AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781861059741
320 pages
Robson Books (28/09/2006)
4/5   1 notes
Résumé :
Assia Wevill, née Gutmann en 1927 d'un père médecin juif letton, a été la maîtresse du grand poète anglais, Ted Hughes (1930-1998), mari de la poétesse américaine Sylvia Plath (1932-1963).
En 1969, Assia s'est gazée dans sa cuisine à Londres, ainsi que sa fille, Shura, de 4 ans.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après A lover of unreasonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++ AMOUREUSE DE L' IRRAISONNABLE : VIE ET MORT TRAGIQUE D' ASSIA WEVILL +++

L'ouvrage sur la famille des 7 nains juifs Ovitz par le couple israélien Yehuda Koren et son épouse Eilat Negev, que j'ai lu et chroniqué ici il y a à peine une semaine (le 29/08), m'avait tellement plu que j'ai sans hésitation et sans attendre commandé le présent livre.

Une tragédie d'amour dans laquelle défilent un des plus grands poètes britanniques, Ted Hughes (1930-1998), une des plus grandes poétesses américaines, Sylvia Plath (1932-1963), l'amoureuse de l'irraisonnable Assia Wevill (1927-1969), qui m'était inconnue, et Shura (1965-1969), la petite victime de cette histoire d'amour.

Le terme "irraisonnable" vient d'Assia elle-même, c'est ce qu'elle voulait sur sa pierre tombale.
Et cette Assia malgré un ouvrage de qualité qui essaie de la cerner, restera pour moi, hélas, toujours une inconnue.

Lorsqu'à 30 ans, Sylvia Plath a décidé de se suicider en ouvrant le gaz dans sa cuisine, elle avait pris grand soin d'isoler complètement sa cuisine pour sauvegarder sa fille Frieda de 3 ans et son fils Nicholas de tout juste un an. Elle leur avait même prévu du lait et des biscuits. Assia Wevill a, en revanche, fait exactement le contraire avec sa fille Shura de 4 ans, qu'elle a gazé en même temps qu'elle.
Frieda et Nicholas étaient des Hughes. Shura probablement aussi, mais officiellement c'était une Wevill.

Pour la biographie de la géniale poétesse Sylvia Plath, je me permets de vous renvoyer à mon billet du 15 octobre 2018 de l'ouvrage d'Oriane Jeancourt Galignani "Mourir est un art, comme tout le reste" et de me concentrer ici sur cette Assia. Si Sylvia Plath nous a laissé des écrits autobiographiques importants, comme "Ariel" et surtout ses journaux intimes et s'il existe une abondante littérature sur sa vie et son oeuvre - ce qui est évidemment logique - ce n'est guère le cas d'Assia Wevill. D'où l'intérêt de ce livre de Koren et Negev.

Un ouvrage qu'il me faut signaler toutefois est celui de Diane Middlebrook "Ted Hughes et Sylvia Plath : Histoire d'un mariage" de 2006, qui analyse intelligemment la relation amoureuse et compliquée d'Hughes avec Sylvia. Dans beaucoup de livres consacrés à l'une ou l'autre ou même aux deux, Assia Wevill est pratiquement toujours absente.

Assia est née Gutmann, le 15 mai 1927 à Berlin, la fille d'un médecin juif d'origine lettone et d'une mère allemande. Elle avait une soeur, Celia, 2 ans plus jeune qu'elle, qui est décédée, il y a un mois et demi à Toronto au Canada, à presque 90 ans. Celia a été probablement le meilleur témoin des 70 personnes que les auteurs ont interrogé. Les nombreuses photos exclusives et inédites reprises dans le livre proviennent également d'elle. Contrairement à sa soeur aînée, elle a mené une vie régulière et exemplaire : mère de 3 enfants et mariée avec le même homme, Robert Chaikin, durant 65 ans.

