La philosophie expliquée à mon chien

[p. 70, sur l’épicurisme]
[Monty] J’aime bien manger. Cela me donne beaucoup de plaisir. Ce dont j’ai peur, ce n’est pas de m’étouffer avec un os et d’aller dans un endroit où les dîners sont horribles, ou dans un endroit où une version méchante de toi me montre une belle saucisse et la mange ensuite. Ce que je veux, c’est continuer à manger ici pour toujours. L’idée de ne plus manger me rend triste.
[Son maître] « Tu marques un point, mon petit chien. Ce qu’Épicure répondrait, c’est que la future version de toi ne peut pas être malheureuse, souffrir ou avoir faim, parce que la future version de toi n’existe pas. Il n’y a donc aucun sens à s’inquiéter de ce que l’on ressentira, puisqu’il n’y aura personne pour le ressentir. Mais je vois bien que ça ne répond pas vraiment à ton argument. Tu dis que ta vie est agréable et qu’il est irrationnel de ne pas vouloir que ce plaisir dure le plus longtemps possible. Mais je suppose qu’Épicure reviendrait en disant qu’il pourrait y avoir un moment où la vieillesse et la maladie font que tu ne profites plus de ta vie, et dans cette situation, tu ne devrais pas avoir peur de ce qui t’attend. »

[p. 11, introduction]
L’histoire de la philosophie est fascinante en soi. C’est pourquoi, dans ce livre, j’ai essayé de capturer cette labradoodlité* croisée de la philosophie. La forme que j’ai adoptée rend hommage à l’histoire de la discipline. L’ouvrage est structuré en une série de promenades, qui n’est pas sans rappeler la pratique d’Aristote d’enseigner en marchant – une habitude qui donna son nom à son école : péripatéticienne, du mot grec signifiant « se promener ». Et au cours de ces promenades, mon chien Monty et moi, dans la tradition dialectique de Socrate, discuterons des questions centrales en philosophie, en prenant comme guide les grandes divisions thématiques de la discipline.
*labraddodle : race de chiens hybride entre le labrador et le caniche.

[p. 9, introduction]
La philosophie expliquée à mon chien se veut une introduction accueillante au monde de la philosophie. Comme lorsque l’on promène son chien, il y a toujours plusieurs chemins possibles dans ce genre d’entreprise, en modifiant la direction, la distance, et même le but.