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sur 947 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
N°794 – Août 2014.

CINQ JOURS - Douglas Kennedy - Belfond .
Traduit de l'américain par Bernard Cohen.

Saint Augustin conseillait qu'on se méfiât de l'homme d'un seul livre. Je n'ai pas lu tout Douglas Kennedy, tant s'en faut, mais le thème du mariage est un de ceux qu'il affectionne particulièrement. Je dois bien avouer que, à l'heure où la pérennité de cette institution est de plus en plus malmenée par le divorce, c'est bien là un thème de société qui peut effectivement être abordé.

L'intrigue est simple, basée comme toujours sur le hasard qui fait bien plus souvent partie de notre vie que nous voulons bien l'admettre. Laura et Richard sont deux inconnus l'un pour l'autre, ils ne se sont jamais rencontrés. Elle est technicienne en radiologie, aime ce qu'elle fait mais un peu moins son contexte familial où elle ne s'épanouit guère avec un mari chômeur puis nanti d'un emploi précaire et dévalorisant, peu prévenant, avec qui elle n'a pas vraiment de points communs et deux enfants qui peinent à sortir de l'adolescence. Lui est assureur et ne trouve dans son métier comme dans son couple aucune vraie raison de vivre une vie heureuse. Une conférence à Boston va provoquer leur rencontre qui n'avait pourtant aucune chance de se produire. Bien sûr, cela va être coup de foudre entre eux, un peu comme s'ils s'y étaient déjà individuellement préparés sans même le savoir et cela va durer cinq jours pendant lesquels ils vont se découvrir mutuellement et s'aimer d'un amour passionnel. C'est une situation que nous avons tous connue, soit parce que nous l'avons vécue personnellement, soit parce que nous l'avons rencontrée dans notre entourage. Dès lors des questions se posent, peut-on s'échapper d'une vie qui, à la longue devient, sinon insupportable, à tout le moins difficile à vivre ? Que sera cette nouvelle existence, le moment de passion gommé ? Ne risque-t-elle pas, elle aussi, de devenir routinière, avec en prime, le regret d'avoir peut-être fait un nouveau mauvais choix ? A-t-on le droit, à l'occasion de cette poursuite du bonheur qui par ailleurs est légitime, de compromettre la vie de ceux qui dépendent de soi ? Doit-on forcément se sacrifier pour eux ? Peut-on faire durer artificiellement des situations sentimentalement délétères alors qu'on peut par ailleurs changer de vie et se donner une nouvelle chance ? Peut-on tout bouleverser au nom d'un amour qui ne durera peut-être pas et l'infidélité d'un moment, même si elle est tentante et forcément exaltante s'inscrira-t-elle dans la durée ? Mais peut-on réellement et définitivement répondre à ce questionnement sans fin dans un contexte forcément émotionnel, ce qui induit à terme assurément de la déception, de la détresse et des larmes comme seul rempart contre le malheur. C'est en tout cas une réflexion sur l'existence qui a le mérite d'être ainsi formulée, même si l'épilogue qu'il propose n'est pas de l'ordre du « happy-end » qui ne se rencontre que dans les livres et jamais dans la vraie vie. Il met en évidence, une nouvelle fois les compromissions de la condition humaine, les petits arrangements avec la vie qui nous la font accepter.