Assia, déjà comme petite gamine, se faisait remarquer par sa beauté physique et son caractère incommode. Elle était d'une intelligence rare, mais foncièrement égocentrique avant de tomber folle amoureuse de Ted Hughes. Douée pour les langues, elle parlait l'Allemand, l'Hébreu moderne, le Russe, l'Italien et l'Anglais et a traduit un recueil de poèmes de Yehuda Amichaï (1924-2000) de l'Hébreu en Anglais. Elle avait aussi un don pour la conversation et se trouvait ainsi très souvent au centre de l'attention. Elle a laissé de nombreux poèmes et des articles sur la littérature, spécialement les grands auteurs russes. La fille qu'elle a eu avec Hughes, elle l'a baptisé Alexandra Tatiana Elise, comme la dernière tsarine, l'héroïne de l'oeuvre "Eugène Onéguine" d'Alexandre Pouchkine et à cause de Beethoven, son compositeur favori.

Elle s'est mariée 3 fois. John Steele, son premier mari, lui a permis de s'évader de Palestine où sa famille s'était réfugiée début 1934, et de s'installer en Angleterre, en 1946, mais elle n'en a jamais été amoureuse. En 1953 au Canada, elle a épousé Richard Lipsey (1928-1991), qui allait devenir un économiste de réputation mondiale. En 1960, c'était le tour à David Wevill, un écrivain canadien, 7 ans plus jeune qu'elle et avec qui elle aurait mieux fait de rester, car c'est un poète talentueux et un homme aimable avec énormément de patience.

Sa rencontre avec Ted Hughes, en 1961, a été pour elle catastrophique. Hughes a été toute sa vie un coureur de jupons qui dans son immense vocabulaire n'avait malheureusement pas le terme fidélité, puis il y a eu l'ombre puissante de Sylvia Plath sur leur relation.

À un certain moment, la lecture des affaires amoureuses de Ted Hughes devient, à mon humble avis, pénible. Dans sa biographie détaillée (672 pages) par le professeur Jonathan Bate, "Ted Hughes : The Unauthorised Life" de 2015, outre la longue liste de ses "conquêtes", j'ai appris que la nuit où Sylvia Plath s'est suicidée, ce cher Ted était au plumard non pas avec Assia, mais avec l'écrivaine Susan Alliston, morte de la maladie de Hodgkin en 1969.

C'est donc par amour qu'Assia Wevill s'est suicidée, lorsqu'elle a réalisé qu' avec Ted il n'y avait aucun espoir pour une vie commune. Qu'elle ait entraîné sa gamine dans la mort, je ne sais pas ce qu'il faut en penser. le célèbre psychiatre américain, Philip Resnick, spécialiste en filicide, est arrivé à la conclusion que dans 56 % des cas de filicides le motif est "altruiste" (page 212). Les rechercheurs scientifiques Brian Barraclough et Clare Harris ont relevé que de 1988 à 1992, il y a eu annuellement au Royaume-Uni en moyenne 60 cas de meurtres-suicides et qu'une large proportion de ceux-ci était des mères commettant un suicide et tuant leur enfant. Quoi qu'il en soit c'est sur qu'Assia ne voyait pas qui se serait occupée de la môme et elle a voulu lui épargner la douleur de tomber sans cette mère à laquelle elle fut si attachée.
Mais son choix reste loin d'être évident !

En conclusion, je dirais qu'il s'agit d'un ouvrage intéressant, très bien élaboré et documenté, mais d'une lecture qui est, à certains endroits, naturellement loin d'être plaisante.
Commenter  J’apprécie          485

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
À partir de 1934, en Palestine, il y avait trop de médecins. La grosse majorité était évidemment des Allemands qui avaient fui leur pays à cause d'Hitler. Les auteurs racontent l'anecdote suivante.
Un jour, sur le bus pour Tel Aviv, une femme enceinte était sur le point d'accoucher. Un homme tout proche cria en panique : "est-ce qu'il y a un médecin à bord ?" Six hommes, tous d'origine allemande, se précipitèrent vers la jeune femme pour l'aider. Le chauffeur voyant ce spectacle, gara son véhicule et proclama : "Dégagez, dans mon bus, c'est moi qui fais les accouchements !".... Il était obstétricien.

(Page 13).
Commenter  J’apprécie          252

Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}