Thomas King, romancier, journaliste, essayiste canadien, nous livre ici un court recueil de poèmes, court à la lecture, quoique… mais dense et tissé comme un patchwork où alternent critique de la politique, de notre société et légendes autochtones, contemplation de la nature et étude psychologique de l'humain. Ces alternances sont le signe de la tendance évidente à l' idéalisme du poète qui se heurte contre la dure réalité économique du monde contemporain.
Le style lui-même nous semble assemblé de plusieurs tons hétéroclites : tour à tour poétique, halluciné ou contemplatif mais tantôt humoristique ou revendicatif:
"comment en sommes-nous arrivés / à ce fantasme de dieu ?"
Aussi King se joue du lecteur lui imposant dans un poème à relire les 2/3 du livre pour mieux comprendre le poème précédent, pour qu'il réalise que les poèmes entre eux se répondent, tissant une suite, une histoire, des histories qui elles-mêmes sont miroirs l'une de l'autre...
En somme, la vision de ce poète paraît définitivement pessimiste notamment dans ce refrain qui se répète non à l'intérieur d'un poème mais d'un poème à l'autre :
"mais il n'y a aucun espoir "
Ce pessimisme est bien entendu nuancé par l'humour présent et par la beauté des allusions aux mythes de la genèse hérités des anciens, des première nations avec ces animaux tutélaires tels que la tortue, les canards, le coyote, le castor, le corbeau. Une genèse à la fois parodique mais pleine de sens qui reste un des thèmes récurrents de l'auteur, poésie comme prose.
En conclusion, ce recueil avec ses mythes et animaux fantastiques devient lui-même pièce du patchwork bien plus grand qu'est l'oeuvre de
Thomas King, patchwork qui littéraire qui rend hommage aux artefacts des premières nations autochtones d'Amérique du Nord.