AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 213 notes
5
23 avis
4
24 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis
Nous sommes tous à découvert : que nous soyons des fourmis rares ou de précieuses fougères (étudiées au 19è siècle par la naturaliste Mary Treat), nous ne sommes pas à l'abri de la destruction des milieux naturels.
Professeur en 1865 ou en 2020, nous ne sommes pas davantage à l'abri des petits salaires et de la perte de revenus - notamment dans l'Amérique de Donald Trump.
Que la maison soit fragilisée par sa construction bâclée ou bien par l'ouragan Sandy, nous ne sommes plus à l'abri de rien lorsque le toit s'est envolé.
Et quel que soit le lieu où nous vivons, nous tous humains sommes à découvert, sans protection et sans abri, face aux monstrueux changements climatiques à venir.

C'est le constat que fait Barbara Kingsolver dans ce roman époustouflant, dans lequel la maison qui fuit de partout devient la métaphore de la planète tout entière.
Maison qui fut habitée au 19ème par le voisin de Mary Treat, un jeune professeur de sciences qui doit lutter pour faire prévaloir l'oeuvre de Darwin, dans une société sclérosée où dominent l'argent et la religion.
Maison où s'installent au 21ème siècle Willa, journaliste sans emploi, et toute sa famille pleine d'interrogations anxieuses pour l'avenir.
Aujourd'hui même alors que je termine ce roman, c'est la publication du deuxième volet du rapport du GIEC : ni alarmant, ni alarmiste, juste réaliste... et désespérant.
Traduction, peu inspirée et même parfois maladroite, de Martine Aubert.
Challenge ABC
Commenter  J’apprécie          162
« Elle pense que nous sommes à découvert à la banque, au niveau de notre espèce, mais que nous ne voulons pas l'entendre. »
Des vies à découvert se veut un roman de l'intime qui embrasse l'universel et qui mieux que Barbara Kingsolver (et aussi bien sûr Joyce Carol Oates) pour tisser un tel récit simple et complexe à la fois.
Willa Knox, la narratrice, habite une ancienne belle maison maintenant délabrée, héritée de sa tante, à Vineland, New Jersey, Etats-Unis. Entourée de son mari Iano Tavoularis, de sa fille Antigone (Tig), de son beau-père malade Nick et de leur chienne Dixie, le sauvetage pourtant essentiel du bâtiment chambranlant se révèle toutefois hasardeux, compliquant une situation économique familiale déjà instable. Et l'arrivée de son fils Zeke avec son bébé Aldus (Dusty), tous deux endeuillés, compliquent encore plus les choses, considérées toujours d'un point de vue financier. En parallèle, on suit les activités de Thatcher Greenwood, un instituteur installé dans la même maison avec sa famille, en 1875. Promoteur des découvertes de Charles Darwin, il se lie d'amitié avec sa voisine Mary Treat, une entomologiste professant les mêmes idées scientifiques. Mais leur communauté reste fermée aux nouvelles théories de l'évolution, influencée en cela par le fondateur de la ville, Charles K. Landis, leader vénéré des habitants qu'ils soient de condition modeste ou aisée.
Barbara Kingsolver révèle tout son talent dans ce roman socio-politico-scientifique. Un début accrocheur, une narration fluide soutenue par une prose intelligente et subtile, un savant maillage avec le passé grâce auquel le présent prend tout son sens, cela donne une oeuvre brillante qui fait écho à nos préoccupations actuelles. Une auteure que je chéris depuis longtemps et de qui il me reste heureusement d'autres lectures à découvrir.
Commenter  J’apprécie          160
Je suis habituellement admirative des romans de Barbara Kingsolver mais pour la première fois, j'ai un petit peu moins aimé son dernier roman. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire mais pas autant que d'habitude…

Cette fois, Barbara Kingsolver a choisi de nous raconter deux histoires de famille qui se déroulent à deux époques différentes, l'une contemporaine, l'autre dans les années 1870-1880, connectées par une maison à la beauté délabrée, vouée chaque fois à la démolition.

La première est celle de Willa, à la fois mère et grand-mère, qui se bat au quotidien, avec des ressources financières réduites, pour rafistoler et consolider tout ce qui part à vau l'eau : la maison qui s'effondre jour après jour, mais aussi la vie de son fils, dont la compagne vient de se suicider peu après la naissance de leur bébé, celle de son beau-père gravement malade… Assez étrangement, c'est celle que tous considéraient comme le vilain petit canard ou la rebelle de la famille, sa fille Antigone - au prénom si évocateur du refus des compromis - qui va lui apporter son aide, lui ouvrir les yeux sur notre société consumériste et lui montrer d'autres voies possibles pour améliorer leur quotidien tout en préservant les ressources de la planète. La leçon d'Antigone est souvent douloureuse pour sa mère mais elle est porteuse d'espoir.

