Un thriller choc, un coup de massue
On m'avait prévenue,
Les Démoniaques serait une lecture éprouvante, difficile de part les sujets abordés et de part la manière dont l'auteur les traite. J'ai refermé cette nuit un livre puissant, qui m'a tenu aux trippes, qui a broyé mes émotions de lectrice. Je voulais une lecture bouleversante, qui laisserait des traces en moi, qui me marquerait l'âme et dont je me souviendrais dans plusieurs mois. Je sais, en terminant la dernière page de ce livre, que c'était ce bouquin qu'il me fallait et pas un autre.
Le livre commence de matière brutale, on est directement dans le bain, on se dit que si tout le livre est à l'image des premières pages, on ne sait pas si on tiendra et si on le terminera. Mais très rapidement, les scènes barbares, violentes, laissent place à l'histoire d'une quête, d'une vengeance. On assiste à la rébellion d'une victime, envers ses bourreaux.
Je risque de choquer certains lecteurs qui ont trouvé le livre atroce (même s'ils l'ont finalement aimé), mais je m'attendais à pire, je m'attendais à une surenchère d'images dégueulasses, là pour bouleverser le lecteur et n'apportant rien d'autres que des détails crus mis bout à bout pour choquer gratuitement. Je me suis dit que si ce livre était orienté de cette manière, je n'arriverais pas à le terminer et je devrais abandonner ma lecture. Mais j'ai découvert bien plus que ça au fil des pages. J'ai trouvé que Mattias a réussi le tour de force de ne pas tomber dans l'étalage de perversités, les scènes malsaines sont multiples, certes, cruelles, aussi, elles nous impactent parce qu'elles touchent à ce qu'il y a de plus grave, la violence sexuelle sur les femmes, et surtout la pédophilie, on est d'accord… Ce que vivent de nombreux personnages se rapproche de l'enfer, mais l'auteur suggère un certain nombre de passages violents et ne rentre pas toujours dans les détails des viols en approfondissant les descriptions des sévices. Il nous claque par-ci par-là une scène plutôt détaillée, assez courte d'ailleurs, mais les autres nombreux passages de violences sont traités de manière plus éloignée, les détails sont moins nombreux et ça nous aide à continuer notre lecture. Je pense que si toutes les scènes avaient été autant approfondies que les premières, je n'aurais pas continué le livre car j'aurais eu l'impression de tomber dans une sorte de voyeurisme morbide. Et clairement, ce n'est pas le but de ce livre. Je ne vous dis pas que c'est un livre facile à lire, je ne dis pas que les scènes ne sont pas parfois gênantes, à la limite du supportable même, mais pour avoir lu un sacré paquet de livres difficiles dans ma vie de lectrice, croyez-moi, ça aurait pu être encore pire.
Et puis, il se dégage tout doucement quelque chose de plus positif, une véritable bouffée d'oxygène dans ce récit noir et étouffant : une rencontre, entre la jeune Kimy et Henri, un professeur de français. Une rencontre par hasard et qui prouvera à la jeune femme que la gentillesse, la douceur et l'amour peuvent exister. Si je ne suis pas (du tout) friande des histoires d'amour dans mes lectures, j'ai trouvé ce lien entre eux parfaitement poignant, d'une profondeur indicible et ça m'a véritablement bouleversée.
Le style de Mattias Köning
Si certains ont pu reprocher la vulgarité de langage utilisée tout au long du livre, j'ai personnellement trouvé que ce niveau de langage correspondait parfaitement avec l'idée que nous nous sommes faits des personnages, et du milieu dans lequel ils évoluent, à savoir que ce sont des beaufs, qui habitent au fin fond de la campagne (pas d'amalgame, j'habite dans la campagne profonde depuis toujours et ne considère pas tous les campagnards comme des beaufs!), ils manquent totalement d'éducation, ils chassent de manière totalement primitive, évoluent dans les affres des vapeurs de la drogue ou de l'alcool à longueur de journée. Un langage plus élaboré, dans la bouche de ces personnages aurait sonné faux et le livre n'aurait pas eu cet impact sur nous, lecteurs. Outre ce langage déroutant, j'ai noté dans la narration de nombreuses tournures, expressions, et mots écrits dans un langage plus soutenu, preuve que l'auteur n'a pas voulu nous écrire un livre nauséabond, mais qu'il a plutôt chercher à nous propulser au plus profond de l'action en rendant le livre le plus réaliste possible.
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