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La passion des cimes. Chroniqueur patenté des courses en montagne, Jon Krakauer a le ton juste et sobre pour circonvenir l'indicible, à savoir l'obsession de l'escalade bien que le risque et le prix à payer demeurent omniprésents. Ses douze récits ont tous la saveur riche et complexe du vécu. Non sans humour, Jon Krakauer narre sa déconvenue sur la face Nord de l'Eiger, redoutable paroi alpine en dévers. L'Américain y croise le Français Christophe Profit, toujours pressé d'en découdre avec l'ogre helvète. Dans le second récit, l'évocation du mathématicien grimpeur américain John Gill est particulièrement vibrante. Gill révolutionne l'escalade de bloc dans les années 1960 avec des enchaînements de mouvements acrobatiques. Chercheur impénitent, il s'exerce à la « méditation kinesthésique », faisant corps avec la roche, dans un élan réitéré de légèreté transcendée. Avec Gill et sa recherche de la lévitation, on approche de la mystique de l'escalade. La petite ville de Valdez, en Alaska est ensuite évoquée comme la Mecque de l'escalade sur des cascades gelées. Les récits suivants racontent comment vaincre l'ennui, bloqué par les intempéries sous une tente, pourquoi atterrir sur un glacier en avion, quand atteindre le sommet du Mont McKinley, où faire du canyoning dans des zones désertiques ou encore quelle vie mener à Chamonix. Les querelles pour mesurer la hauteur des montagnes peuvent sembler ridicules mais elles ne sont pas anecdotiques. Les frères jumeaux alpinistes et bagarreurs, Alan et Adrian Burgess font l'objet d'un rapide survol de leurs vies excessives. L'avant-dernier article consacré à l'été meurtrier en 1986, au K2 revient aux tragédies liées à l'alpinisme. Il annonce l'ultime récit (inséré aussi dans « Into the Wild », la biographie consacrée à Christopher McCandless) qui décrit les tourments rencontrés par Jon Krakauer dans son ascension en solitaire du Devils Thumb, pouce dressé au ciel et diablement tourmenté. Confronté à la tempête, à l'angoisse et à l'épouvante, l'auteur parvient à retrouver un semblant d'équilibre et à ne pas décrocher. Sa retranscription haletante montre bien que la seule victoire qui tienne est celle menée contre soi-même. de retour dans la communauté humaine, son exploit physique deviendra douteux, voire insignifiant. Par des voies détournées mais efficaces, Jon Krakauer questionne l'obsession de l'escalade en montagne et le besoin de se mettre en danger. Alors que sa jeunesse a passé, même s'il « s'est installé avec bonheur dans un alpinisme médiocre », il sait faire vivre ses souvenirs pour les donner en partage, par la grâce d'une écriture précise et sans pathos. + Lire la suite |
Le surf ressemble à "Un sport, un passe-temps". Pour ses initiés, c'est bien plus : une addiction merveilleuse, une initiation exigeante, un art de vivre. Élevé en Californie et à Hawaï, William Finnegan a commencé le surf enfant. Après l'université, il a traqué les vagues aux quatre coins du monde, errant des îles Fidji à l'Indonésie, des plages bondées de Los Angeles aux déserts australiens, des townships de Johannesburg aux falaises de l'île de Madère. D'un gamin aventureux, passionné de littérature, il devint un écrivain, un reporter de guerre pour le "New Yorker". À travers ses mémoires, il dépeint une vie à contre-courant, à la recherche d'une autre voie, au-delà des canons de la réussite, de l'argent et du carriérisme ; et avec une infinie pudeur se dessine le portrait d'un homme qui aura trouvé dans son rapport à l'océan une échappatoire au monde et une source constante d'émerveillement. Ode à l'enfance, à l'amitié et à la famille, "Jours Barbares" formule une éthique de vie, entre le paradis et l'enfer des vagues, où l'océan apparaît toujours comme un purgatoire. Un livre rare dont on ne ressort pas tout à fait indemne, entre "Hell's Angels" de Hunter S. Thompson et "Into The Wild" de Jon Krakauer.
William Finnegan a acquis ses galons de journaliste lors de la guerre civile au Soudan, en Afrique du Sud pendant l'Apartheid, dans les Balkans ou à Mogadiscio. Ses reportages sur les théâtres d'opérations sont le fruit de longues immersions et de patientes observations, ou, comme il aime à le résumer : “Je fouine, je parle aux gens, j'attends.” Il a reçu en 2016 pour "Jours Barbares" le prestigieux Prix Pulitzer.
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