mort. Au fil de ces nuits sous ce toit étrange, Eguchi, moins décrépi que les autres habitués des "Belles Endormies", voit évoluer ses sensations et ses émotions. Les filles dont il rejoint la couche dans la chambre secrète tendue d'écarlate sont belles, très jeunes, inaccessibles à la conscience, vulnérables et soumises. Pour Eguchi, les côtoyer est d'abord l'occasion de se sentir reverdir au contact charmant de la prime jeunesse féminine, puis l'opportunité de s'évader vers des réminiscences oniriques qui le confrontent à ses rapports aux femmes tout au long de son existence.

Là où la réalisatrice Julia Leigh a vu et mis en scène dans son film "Sleeping Beauty" une lecture contemporaine et japonaise du conte "La Belle au Bois-Dormant", je n'ai vu quant à moi qu'une façon poétique d'aborder les thèmes de la vieillesse et de la mort auxquels se rattachent les notions de remord, de regret, d'illusion, de domination, de rêve et d'espérance. J'ai d'abord été touchée par la poésie de ce scénario improbable - impossible ? - puis j'ai été heureuse que le roman soit court car un malaise, né de ma propre féminité, a commencé à naître en moi. Je dis bien malaise et non trouble car à aucun moment je ne me suis sentie émue ou concernée par la volupté inhérente à ce récit.

Eguchi utilise ses cinq sens pour admirer les "Belles Endormies" et les descriptions de l'auteur sont vraiment très belles, sensuelles et érotiques sans être dégradantes mais j'en suis venue, à la fin de ma lecture, à la conclusion qu'il faut peut-être - sans doute ? - être un homme pour pleinement comprendre - et apprécier ? - la densité d'un tel roman. Reste l'écriture qui est remarquable ; elle sert à merveille l'irréalité du récit et transmet tour à tour au lecteur sa pesanteur ou sa légèreté, avec talent.


