Parrain du Kremlin

Un article de l'ancien correspondant du journal le Monde à Moscou, François Bonnet, dans Mediapart du 23 octobre dernier, intitulé "Poutine, la guerre et le crime" m'a poussé à relire l'ouvrage très révélateur de Paul Klebnikov "Parrain du Kremlin" sur la mainmise par la mafia russe du pouvoir fédéral sous Eltsine et sa consolidation sous Poutine.

Le livre de Klebnikov a été initialement publié en l'an 2000 et approfondit les agissements du plus puissant oligarque russe de l'époque, Boris Berezovski.

Ils sont morts, assassinés, tous les deux : Paul Klebnikov, éditeur du magazine Forbes russe le 9 juillet 2004, à l'âge de 41 ans, en pleine rue à Moscou ; Berezovski dans sa résidence à Ascot en Angleterre le 23 mars 2013, à l'âge de 67 ans, empoisonné.

Les responsables courent toujours et le nom du commanditaire final de la double élimination est resté un sujet ouvert à la spéculation.
Quoi qu'il en soit, ils savaient manifestement tous les deux beaucoup trop !

L'article de François Bonnet a le grand mérite de mettre en évidence une sombre réalité qui échappe apparemment à de nombreuses analyses de l'invasion russe en Ukraine il y a 8 mois, à savoir la dimension criminelle qui fait qu'entre 4 et 6% de la population russe se sont accaparés de la majorité des richesses du pays et que ces "nouveaux riches" autour de Poutine sont déterminés à tout pour conserver leur richesse et leurs positions privilégiées.

Après tout, s'il y a des tensions et/ou du mécontentement dans le pays, rien de mieux qu'une menace de l'extérieur ou un ennemi étranger pour dévier l'attention des citoyens à force de sérieux coups de propagande.
N'est-ce pas par une guerre, la seconde guerre de Tchétchénie, que le dénommé Poutine a pu s'installer au Kremlin il y a 2 décennies ?

Et pour ce qui est de la propagande belliqueuse il n'y a qu'à lire les propos virulents du châtelain Dmitry Medvedev, l'ancien "libéral", sur le site Telegram pour garder château, chevaux et tout le reste des prérogatives...

Un autre bel exemple "d'homme pacifique" est l'affreux Evgueni Prigojine, ex-taulard (9 ans effectifs, 1981-1990, pour escroqueries et incitation de mineures à la prostitution) et créateur du groupe de mercenaires Wagner, qui estime que l'offensive russe chez le voisin est bien trop molle.

Les activités des mercenaires Wagner en Syrie, Libye, Afrique, ...ont été systématiquement niées par le Kremlin, jusqu'à l'aveu du dégoûtant Prigojine lui-même il y a une dizaine de jours au moment où il recrutait des prisonniers de droit commun dans les taules sibériennes pour la guerre en Ukraine.

Préconiser dès lors des négociations de paix avec un tel adversaire, qui en plus part de l'acceptation de préalables, comme la reconnaissance des "acquis territoriaux" russes en Ukraine soit un cinquième du territoire du pays par exemple, n'a strictement aucun sens.

Il est regrettable de constater que dans certains cercles politiques (les Républicains aux États-Unis notamment) des voies semblent ignorer cet aspect barbare et criminel des dignitaires russes actuels, qui ne connaissent de toute façon qu'un seul et unique langage, celui de la force brutale.

En conséquence, l'aide financière et technique massive à l'Ukraine s'avère ainsi la seule option possible pour arrêter cette clique de malfaiteurs à semer mort et destruction et à continuer à constituer une menace pour une partie ou même l'ensemble de l'Europe.

Je recommande vivement la lecture de l'ouvrage du regretté Paul Klebnikov pour comprendre comment un immense pays comme la Russie ait pu tomber victime en très peu de temps d'une bande d'exploitateurs sans scrupules.