Ce texte écrit à la première personne par Laura elle-même est un témoignage émouvant, même s'il peut passer au départ pour une banale entreprise de séduction, une simple envie de profiter d'un moment de liberté. Au début j'y ai vu des longueurs, une première partie assez longue et hésitante puis, au fur et à mesure de ma lecture, le texte a imposé son rythme et l'approche entre Laura et Richard, faite nécessairement d'hésitations et de confidences parfois intimes sur leur parcours, s'est justifiée d'elle-même. Ils ont tous les deux la quarantaine, une expérience matrimoniale réelle, des espoirs déçus, des regrets et des remords mais quand même des plans d'avenir encore possibles, des enfants à épauler parce qu'il faut bien continuer à vivre. La lenteur des dialogues et des postures est devenue inhérente à cette passion naissante qui s'affirme de page en page. Il y a cette empathie réciproque des deux personnages qui n'est pas du tout surfaite telle qu'elle est présentée. Chacun écoute l'autre, comprend ses difficultés au sein du ménage et de la famille qu'il a créé, communie à ses projets et à ses échecs, s'unit à l'autre à travers sa propre connaissance du couple qui est le sien. Elle est faite, comme pour tout le monde, de déceptions, de mensonges et parfois de trahisons, de routine, d'espoirs d'autant plus utopiques que le temps y a imprimé définitivement sa marque. On est davantage dans la confidence mutuelle que dans la « drague » classique et cette période d'attente et même parfois de doute, imposée par le roman, non seulement distille une sorte de suspens mais aussi ajoute à l'intérêt que j'ai personnellement ressenti à cette lecture. Cela donne une dimension plus humaine et authentique à ce roman qui ressemble de plus en plus au fil des pages non plus à une fiction mais à un véritable témoignage. Cela passe par une complicité des instants passés ensemble, par les confessions de chacun, les retours à la réalité à travers les textos que Laura reçoit sur son portable, par la transformation physique de Richard sous l'impulsion de Laura qui n'aurait à l'évidence pas pu avoir lieu sans elle, des projets d'avenir un peu fous, des étreintes pleines de fougue. Dès lors non seulement une passade est possible mais sans doute aussi une décision définitive de changer de vie, à condition de le faire ensemble, malgré tout ce que cette décision peut avoir de bouleversant dans la vie de chacun, entre culpabilité et volonté d'être soi-même et de profiter de l'instant, entre renoncement à une certaine sécurité dans la routine et saut dans l'inconnu avec, en toile de fond, ce mythique « rêve américain » qui pourrait, dans leur cas, se révéler possible. Reste la question, à la fois pertinente et abrupte que pose Kennedy :« Sommes-nous libres de choisir le bonheur ? »

Cela donne l'occasion à l'auteur de livrer à son lecteur, outre ce roman émouvant, des aphorismes bien sentis qu'il puise assurément dans son expérience personnelle, l'écriture prenant ici sa véritable fonction cathartique. Je garde à la mémoire, le livre refermé, une de ses remarques puisée dans un autre ouvrage « Dans mes livres, je rôde toujours autour de l'idée que chaque homme est très doué pour construire sa propre prison, le mariage étant la prison la plus commune. le couple, rongé par le sentiment confus de culpabilité est l'un de mes thèmes obsessionnels ». Je terminerai ce commentaire par une remarque personnelle. Je ne sais si je dois cela à la fascination qu'exerce sur moi le peintre américain Edward Hopper mais j'ai lu les dernières pages de ce roman avec, dans ma mémoire, certaines de ses toiles, à cause sans doute de la solitude qu'elles distillent et que j'ai ressentie sur la fin.

Dans cette chronique j'ai déjà eu l'occasion de parler de Douglas Kennedy dont je découvre l'oeuvre avec curiosité et un réel plaisir. Autant par l'écriture et le style que par l'histoire mais aussi par la pertinente analyse psychologique des personnages, j'ai vraiment apprécié ce roman qui m'engage à poursuivre la découverte des autres ouvrages de cet auteur.

©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Ce qui me frappe, à chaque fois que j'entame un roman de Douglas Kennedy, c'est cette façon qu'il a de nous happer tout de suite dans l'univers de ses personnages en nous racontant leur quotidien en détails, à grands renforts de digressions. C'est un exercice périlleux dans lequel d'autres écrivains pourraient se perdre, et nous avec, mais pas lui. C'est ce qui lui permet de donner corps à ses histoires, souvent en appuyant là où ça fait mal. Laura, ça pourrait être moi, ça pourrait être vous. J'oserais même ajouter que ça a été moi à un moment donné. Comme elle, j'ai pu avoir le sentiment d'être passée à côté de ma vie. Comme elle, j'ai longtemps eu l'impression que quand on est jeune, le monde semble offrir plein de possibilités et que ce nombre de possibilités se réduit d'année en année jusqu'à ce qu'on ait l'impression d'étouffer. Il m'a fallu du temps pour me dire que je suis bien à la place où je suis et que je ne regrette rien. Laura, elle est pleine de regrets. Elle s'est mariée trop jeune, elle n'a pas fait médecine et elle n'a jamais quitté l'Amérique du Nord, elle qui rêvait de voir le monde.

Et voilà qu'elle rencontre, lors d'un séminaire de radiologie à Boston, un homme avec qui elle partage l'amour des mots et de la littérature. Leurs discussions passionnantes vont mettre en évidence le désert affectif qu'est devenue leur vie. Mais est-il possible de changer ? Peut-on se dire tout à coup que l'on reprend sa vie en mains ? Il n'est pas si facile d'oser être soi-même et de surmonter la peur du changement, la peur du regard des autres et même la peur d'être heureux...

