« Noblesse, dignité, grandeur »… ces termes, j’ai crainte et presque honte à m’en servir, tant on abusa d’eux sans vergogne. Extorqués comme ils sont aujourd’hui, on dirait presque des mots obscènes ; comme, du reste, tous les mots nobles : à commencer par le mot vertu. Mais ce ne sont pas les mots seuls qui se sont avilis, c’est aussi ce qu’ils veulent dire : la signification de ces mots a changé et leur dévalorisation ne fait que rendre flagrante la faillite générale de ce qui nous paraissait sacré : de ce qui nous invitait à vivre, de ce qui nous sauvait du désespoir.
André Gide
Partout on semble pressentir que c’est dans le dénuement que l’humain se révèle le plus clairement et impose aux consciences sa noblesse propre – celle de son être, non de quelque avoir. Chez les anciens Grecs, la parole du vieil OEdipe, aveugle et en haillons, pratiquement abandonné, l’exprime on ne peut mieux : « C’est donc quand je ne suis plus rien, que je deviens vraiment un homme. »
Les sociétés sont passées du réflexe pour survivre à la réflexion pour vivre mieux, de la prospection à la prospective. L’économie cherche à maîtriser des conditions de la transformation matérielle du monde, à produire au moindre coût, à conduire des échanges sans limites, des transferts, des intégrations, des régulations.
La « dignité humaine » est sur toutes les lèvres en ce début du XXIe siècle, sa place est centrale dans les débats de notre temps ; il n’est guère de grandes causes où on ne l’invoque au titre d’argument ultime. D’une part, le recul des vérités proposées par les systèmes de pensée rend plus urgente la nécessité d’un accord universel minimal autour d’un principe commun à toute l’humanité, au sein du pluralisme des croyances, des cultures, voire des conceptions de l’humanité elle-même.
Il faut s’être buté à la souffrance, à la détresse ou à l’injustice pour affirmer un monde différent.
Le Salon dans tes oreilles - S1E03 - Confidences d'écrivaine, avec Christine Michaud
Si le Petit Prince était parmi nous aujourd'hui, que souhaiterait-il nous enseigner? Dans le cadre de ces confidences d'écrivaine, Christine Michaud revient sur les dix grands thèmes qui jalonnent tant son ouvrage que notre vie. Son livre, le Petit Prince est toujours vivant, guide les lectrices et lecteurs vers une existence plus consciente et féconde, et nous insuffle la force de faire de notre vie une source d'émerveillement. Il est également un hommage vibrant à l'oeuvre de Saint-Exupéry, dont on célèbre en 2020 le 120e anniversaire de naissance.
Avec :
Christine Michaud, autrice
Julie Niquette, animatrice
Livre :
Christine Michaud et Thomas de Koninck, le Petit Prince est toujours vivant, ÉDITO.
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/le-petit-prince-est-toujours-vivant
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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