Pour en finir avec les grenouilles
Les gens me disent : Vous avez l’air d’aimer les grenouilles.
Elles n’arrêtent pas de sauter dans vos poèmes.
C’est vrai. J’aime la façon dont elles s’assoient,
ramassées comme les chats, comme eux indifférentes
à tout sauf au style, comme des dames qui pensent
à garder les genoux serrés. Et j’aime
leur façon élégante de sauter
comme leur façon inélégante de se recevoir.
Tellement humaine.
Je me sens si proche d’elle
qu’il doit y avoir de la grenouille en moi.
Je me regarde dans la glace et je m’attends
à voir un prince charmant.
Mais non, ce n’est que moi, avachi
qui coasse dans le vide,
et jette des coups d’œil alentour
guettant le héron furtif et son bec affilé.
//Norman MacCaig
/ traductions de Camille Manfredi et Paol Keineg
vendredi 1 septembre 2023
Il fait nuit noire
[…]
Il fait nuit noire, et Dieu raconte
De sa voix de tonnerre
Le monde comme il l’avait voulu
Et comment tout est allé de travers
Impossible de fermer les yeux ; las,
D’un regard de plus, il embrasse le monde
D’un pôle à l’autre : et ses larmes s’abattent
En rideau de pluie sur la terre ici-bas
//Hugues MacDiarmid L’agonie de la Terre
/ traductions de Camille Manfredi et Paol Keineg