Le propos est, comme toujours, d'une grande justesse. Bien souvent, nous vivons dans des prisons que nous nous sommes nous-mêmes construits et bien que personne d'autre n'en ait la clé, nous n'arrivons pas à nous en échapper. La peur et les habitudes nous empêchent souvent d'aller de l'avant, et nous passons ensuite énormément de temps à nous reprocher ce manque de courage, sans pour autant voir - ou accepter - l'issue qui s'offre à nous. Et quelle plongée passionnante dans la vie et dans la tête des deux personnages ! Je n'aurais sans doute pas supporté le quart de ce que eux ont accepté d'endurer pendant des années, je n'ai pas du tout le tempérament pour ça. Pourtant, à aucun moment, je ne les ai jugés. C'est là que réside toute l'habileté de l'auteur car, face à un personnage qui mérite pourtant d'être sévèrement jugé tant il est épouvantable de lâcheté, il nous amène à éprouver de la compassion pour lui en nous montrant comment il se construit son enfer personnel.

C'est le troisième livre de Douglas Kennedy que je découvre après Les charmes discrets de la vie conjugale et Quitter le monde. Ces trois romans, je les ai dévorés comme des thrillers qu'ils ne sont pas (malgré quelques éléments d'intrigue policière dans les deux que je viens de citer). À chaque fois, l'auteur réussit le tour de force de nous raconter la vie de femmes ordinaires comme s'il s'agissait d'une palpitante chasse au tueur en série. Impossible de lâcher ces romans qui m'ont coûté bien des heures de sommeil - je viens de finir Cinq jours ce matin sur les coups de 3 ou 4h. Je ne qualifierais pas ses livres de feel-good books ; au contraire, au vu de l'ambiance et des constats qu'il établit, il y aurait même de quoi déprimer. Pourtant, à chaque fois, je suis ressortie de ma lecture le coeur plein d'espoir, parce que ses héroïnes font preuve d'une résilience insoupçonnée et nous montrent qu'avec un peu de courage et de ténacité, on peut toujours reprendre sa vie en main.
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Cinq jours mais seulement trois jours pour le lire tellement Laura sait nous faire vibrer. Pas besoin de suspense, de thriller ou polar, elle est simplement nous, une vie que chacun peut connaître, peut importe le quotidien. Deux chemins qui se croisent et la question se pose, aurais je le courage d'écouter mon coeur ??
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Très heureuse d'avoir relu ce roman de @douglaskennedy !!
Ce récit de #cinqjours dans la vie de Laura est intense, et très émouvant.

Comment, grâce aux hasards de la vie, peut-on se sentir, après de multiples remises en question et réflexions, pousser des ailes et franchir un cap, celui de se donner une nouvelle chance de vivre SA vie sans continuer à la subir.

J'avoue, même pendant cette relecture ( femme plus mûre que je suis devenue 😃), j'ai été happée dans l'univers de Laura, car l'auteur a cette capacité étonnante de parvenir à entrer dans l'esprit d'une femme, c'en est bluffant !!
Grâce à ses descriptions très fines et détaillées, on « pénètre quasiment » dans la tête ( et le coeur) des personnages.
Je me suis attachée à Laura, j'ai suivi avec attention ses questionnements, ses remises en question, ses peurs, ses peines , son bonheur aussi, ses prises de conscience.... Elle est authentique et touchante.

L'écriture de l'auteur me plaît vraiment beaucoup, par sa simplicité, sa fluidité, il utilise en plus un vocabulaire très riche.

De ce très beau récit de vie , il en ressort de la bienveillance, beaucoup d'humanité, et d'émotions, et surtout de l'espoir. Parfois, un petit déclic permet (enfin !) d'oser !!
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J'ai lu ce roman il y a plus de 4 ans mais je m'en souviens encore.
Moi qui ne connaissais pas DOUGLAS KENNEDY je me suis dit que j'avais fait là une belle découverte.
Je me rappelle en avoir parlé à mes collègues de travail et de leur conseiller de le lire car j'étais à fond dedans.

J'avais aimé le personnage de Laura et sa sensibilité. Je me souviens également avoir beaucoup aimé l'épilogue du roman.

