Une mode vestimentaire est plus le reflet du "corps social" que morphologique. Un changement dans la silhouette implique également une nouvelle façon de penser. C'est ce que montre cet essai remarquable de
Anne Kraatz en faisant le choix d'une période très précise : la fin du XVe siècle où, à Florence mais aussi en France dans les milieux italianisants, l'art de la renaissance et ses représentations de la figure humaine, à travers le vêtement, marque une rupture avec le gothique international finissant. le retour aux modèles antiques, la science de la perspective, les influences conjuguées du Pétrarquisme et du Néoplatonisme de
Marsile Ficin expliquent ces changements de mentalités. L'amour divin et l'ascension spirituelle du Néoplatonisme se reflètent dans des représentations nouvelles, plus éthérées, moins charnelles, presque angéliques et asexuées, la silhouette rectangulaire qui apparaît alors distinguant à peine les hommes des femmes. le hennin, dont le port était si caractéristique du gothique, disparaît. "La naissance de Vénus" de Botticelli et les tapisseries de "la Dame à la licorne" sont sans doute les oeuvres les plus représentatives de cette sensibilité nouvelle véhiculée par les humanistes florentins à travers l'Europe.