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Challenge XXème siècle (sans limite de temps)
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Je viens de lire "les belles endormies" de Yasunari Kawabata, paru en 1961, à peu près à la même époque que le "Journal d'un vieux fou" de Junichiro Tanizaki. La littérature doit-elle être morale ?
La question se pose pour les deux oeuvres, dont le sujet est presque similaire : dans les deux cas, des vieillards au seuil de la mort sont obsédés par le corps féminin et surtout par leur Eros à jamais perdu ou évanescent. Dans les deux cas, on a une réflexion ontologique, un questionnement sur la famille et surtout, l'Eros n'est évoqué que pour masquer le Thanatos. La chambre où se rend le vieil Eguchi semble un frêle esquif sur le point de sombrer et l'hôtesse qui lui présente les belles endormies qui jamais ne se réveillent pourrait être Charon. Proust évoquait les rêveries qui naissent d'un certain mouvement de la cuisse. Dans "les belles endormies", le corps féminin sert de petite madeleine, mais cet aspect choquant est connu dès la quatrième de couverture. Ce qu'en fait le romancier est pure "sorcellerie évocatoire".
L'un des derniers avis sur ce roman la présente comme une oeuvre pédophile, scandaleuse, érotique. Pourtant il ne s'agit pas d'un roman érotique. Une métaphore du désir perdu au seuil de la mort. On peut y voir de la misogynie, mais si on place cette oeuvre métaphorique sur le bûcher, il faudrait y placer la plupart des poèmes de Ronsard : "Mignonne, allons voir si la rose..."
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« Les belles endormies » est un livre du prix Nobel de littérature Yasunari Kawabata. Il a été écrit en 1961. C'est un roman court qui décrit 5 nuits d'un homme de 67 ans, Eguchi, qui se rend dans une maison accueillant des vieillards devenus impuissants au sens sexuel. En ce lieu ils peuvent passer la nuit auprès de jeunes femmes nues et endormies car droguées.
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Avant de développer mon propos et sans vouloir relancer une controverse récente portant sur une critique de cet ouvrage je voudrais quand même insister sur quelques points factuels et, surtout, sur un état d'esprit qui me semble nécessaire avant de commencer cette lecture :
- Cet ouvrage ne porte pas sur la pédophilie (relations sexuelles avec des enfants) car il n'y a pas d'enfants. Il ne porte même pas sur l'hébéphilie puisque la plus jeune de ces « filles » a 16 ans et qu'elle ne vit absolument rien de sexuel. La sexualité telle que nous l'entendons est d'ailleurs très largement absente de tout ce roman.
- Cet ouvrage ne porte pas plus sur la notion de viol puisque les jeunes filles, par avance, sont consentantes.
- Cet ouvrage ne fait en aucun cas l'apologie de ce type de relations. Au contraire Kawabata insiste à diverses reprises sur le côté sordide de ces vécus (lire "mes" citations pour s'en convaincre).
- Tout aussi important c'est une fiction. Aucun lecteur sensé ne va ressentir le besoin, en lisant un policier, de se dire ou de faire savoir que l'assassinat c'est mal ni se demander si l'écrivain a des penchants homicides.
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Mais, encore plus fondamental que ce qui précède, il n'est tout simplement pas possible d'aborder et encore moins de comprendre profondément cet ouvrage en plaquant stérilement nos valeurs sur une société autre. C'est l'altérité de la pensée de Kawabata mais aussi de cette sensibilité, qui ne saurait être séparée artificiellement du Japon du début du XXe siècle si cher à l'auteur, qui nous permet à la fois de ressentir profondément toute la singularité de ce livre splendide et, simultanément, de vivre une mise en abyme par rapport à ce que « nous » sommes en tant qu'occidentaux en ce début de XXIe siècle. Dit plus simplement c'est la singularité de cet ouvrage qui fait une part conséquente de son intérêt pour nous.
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Je ne désire pas « raconter » ce roman. D'abord j'ai dit l'essentiel en quelques lignes et, ensuite et surtout, ce n'est pas ce qui en fait l'intérêt. Pour moi ce dernier est majeur et lié à :
- La beauté de la plume et l'évocation, entre sensualité et douleur, que Kawabata nous offre lorsqu'il décrit Eguchi regardant chacune des « belles endormies ». Sans être jamais à proprement parler érotique le regard très intense porté sur le corps singulier de chacune de ces femmes, l'évocation toute en finesse des sentiments de ce vieillard sont des moments forts. Par la très fine évocation de l'âme humaine, par le fait de permettre à chaque lecteur de ressentir pleinement ce que vit le personnage principal il y a sans conteste la plume d'un écrivain de génie ayant, en prime, acquis une parfaite maîtrise de son art complexe. J'ai, sur ce plan, ressenti des sentiments comparables à ceux suscités par certains des livres de Zweig, autre passionné de l'âme humaine.
- L'atmosphère de ce roman est unique. Sauf à avoir une lecture biaisée il est clair que ce livre ne prétend pas décrire une quelconque réalité, au moins sur le plan factuel. Le prétexte improbable à savoir une sorte de maison close sans relations sexuelles et qui accueillerait, avec d'ailleurs (et c'est essentiel) une cérémonie du thé comme préambule de la nuit et un petit déjeuner le lendemain, des vieillards génère une atmosphère assez onirique. Cette dernière est renforcée par une chambre qui semble hors du monde, l'évocation des sons extérieurs, l'explicitation de rêves et, bien entendu, par l'existence de ces femmes à la fois physiquement intensément présentes pour chaque sens d'Eguchi et absentes par ailleurs car rêvant.