Je n'avais pas fait de critique à cette époque là car je n'étais pas encore inscrite sur BABELIO...………..voilà chose faite !
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Laura part pour un séminaire de radiologie à Boston pour un week end. Alors que son mariage ne tient plus qu'à un fil, elle va rencontrer Richard et se rendre à l'évidence.....
Un roman que j'ai trouvé palpitant meme s'il ne s'y passe pas grand chose, c'est toujours un plaisir de lire Douglas Kennedy.
Superbe!
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Après avoir découvert cet auteur avec Cet instant-là, j'ai eu envie d'en lire plus... Cinq jours est le dernier livre de l'auteur sorti en format poche et comment vous dire...

Mon petit coeur a été emporté dans un tsunami de sentiments...

Ce livre, c'est de l'amour en barre... L'amour entre deux êtres, l'amour d'une mère à ses enfants, l'amitié à toute épreuve...

Comme le titre l'annonce, l'histoire se passe pendant 5 jours... C'est très condensé mais très intense!! Je ne me suis pas ennuyée, j'ai aimé ces personnages, ces caractères, je me suis imaginé vivre la même chose (la raison avant le coeur) et j'aimerais agir pareil.

Au début Laura est une personne triste qui m'a fait pitié... Son job lui plait mais sans plus, son mariage est monotone, son mari est au chômage et limite dépressif, ses enfants sont grands... Bref, une quarantenaire qui se contente de ce que la vie lui a offert jusqu'à là, des choix raisonnables mais rien de bien excitant.

Jusqu'à ce séminaire à Boston où elle rencontre Richard.

Et là, j'ai eu l'impression de suivre des jeunes de 20 ans, des papillons plein le ventre, des envies plein la tête, des projets plein la vue...

Je suis réellement passé par tous les sentiments avec ce roman!

Le seul point noir pour moi c'est le synopsis qui en dit beaucoup trop... On ne rencontre pas Richard avant le premier tiers du livre et on s'attend tout de suite à certaines choses, vu le résumé, et j'ai trouvé ça dommage, ça m'a gâché une surprise, une découverte des personnages qui aurait pu déclencher un coup de coeur!
Lien : http://les-livres-de-maya.ov..
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J'ai été plus que touchée par ce roman, je dirai même émue, car Douglas Kennedy exprime parfaitement les sentiments qu'une femme peut ressentir à un moment de sa vie. Ici c'est, passée la quarantaine, un mariage qui «bat de l'aile», des ados qui se cherchent, une situation professionnelle routinière mais qu'elle adore pourtant. En fait c'est le doute qui s'installe en elle, un manque d'assurance en toutes choses, soudain elle ne sait plus où elle va, c'est une dépression qui serait presque banale si elle n'était pas racontée de façon si émouvante, des états d'âme comme personne ne les a jamais décrits. Des passages bouleversants (que certains ont déjà mis en citation).
Je ne résume pas l'histoire car d'autres critiques l'on très bien fait. Mais je voudrais dire à ceux qui vont lire ce livre que, si certains déplorent qu'il n'y ait pas de suspens, genre thriller comme D. Kennedy en a fait de si réussis, c'est quand même une belle intrigue sentimentale qu'il nous offre et qu'on a envie de suivre jusqu'au bout. Non ce n'est pas un roman «à l'eau de rose», ni un conte de fée où tout s'arrange à la fin. Peut-être les déçus de ce livre l'auraient-t-ils voulu ? Moi, comme beaucoup de personnes, hommes ou femmes, j'en suis certaine, après cette lecture j'ai ressenti le besoin de faire le point sur ma vie et la grande question que soulève aussi ce roman c'est : «est-on responsable (en partie) de sa vie, heureuse ou malheureuse»? savait-on depuis longtemps si le chemin qu'on avait pris nous mènerai vraiment là où on voulait aller «avant» ?
Bref ce livre va vous plaire pour différentes raisons. Qui que vous soyez, bonne lecture.
J'ajoute que, comme dans tous ses romans, la traduction est excellente.
Dernière remarque : ce roman m'a un peu rappelé l'histoire de ce film magnifique "la route de Madison".
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Il existe des livres qui vous marquent, qui changent votre vie, qui vous font vous poser les bonnes questions sur votre existence.
Ce livre là est l'un des meilleurs livres que j'ai lu. Je ne l'ai pas encore terminé mais je le recommande vivement. Pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt?
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Il y a des auteurs, cela fait des années qu'on les connaît, qu'on connaît leur oeuvre sur le bout des doigts même si on n'en a pas lu tous les ouvrages, pour ne pas devoir attendre avec impatience et frénésie la sortie du prochain, pour garder de bonnes lectures en réserve car l'on sait qu'on les aimera forcément, même si la plume dudit auteur a le pouvoir et le don de ne jamais se répéter et de toujours nous emporter ailleurs, vers de nouveaux horizons. Pour moi, c'est le cas avec quelques auteurs, que je peux compter sur les doigts d'une seule main : Marc Levy, Jane Austen, la Comtesse de Ségur… et Douglas Kennedy. J'ai découvert Douglas Kennedy quand j'avais quatorze ou quinze ans, avec La femme du Ve : ce n'est pas mon roman préféré mais il a tout de même un petit plus comparé aux autres, car il est celui qui m'a permis de découvrir cet auteur, c'est avec celui-ci que j'ai été charmée et que j'ai voulu frénétiquement aller plus en avant dans la découverte de l'oeuvre de Douglas Kennedy. Assurément, mon roman préféré de cet écrivain était, jusqu'à hier soir, Une relation dangereuse. Jusqu'à ce que je referme Cinq jours