Dans la deuxième histoire, l'auteure rend hommage à une femme de sciences restée méconnue de nos jours, l'américaine Mary Treat (1830-1923), botaniste et entomologiste reconnue en son temps par ses pairs, notamment par Asa Gray ou Charles Darwin avec lequel elle a travaillé sur les plantes carnivores. Vulgarisatrice talentueuse de ses propres travaux de recherche, Mary Treat soutenait les idées de Darwin sur l'évolution et la sélection naturelle. Dans le roman, nous la découvrons réalisant ses expériences sur des araignées ou des plantes carnivores et se liant d'amitié au professeur Greenwood, personnage fictif qui s'oppose courageusement aux tenants du finalisme et du créationnisme. Cette lutte du professeur contre l'obscurantisme est très intéressante et, dans le contexte actuel qui voit chaque jour le recul d'une pensée rationnelle et scientifique, j'ai regretté qu'elle ne soit pas relayée par l'un des personnages de la première histoire.

Ces deux histoires passionnantes auraient pu chacune constituer un roman à part entière. En effet, je n'ai pas été convaincue par cette construction parallèle des deux récits, qui ne résonnent guère entre eux que par le lien artificiellement forcé de cette maison et par la mise en lumière de deux figures féminines qui, chacune à leur manière, luttent pour éveiller les consciences. Néanmoins, le roman reste une lecture très riche et intéressante !

Challenge multi-défis 2020
Commenter  J’apprécie          160
Suite à un troc, j'ai dans ma PAL, depuis très longtemps, ‘'L'arbre aux haricots'' de Barbara Kingsolver. Je n'ai jamais éprouvé l'envie de le lire et de découvrir cette autrice.
Dans le cadre d'un challenge de lecture, son dernier roman m'a été proposé parmi d'autres ; l'occasion faisant le larron, j'ai décidé de lire ‘'Des vies à découvert'' et l'ai réservé à la médiathèque. Il m'a été prêté, début juillet, après une longue attente… Fin août je n'avais toujours pas envie de le lire malgré le succès manifeste de ce roman ; date de fin de prêt approchant, j'ai sauté le pas sans enthousiasme excessif.

L'histoire commence par la visite d'un entrepreneur à la famille Knox ; but de la visite : obtenir un devis pour faire réparer la maison dont ils ont hérité et dans laquelle ils viennent d'emménager (ils veulent la vendre). Et l'autrice délaye, délaye, délaye…
Suite de l'histoire : Willa, personnage principal, assiste aux obsèques de sa belle-fille ; et l'autrice délaye, délaye, délaye… avec, en point d'orgue, la description des vomis de bébé sur le tailleur Armani qu'elle porte !

Je n'en suis qu'à la page 40… je me demande si je vais pouvoir ingurgiter les 532 pages restant à lire.

Chapitre suivant : une autre famille de Vineland, famille recomposée ayant des problèmes avec une maison en mauvais état. Et l'autrice délaye, délaye, délaye…

Page 67 : j'abandonne le livre et l'autrice.

Commenter  J’apprécie          153
C'est le genre de roman qu'il est conseillé de lire car il aide à comprendre où va le monde.

Il raconte l'histoire de deux familles ayant vécu dans la même maison dans le New Jersey à deux périodes distinctes.

Années 1870. Thatcher Greenwood, un jeune professeur en sciences emménage à Vineland. Il ne tarde pas à découvrir que sa maison repose sur des fondations précaires, tout comme son emploi et son mariage.
En outre, il doit affronter l'hostilité de son employeur pour enseigner les sciences et la pensée de Darwin à ses élèves. Il ne trouvera réconfort qu'auprès de Mme TREAT, une scientifique réputée qui entretient une correspondance avec Darwin.

Années 2010. La vie devrait être belle pour WILLA KNOX qui croit tout avoir : journaliste elle-même, mariée à un professeur aimant, des enfants lancés dans la vie. du jour au lendemain, elle se retrouve à Vineland, habitant une maison qui menace de s'effondrer, elle au chômage, son mari sous payé, une fille extravagante, un fils veuf depuis peu, incapable de s'occuper de son bébé.