- La réflexion sur un sujet rarement traité à savoir la déchéance physique, le vieillissement et ses conséquences corporelles mais aussi mentales et sociales, l'évolution du désir ou plutôt des désirs. Les livres d'amour sont infiniment nombreux, ceux sur ce thème pourtant majeur sont exceptionnels. Cette thématique est abordée ici avec pudeur mais aussi intensité et beaucoup de lucidité. Éros rencontre Thanatos et une lecture psychanalytique, sans être indispensable par ailleurs, peut permettre une saisissante mise en abyme. Des thématiques secondaires peuvent aussi retenir notre attention comme la corrélation entre différentes formes d'impuissance (l'aspect sexuel étant second au final) et la montée de pulsions de mort (pour soi et autrui), la force de la solitude, le souvenir et la relecture de sa vie, l'intensité des souvenirs corporels comparé aux autres au crépuscule d'une existence, le rapport à l'autre en amour, entre corps et « âmes », entre autres. En effet, pour le lecteur comme pour le vieil Eguchi, ce livre génère des rêveries qui, autant que des réflexions analytiques, guident vers une compréhension bien plus profonde. C'est un livre qui se ressent et se vit au moins autant qu'il se pense.
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Au-delà de ce qui est si intéressant dans « Les belles endormies » j'ai cherché à comprendre pourquoi ce livre suscitait de telles réactions d'une part et pourquoi il me troublait d'autre part. J'ai trouvé trois types de réponses partielles :
- Si ce livre n'a rien de pédophile il peut nous choquer pour d'autres raisons. D'une part il s'agit, ce qui est de plus en plus condamné moralement voire pénalement en Europe, de prostitution. D'autre part les « filles » sont droguées ce qui peut nuire à leur santé et, le plus essentiel sans doute, ces femmes endormies s'avèrent totalement impuissantes. Leur consentement à cet état de fait n'est jamais mis en doute mais « nous » avons dans l'éthique de nos sociétés, ancré la conviction que chacun, à chaque instant, doit pouvoir décider lucidement de ce qui lui arrive. En pratique c'est largement une chimère mais là ce n'est pas le cas sur un plan effectif et c'est hautement troublant. Cet abandon/soumission/absence peut sembler érotique à certains, il est surtout choquant pour la plupart d'entre nous aujourd'hui.
- Au-delà ce livre touche à trois de nos principaux tabous occidentaux : la sexualité, la vieillesse et la mort. En Europe, actuellement, les personnes âgées sont largement cachées, masquées voire « invitées » à rejoindre des dites « maisons de retraite » où nous ne laisserions pas nos animaux domestiques en pension estivale. Les vieillards ont largement un statut secondaire et n'ont guère intérêt à revendiquer une égalité de traitement effective dans tous les domaines face à des jeunes.
Les malades et, pire, les mourants, sont cachés dans des hôpitaux et la mort est largement le principal tabou occidental. Les journaux, les films, les magazines font l'apologie de la « parfaite santé » et de la « beauté », jusqu'à pousser à l'anorexie une partie des adolescents les plus fragiles.
La sexualité, tout en étant omniprésente dans nos médias est largement encadrée et ne montre guère que des comportements jugés « normaux" et, surtout, entre êtres sains moralement et physiquement. Elle doit par ailleurs être consentie et joyeuse.
« Les belles endormies », en montrant de jeunes femmes soumises aux désirs de vieillards choque donc tout un corpus de valeurs mais aussi de représentations occidentales du monde. Implicitement un être âgé ne devrait plus avoir de sexualité ni même de désirs. S'il en ressent ces désirs doivent être « normaux » voire largement dénués de pulsions, presque aseptisés. Surtout son statut hautement dévalorisé doit absolument lui interdire de désirer un être jeune. Sinon il ne peut être que répugnant, pervers et à rejeter. Là est selon moi l'origine de ce qui nous choque le plus dans cette lecture. Être mis en abyme et réfléchir sur ces questions de façon neutre n'est pas inintéressant.
- le troisième point est que, en rendant profondément humain le vieil Eguchi il nous est difficile de ne pas réfléchir, même confusément, à la perspective plus ou moins lointaine de notre déchéance, ce qui n'est jamais confortable et peut susciter la recherche d'un prétexte pour disqualifier le livre et penser à autre chose. Et si je prenais du Soma, pardon, et si je lisais une romance plutôt ?
*
Pour conclure je me suis interrogé, à titre personnel, sur le fait de savoir si, vieillissant ou malade, j'aurais le même regard et les mêmes besoins, les mêmes priorités que cet homme. Il me semble que sa façon de percevoir le monde l'a mené à une extrême et assez tragique forme de solitude. Est-ce réellement inévitable ? Chacun trouvera je pense ses réponses à ces questions en temps utile, mais s'interroger auparavant, et pourquoi pas par le biais de lectures telles que celle-ci n'est-il pas judicieux ?
***
Je vous encourage à découvrir ce livre, en sachant l'aborder comme un voyage parfois difficile, à n'entreprendre qu'une fois moralement et intellectuellement, affectivement aussi, prêts à vivre quelque chose de signifiant. À cette condition vous devriez pouvoir en retirer beaucoup. Je vous souhaite de vivre une expérience marquante, en accompagnant ce merveilleux écrivain, dans le Japon du siècle dernier.
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De Kawabata, je ne connaissais rien. Jusqu'à ce qu'une critique récente suivie d'une trainée de poudre conduisant à une polémique me pousse à ouvrir ce livre.