Peut-on jamais réinventer sa vie ?

Laura et Richard.
Deux inconnus à un tournant de leur existence.
Deux êtres, l'un et l'autre enfermé dans son couple.
Un homme, une femme.
Une rencontre, l'espoir qui renaît.
Mais sommes-nous libres de choisir le bonheur ?

Cinq jours, l'histoire d'une passion.
Le roman le plus bouleversant de Douglas Kennedy.

J'ai entendu parler de Cinq jours à peine quelques semaines avant sa sortie, car même si j'ai des auteurs de prédilection, comme Douglas Kennedy, je ne m'intéresse que très rarement aux prochaines sorties littéraires, car j'ai déjà assez de lectures qui m'attendent dans ma bibliothèque pour que je n'aie pas ce besoin frénétique d'acheter un livre le jour de sa sortie (sauf à l'époque des Harry Potter, que je pré-commandais à mon buraliste / libraire, mais ceci est une autre histoire, ancienne qui plus est). Cependant, depuis que je suis sur la blogosphère et YouTube, je tombe parfois sur de petites révélations comme celle-ci. Et je suis dans tous mes états, entre impatience, frénésie, et peur. Oui, peur ; peur de trop attendre de cette lecture, peur d'être déçue, car ces quelques auteurs qui réussissent à se placer au-dessus des autres dans mon coeur, je les adule, je suis intransigeante avec leurs livres, et ils ont plutôt intérêt à ne pas faire de faux pas. Je peux accepter une petite déception de temps en temps, mais après cela me mine pendant un bout de temps, et j'ai un peu peur d'aller vers un autre livre de l'auteur concerné. Bref, j'attendais donc la sortie de Cinq jours avec frénésie et angoisse, car le résumé n'en dit pas long, mais la couverture est magnifique. le jour de sa sortie, je suis allée en librairie, mais celle-ci n'avait pas été livrée car le transporteur avait rencontré des problèmes d'acheminement, visiblement. Quelques jours après je partais en vacances, loin de toute librairie, donc je suis partie un peu chagrinée. Dès mon retour je me suis de nouveau rendue dans cette librairie et, ô joie, Cinq jours trônait parmi les nouveautés, même s'il n'était pas spécialement mis en évidence. J'ai réfléchi avant de le prendre, car son prix n'est tout de même pas très abordable, mais j'ai finalement pris l'exemplaire le moins abîmé et me suis rendue en caisse, toute contente. Et je ne le regrette pas.

J'ai commencé ce roman sans aucun espoir ni appréhension, je m'y lancée totalement à l'aveugle, sans aucune attente autre que de redécouvrir l'excellente plume de Douglas Kennedy. Dès le début, j'ai été charmée, aspirée dans cette histoire. Mais cette histoire, de quoi parle-t-elle au juste ? Pour faire simple, la narration est faite par Laura, radiologue âgée de 42 ans, mère d'une ado et d'un jeune adulte, malheureuse en mariage et vivant dans une petite ville du Maine, qui se rend un week-end à un colloque de médecine centré sur les techniques de radiologie, scanner etc dans la ville de Boston. Là-bas, elle y rencontre un homme. Je ne veux pas vous spoiler, mais néanmoins vous dire de ne pas vous faire d'attente, de ne pas déduire ce qui est déductible de ce bref résumé. Oui, il y aura une histoire d'amour. Mais non, elle n'est pas classique, ordinaire, fade. Non, l'amour n'est pas le principal moteur de ce roman. L'histoire de Cinq jours, comme vous pouvez vous en douter, se déroule principalement sur quelques jours, mais le pourquoi du comment de cette histoire est expliqué par les personnages eux-mêmes, qui se dévoilent tour à tour, et nous dévoilent également les confins du bonheur et de la vie.