Barbara Kingsolver combine efficacement ces deux époques. D'une part, une époque caractérisée par la montée du darwinisme qui allait bouleverser la société. D'autre part, l'époque actuelle caractérisée par une planète à bout de ressources, une humanité à bout de souffle et la fin du rêve américain.

Un bon roman écrit exactement pour notre époque.
Commenter  J’apprécie          130
De quoi s'agit-il dans ce roman ? de deux familles à un siècle et demi d'intervalle dans une même petite ville rurale du New Jersey. Dans les deux cas, leur maison menace ruine et cause bien des soucis à ses propriétaires : en 1870, il s'agit de Thatcher, adepte des idées de Darwin, qui enseigne les sciences et se heurte aux idées passéistes de son supérieur hiérarchique. Malheureux en ménage, il trouve cependant quelqu'un avec qui partager ses idées en la personne de sa voisine Mary Treat, femme libre à l'esprit scientifique remarquable. Une passionnante plongée dans le dix-neuvième siècle, et les débuts à la fois du féminisme et du darwinisme, que des esprits rétrogrades combattent de toutes leurs forces.

L'autre versant du roman se situe au moment de la campagne électorale de Trump en 2016. Willa vient d'hériter d'une maison déglinguée où elle tente de concilier tout à la fois : s'occuper du nouveau-né de son fils, de son beau-père malade, travailler en journaliste free-lance, essayer d'obtenir des subventions pour réparer sa maison. Son mari professeur est accaparé par son travail, elle trouve finalement du soutien auprès de sa fille de vingt-six ans, qu'elle considérait plutôt comme immature, et qui s'avérera un peu comme Mary Treat en son temps, un élément précurseur, bien ancrée dans le siècle qui commence.

Je retrouve Barbara Kingsolver dont j'avais déjà lu quelques romans, mais c'est la première fois que je suis aussi séduite par son habileté à mêler des thèmes passionnants. Mon résumé très réducteur vous laissera encore beaucoup à découvrir de ce roman épatant que j'ai eu du mal à lâcher. Je n'ai pas évoqué l'humour de l'auteure, des extraits vous permettront de vous en faire un idée.
Le thème de l'habitat revient dans le roman, et celui de la place des femmes dans la société, celui de la maternité également.
Ce roman riche et passionnant plaira à celles et ceux qui ont aimé Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier, mais grâce à son versant contemporain, vous constaterez qu'il est plus militant, souvent émouvant, souvent drôle aussi, bref, il m'a conquise !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          133
Quel roman sensible mais en même temps lucide et écologiste sur l'état de la planète à l'ère Trump. J'aimerais également saluer la traduction française qui est extraordinaire. Ce livre mérite une attention soutenue et nous fait découvrir une personne attachante, Mary Treat, scientifique émérite, entomologiste du XIXe siècle. C'est un réel bonheur de suivre les battements de coeur de la maison qui relie les époques et les deux héroïnes éprises de liberté.
Commenter  J’apprécie          130
Quel plaisir de retrouver Barbara Kingsolver dans un grand roman, sur l'Amérique actuelle en lien avec son histoire.
Mais avant tout, ce roman excellent est pour moi un des premiers récits de fiction sur les effets du changement climatique sans verser dans le roman d'anticipation apocalyptique.
Ce n'est pas la première fois que Barbara Kingsolver s'intéresse à l'écologie, ainsi qu'aux femmes. C'est toujours très réussi.
Ici aussi c'est un superbe roman.

Le fil rouge entre les deux récits d'époque différente est une maison, très bonne idée, à Vineland, New Jersey, soit au 19 ème siècle,soit actuellement.
Une maison qui à chacune des époques devrait être démolie pour vice de construction.... Symbole intéressant.

Les deux époques s'alternent en deux récits qui auront de plus en plus de liens entre eux.

Non seulement c'est un roman politique au sens large du terme, mais c'est un livre profondément humaniste et féministe.

Barbara Kingsolver a un talent rare, celui de savoir mêler convictions à une certaine poésie et toujours avec chaleur à travers ses personnages.

Nous découvrons avec plaisir une botaniste brillante du 19 ème siècle, femme de courage dans ce Vineland dominé par un fondateur tyran, non reconnue pour ses travaux, néanmoins entretenant une riche correspondance avec des scientifiques de renom tels Darwin.
Son chemin va croiser celui d'un instituteur vivant dans la même maison qu'occupe deux siècles plus tard une famille très attachante et dont la mère et la fille sont, je trouve les pivots.

D'origine grecque, le grand père, très handicapé vit avec eux et symbolise une Amérique plutôt réactionnaire, dans la croyance du rêve américain et.... Paradoxe de cette nation faite d'immigrés, bien raciste.

