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EAN : 9782211055109
108 pages
L'Ecole des loisirs (09/03/2000)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Depuis la nuit des temps, en Russie, les bylines, ces récits épiques chantés par les bardes au son des gousli, enchantaient et terrifiaient les enfants. À l'aube du xx' siècle, les bardes se sont tus. Après un premier recueil, Ilia Mouromietz et le Rossignol Brigand, Elli Kronauer continue à réinventer leur univers. Dans ces trois courtes histoires, de preux chevaliers galopent vers leurs épreuves et leurs récompenses, tantôt à travers les steppes éternelles aux her... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pari gagné pour l'auteur, dans sa transmission brillante, érudite et actuelle de ces bylines. L'écriture est mélodique et rythmique à souhait, au service d'une verve épique habile et enlevée.
Ces récits se déroulent au fil d'une narration subtile, aux personnages hauts en couleurs, à commencer par Aliocha Popovitch, héros libre, sans peur et sans reproche, qui ouvre et clôture l'ensemble. En ajoutant la rivière Saphrate, véritable présence au cours immuable, enchantement constant et tranquille qui offre un contrepoint à une nature contaminée par les menaces et les catastrophes de l'aventure humaine au XXème siècle et à un monde sur lequel règnent encore les princes et les tyrans.
Sans oublier ces trois figures féminines qui apparaissent dans ces trois récits, et dont les destinées pourraient bien, face au désenchantement, constituer des pistes à qui souhaite réfléchir et refuse de se résigner.


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Absolument magnifique. Je suis complètement sous le charme de la réécriture des bylines par Elli Kronauer. Quelques évocations : secteur de Rostov, chiens faméliques, déchets roulés par le vent, porte métallique qui grince dans le soir... on est dans un décor post-nucléaire. Mais les chevaux galopent douze années à travers des plaines survolées par de grands oiseaux calmes, les jambes des héros sont caressées par les tiges hautes de fleurs bleues comme le saphir. Des princesses d'une beauté brûlante se laissent contempler, vêtues à peine d'une fine chemise de lin, sur les berges de la rivière Saphrate.
Comment vous dire... En moi s'allume l'émerveillement... que partout, toujours je cherche.
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Aliocha, l'un des plus ambigus et intéressants héros des bylines post-exotiques, et Kozarine, le plus joliment mélancolique.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/09/17/note-de-lecture-aliocha-popovitch-et-la-riviere-saphrate-elli-kronauer/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans le secteur Lobanovo du vieux quartier russe, au numéro dix-sept de la rue d’Arkhangelsk, dans la maison où habitait la famille du marchand Piotr, un nouveau-né vit soudain le jour. Il naquit dans cette famille aisée, dans cette famille très riche, et aussitôt on se rendit compte qu’il s’agissait d’un garçon fragile et tout petit, et surtout un peu étrange, car dès le berceau il fredonnait des chansons que nul ne lui avait apprises.
On hésita à lui donner un prénom, puis on le surnomma Kozarine fils de Piotr, ou encore Kozarine Petrovitch, ce qui est une autre manière de dire la même chose, et, comme on pensait que son étrangeté ne ferait que s’aggraver et ne guérirait pas, on hésita à s’occuper de lui et, pour tout dire, on hésita à lui donner l’affection qu’un enfant mérite, fût-il tout petit et un peu étrange.
Ses parents s’occupaient jour et nuit de leurs coffres remplis d’or, ils aimaient l’argent, ils aimaient accumuler de grosses sommes et les dépenser fastueusement, ils n’avaient pas honte d’être riches et même très riches ; en revanche, l’étrangeté leur déplaisait, et ils se mirent à négliger le petit Kozarine, ils se mirent à l’aimer de moins en moins, ils se mirent à le détester de plus en plus et, quand il atteignit l’âge de trois ans, ils décidèrent de se séparer de lui.
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Les bylines se présentent sous la forme de poèmes rythmés, prononcés dans une langue solennelle, extrêmement musicale, mais qui rend un travail de traducteur pratiquement impossible.
Pour Elli Kronauer, il s’agissait de gagner un pari : faire connaître à un public occidental ces histoires et ces héros, mais sans donner l’impression qu’il manipulait des documents morts, poussiéreux, appartenant seulement au monde des musées. Il fallait transmettre des voix d’autrefois en leur donnant la force d’une voix vivante.
Afin de ne pas trahir ce qui constitue une des plus belles matières orales dans l’histoire littéraire de l’humanité, Elli Kronauer a donc à son tout endossé les habits d’un chanteur de bylines, et il a choisi de réinventer le monde épique comme seul un barde aujourd’hui aurait osé l’imaginer, si la tradition des bylines avait continué jusqu’à la fin du XXe siècle : en y introduisant des objets contemporains, et surtout une manière de voir (et d’entendre) qui tienne pleinement compte de notre expérience historique récente.
La mémoire poétique d’Elli Kronauer est la même qu’il y a un siècle, mais Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl ont eu lieu et ont laissé sur notre monde des marques indélébiles. C’est pourquoi on ne peut plus croire de la même manière aux valeurs et aux choses du monde, ni les dire de la même manière.
La mémoire est la même, mais elle a changé. Les bylines d’Elli Kronauer sont russes et conformes à leur modèle original, mais elles sont différentes.
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Le vieillard réfléchit un moment, puis il fouilla dans la moitié gauche du manteau qui couvrait Aliocha Popovitch, il en détacha une zibeline extrêmement noire à qui il murmura un commandement extrêmement noir, du côté droit de son manteau il libéra un corbeau, plus noir encore, à qui il murmura un deuxième ordre plus noir encore. La zibeline partit ventre à terre, le corbeau fila à tire-d’aile, le vieillard s’assit dans le fossé et il resta sans rien dire, tandis que Iakim Ivanovitch pleurait et qu’Aliocha Popovitch gisait.
Le jour passa sans un bruit. La zibeline revint au début du crépuscule, tenant dans sa gueule une fiole remplie d’eau vive ; le corbeau revint à la fin du soir, serrant dans ses pattes une fiole remplie d’eau morte. Le vieillard fit couler l’eau vive sur le visage d’Aliocha, et le jeune héros ouvrit les yeux. Le vieillard versa l’eau morte sur le corps d’Aliocha, et le jeune héros se remit sur ses jambes et sourit.
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Dans les régions les plus septentrionales de la Russie, des lacs de Carélie jusqu’aux rives de la mer Blanche, les bardes existaient encore au début du XXe siècle. Ils s’installaient devant les villageois pour de longues soirées et, en s’accompagnant d’un instrument à cordes pincées, les gousli, ils déclamaient des chants épiques qui s’étaient transmis oralement depuis près de mille ans, les bylines.
Des ethnologues ont collecté les textes de ces chants, on dispose même de quelques enregistrements sur cire, mais la vieille culture orale n’a pas résisté au contact d’une nouvelle ère historique, et, déjà, très menacée, elle est allée vers son extinction. L’une après l’autre, les voix des derniers bardes se sont tues.
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