La littérature nous offre de beaux exemples de romans qui nous mettent mal à l'aise. Qui nous font réfléchir sur qui nous sommes et comment nous voyons ce qui nous entoure. Des romans que nous lisons différemment selon notre âge, notre humeur du jour, et surtout selon des lunettes qui colorent notre lecture en fonction de filtres personnels. Des romans qui nous offrent de voir des morceaux de réalité, du rêve, du fantastique, de la fiction.

Ce livre nous emmène dans un voyage de fin de vie. Est ce vrai ? Est-ce inventé ? Cela n'est guère important. Eguchi est âgé de 67 ans, ce qui pouvait lors de la publication de ce texte paraitre comme un vieil homme. Un ami lui a recommandé une maison spéciale avec ses règles propres : un endroit où il peut passer une nuit allongé aux côtés d'une femme vierge nue endormie. Une femme dont il touchera la chevelure, les cils, les dents. Un peu sceptique à l'issue de sa première nuit, Eguchi décide cependant de renouveler cette expérience. Observer chacune de ces jeunes filles est un révélateur, lui revient alors un moment de son passé lié à une fleur et surtout à une femme aimée. de façon inattendue ses souvenirs lointains sont vifs et précis.


Les relations sexuelles d'un client vieillissant avec une jeune prostituée (ou même une enfant comme j'ai pu le lire par ailleurs) n'ont pas leur place ici. Kawabata décrit le désir qui sous-tend. Celui d'un homme qui au seuil de sa vie n'a plus personne à qui parler et se retrouve seul.
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Ce court récit ne peut laisser indifférent.
Le personnage principal est Eguchi, un riche "vieillard" de soixante-sept ans, qui fréquente une maison close assez particulière. En effet, elle est spécialisée dans l'accueil de vieillards à qui l'on propose de passer la nuit aux côtés de jeunes filles plongées chimiquement dans un profond sommeil. Le client s'engageant à ne pas passer à l'acte. Nous suivons donc le vieil Eguchi cinq nuits durant. Les descriptions sensorielles et minutieuses du corps des jeunes filles alternent avec les rêves chargés de symboles, les souvenirs évanescents et les réflexions du vieillard. Le décès mystérieux d'une jeune endormie met fin au récit.
Le livre m'a émue et dérangée en même temps. Il m'a dérangée par son machisme et sa morbidité. Un vieillard encore bien viril tripote de très jeunes filles transformées en poupées . Et le désir qui le domine peu à peu est quand même assez effrayant ! Mais la mélancolie et la tristesse d'Eguchi m'ont beaucoup touchée. La mélancolie à l'évocation des femmes aimées, de l'innocence souillée de sa fille; la tristesse de tout avoir perdu, le dégoût de lui même, la tentation du sommeil éternel. Tout est fort et vous trouble longtemps.

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