Le père, prof en fac, a eu l'habitude d'une vie confortable. Mais l'Amérique va encore plus loin dans ses choix libéraux, et le voici rétrogradé, ayant dû quitter un bon poste avec logement à Boston, toute la famille se retrouvant donc à Vineland, dans cette vieille maison qui va s'écrouler de plus en plus au fur et à mesure du récit.

La mère, journaliste, n'a plus de poste, plus de revenus.Son souci majeur est de rafistoler tout : le lieu de vie familial, les liens affectifs, gérer le grand père, nourrir tout le monde, travailler, etc.... Trouver sans cesse des solutions.

Elle est à la fois pleine de ressources et épuisée.

Elle se remet en question et bataille aussi pour défendre ses positions. Son personnage est si finement et pleinement exploré.

Ce couple qui s'aime,a deux enfants adultes qui ont fait des choix radicalement différents.

Le fils, qui vit à Boston,conformiste, cherche à faire de l'argent via un système qu'il ne remet pas en question.il est perclus de dettes, pour rembourser son prêt étudiant.
Il est en couple,sa compagne est enceinte.


La fille, Tigg, vive et lucide est la voix ici d'une génération qui remet en cause à la fois un système politique et une façon de vivre.

Nous la verrons évoluer dans sa vie comme dans sa relation avec sa mère.

Tout cela est d'une saisissante vérité, d'une sensibilité fine et lucide, je ne veux pas trop dévoiler l'histoire, mais elle est à la fois belle,utile, indispensable et nous encourage à voir notre époque avec un regard critique et créatif, avec amour et lucidité, et par dessus tout avec courage.

Un roman superbe, un immanquable de la rentrée littéraire 2020 et au delà.
Lien : https://lautremagda.hoibian...
Commenter  J’apprécie          132
Engagé, opposant idéologie conservatrice et rétrograde à esprit logique et progressiste, Des vies à découvert crée des ponts entre passé et présent pour mieux cerner l'Amérique d'aujourd'hui, pas si différente de celle d'hier... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/08/28/des-vies-a-decouvert-barbara-kingsolver/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          110
Fan de Barbara Kingsolver, une auteure peu prolixe puisque rien n'avait été publié en français depuis 2013, je me suis précipitée sur son dernier ouvrage et cette fois encore je suis enchantée.
Qu'est ce qui relie Willa Knox, la journaliste contemporaine qui se débat pour sortir sa famille du chaos, quotidien de bien de ses concitoyens, et la scientifique Mary Treat adepte du darwinisme il y a plus d'un siécle? Auraient-elles vécu dans la même maison? Avec deux histoires en parallèle Barbara Kingsolver dresse deux beaux portraits de femmes en dénonçant avec élégance les travers de la société américaine. Elle nous questionne sur le sens de notre passage sur terre avec l'éternel affrontement entre les tenants du conservatisme souvent soumis à des croyances religieuses anciennes et les plus curieux qui voudraient comprendre et adhèrent à des idées plus novatrices. Si l'obscurantisme combattu par le professeur proche de Mary Treat nous fait sourire, les outrances des passéistes du XXème siècle nous rappellent toutes les thèses contemporaines sur le complotisme ou le refus de certains groupes du créationnisme et autres vérités scientifiques.
Non sans humour, Barbara Kingsolver évoque les déficiences du système de santé américain avec ce grand-père, impossible ronchon, immigré grec (pourtant fervent partisan d'un certain président), qui refuse le Medicare. Comme toujours en arrière fond de ses romans il y a l'écologie, le féminisme, le chômage, tout ce qui s'effondre aux USA malgré le ‘‘America great again''. Mais ce n'est pas pessimiste, outre une bonne dose d'humour, elle y met l'amour de la nature, l'amour tout court, le courage.
A noter que Mary Treat a réellement existé et que sa correspondance avec Charles Darwin est connue. Un certain Charles K. Landis a bien créé la ville de Vineland au New Jersey dans laquelle Barbara Kingsolver situe son roman, ville d'où il avait proscrit l'alcool. Il a bien aussi été accusé du crime sur un journaliste et relaxé pour cause de démence temporaire!
Originalité : le titre de chaque chapitre reprend une expression de la dernière phrase du chapitre précédent.
Des vies à découvert est un roman dense, exigeant, qui ne se lit pas en une soirée mais aux personnage attachants que j'ai quittés à regret.

Commenter  J’apprécie          104




Lecteurs (611) Voir plus




{* *} .._..