Je ne lis plus de poésie.
Pourtant, gamine, je me délectais de
Desnos et
Eluard.
Ado, je me pâmais devant les vers de
Baudelaire, Rimbaud et
Verlaine.
Et puis j'ai grandi ; j'ai vieilli. Mon âme de passionaria a laissé la place à celle d'une femme plus sage...
Peut-être est-ce pour cela que je ne suis pas entrée pleinement dans ce petit recueil, choisi dans l'opération Masse Critique grâce à son 4e de couverture que j'avais trouvé plein de promesses, et que j'imaginais être un extrait d'un poème en prose présent dans le livre (ce qui n'est donc pas le cas).
Ce qui est sûr, c'est que je n'étais pas prête à recevoir ces écrits, pas dans le bon état d'esprit pour recevoir la colère, le mal-être de l'auteure.
Certains textes m'ont énervée : trop de "gros mots", trop de sujets dérangeants, d'actualité... et surtout, trop d'impératif ! Moi qui n'aime pas recevoir d'ordres, j'étais servie ! Trois
poèmes avec des "recettes", "fais pas ci - fais pas ça pour devenir poète"... Ca m'a saoulée. Mais bon,
Gioia Kayaga semble en avoir conscience puisqu'elle écrit "Envoie-moi chier ! N'applique pas ces règles !"
Cela étant, je trouve que globalement, c'est plutôt pas mal.
C'est bien écrit, en vers ou en prose, avec des rimes ou pas. La langue prend de jolis raccourcis, elle dit beaucoup en peu de mots. Son style est puissant, très évocateur.
Notamment dans "Blanc", qui parle du post-colonialisme et qui m'en a plus appris sur l'état d'esprit des populations concernées que tous les articles de presse que j'ai pu lire.
Mais mes deux textes préférés sont ceux évoquant la maternité. Je les trouve excellents, très touchants, pudiques (à l'inverse des autres textes). Elle tape dans le mille ; on dirait qu'elle a extirpé mes pensées de ma tête pour les coucher sur ses feuilles de papier.
Ainsi, ce petit recueil féministe m'a bien sorti de ma zone de confort ! C'est tout l'attrait de Masse Critique : lire des livres qu'on aurait jamais regardé, et faire de belles découvertes.
Je pense que je ne l'ai pas pleinement apprécié à cause d'un "conflit de génération" (en gros : je suis trop vieille...) car ses textes sont quand même très centrés sur la vie d'une jeune femme d'aujourd"hui.
Par contre, les textes plus intemporels m'ont touchée en plein coeur.
A lire pour se faire une idée !