Nous avons, comme je vous l'ai déjà dit plus tôt, d'un côté Laura, mère de famille de 42 ans, coincée dans un mariage d'où l'amour semble s'être échappé. Et de l'autre côté nous avons Richard, un quinquagénaire qui n'a pas l'air, lui non plus, d'être heureux avec la femme qui lui sert d'épouse, ni dans son métier d'assureur à Bath. Je me suis immédiatement prise d'empathie pour Laura, qui se révèle être une femme forte à l'extérieure et fragile à l'intérieur, un pilier pour sa famille et ses proches alors qu'elle-même aurait besoin d'un peu de soutien et d'amour de temps en temps. Nous nous retrouvons littéralement dans la tête de Laura, au coeur de ses réflexions, de ses interrogations, de ses doutes, et je pense qu'ainsi, il devient très difficile de ne pas s'attacher à elle. Nous avons son double masculin dans la personne de Richard, qui est un homme abattu durant sa jeunesse et qui s'enferme dans un rôle qui ne lui convient pas pour ne jamais décevoir les grandes figures castratrices qui l'entourent tout au long de sa vie. J'ai réellement adoré les échanges entre ces deux personnages, qui sont tellement cultivés et nous apprennent à notre tour des choses durant notre lecture, tant sur l'état d'esprit des gens du Maine que sur la société américaine, tant sur la littérature que sur la peinture ou le cinéma ; leurs dialogues sont tellement enrichissants et palpitants que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde ! Alors oui, on peut se sentir exclus car il est rare d'avoir autant de connaissances qu'eux deux (et encore plus d'eux deux réunis !), mais il suffit de tout prendre comme ça arrive, et d'éventuellement se renseigner plus tard sur les oeuvres citées, décortiquées avec flegme et enthousiasme. Personnellement, je n'ai qu'une envie maintenant : me pencher un petit peu sur toutes ses références pour enrichir cette lecture et ma culture.

Mais outre ces dialogues enflammés à propos d'oeuvres qui semblent être tombées dans l'oubli, nous avons droit dans ce roman à une belle leçon de vie, à une ode au bonheur et surtout au droit au bonheur. Comme je le disais, tant Laura que Richard est enfermé dans un mariage malheureux, et à partir de là, tous deux se posent les questions : Mais qu'est-ce que le bonheur ? Y ai-je droit ? Comment l'obtenir ? Et à chacun de décider ce qu'il fera le lendemain et les jours à venir, à chacun de prendre sa décision en ce qui concerne ces questions, et à chacun d'écrire la prochaine page de sa vie. J'ai littéralement adoré ce roman pour les questions qu'il a suscitées en moi, ce livre nous fait nous interroger nous aussi sur notre vie, nous fait remettre en question notre situation actuelle pour savoir si l'on est déjà heureux ou sinon, de quelle manière nous pouvons accéder au bonheur. Sachant que Douglas Kennedy a écrit Cinq jours après son divorce, il est très simple de comprendre d'où sont sorties ces interrogations, et il est très intéressant, pour nous lecteur, de nous les poser à notre tour.

Je pense que l'on ne peut pas sortir indemne d'une telle lecture. Si nous comprenons sa visée, elle nous bouleverse forcément, car elle nous permet de nous rendre compte si nous sommes malheureux… ou déjà heureux. Comme vous pouvez probablement le deviner, ce roman est devenu incontestablement mon préféré de Douglas Kennedy. Mais aussi mon préféré tout court. Ce roman dépasse les Harry Potter, Orgueil et préjugés, le Petit Prince, et tous ces livres qui m'avaient déjà marquée à vie. Cinq jours devient un peu ma Bible, j'ai déjà envie de le rouvrir et de revivre toutes les émotions que j'ai pu ressentir lors de ma lecture. Je suis seule responsable de mon propre bonheur, voici ce qu'il me murmure.
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