Un excellent ouvrage, réduit par la taille mais néanmoins complet par la vision millénaire qu'il en offre, avec les meilleurs spécialistes de ce monde fait de contrastes autant économiques, politiques que sociaux.
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Dépaysant et instructif. Quoique un peu trop didactique.
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Avant d'être un acteur politique, Ambedkar est donc un penseur, un penseur de la caste. Toute sa vie il a écrit sur le sujet pour disséquer les ressorts de ce système social. On lui doit la première analyse anthropologique indienne de cet objet si complexe. Parmi ses trouvailles figure la notion d'"inégalité graduée" qui distingue, d'après lui, la hiérarchie "à l'indienne" des autres. Dans l'Europe d'Ancien Régime, dit-il, il était possible pour le tiers état (grâce à sa masse démographique et à son élite, la bourgeoisie) de renverser les élites aristocratique et cléricale de la monarchie. Dans la Russie de 1917; il était également possible pour les masses paysannes et leur avant-garde prolétarienne de faire de même.
Mais, en Inde, les castes inférieures sont tellement divisées qu'elles ne peuvent pas facilement déloger leurs maîtres des positions de pouvoir qu'ils occupent : non seulement les basses castes (shudras) ne frayent pas avec les intouchables qui se trouvent en-dessous d'elles, mais les castes inférieures sont elles-mêmes stratifiées en d'innombrables sédiments et varient en fonction de la géographie.
On résume trop souvent la littérature indienne aux fameuses épopées comme le Ramayana ou le Mahabharata, mais il existatit d'autres histoires, qui portaient souvent sur des marchands et qui permettent de percevoir leur quotidien : on a par exemple l'histoire d'un marchand qui part pendant vingt ans, revient et découvre sa femme s'est mariée avec un autre ; s'ensuivent une bataille, un procès, une intervention royale... Ces récits circulent dans tout l'océan Indien, ainsi dans un recueil relativement connu, le Kathasaritsagara, "L'Océan des rivières de contes". Et c'est dans ces "langues marchandes", intermédiaires, que se diffusent et sont rédigées ces histoires.
On est en revanche bien mieux renseigné sur les produits qui s'exportent dans l'océan Indien entre le XIème et le XVème siècle. Plusieurs régions d'Inde produisent déjà des étoffes : du coton et des soies. Puis viennent les épices - à condition de compter le poivre, la cannelle et le gingembre parmi les épices. Le poivre est d'abord cultivé dans le Kérala, avant de se diffuser, à partir du XIVème siècle, dans la péninsule malaise et à Sumatra.
...L'Inde est également une grande importatrice de métaux précieux : l'or d'Afrique et d’Indonésie, l'argent d'Europe centrale et du Yunnan, mais aussi beaucoup de pierres précieuses.
Rappelons que ce ne sont pas les tissus, mais les épices, le poivre notamment, qui ont d'abord attiré les Européens en Inde, depuis le temps du premier voyage de Vasco de Gama en 1497-1498. Mais les Portugais ont rapidement découvert que les tissus de coton fabriqués en Inde, surtout au Gujarat, étaient d'une finesse et d'un brillant exceptionnels, et qu'ils pouvaient servir de moyens d'échange pour se procurer divers produits dans tout le bassin de l'océan Indien. Ces tissus faisaient depuis longtemps prime sur les marchés d'Asie du Sud-est, du Moyen-Orient et d'Afrique orientale, où les consommateurs les appréciaient pour leur robustesse, la variété de leurs couleurs et de leurs formes, aptes à satisfaire tous les goûts, ainsi que leur prix raisonnable.
On estime aujourd'hui à 63 millions le nombre d'Indiennes qui manquent au compte pour une population totale de 1,3 milliard d'habitants et ce déséquilibre se fera particulièrement sentir pour les millions de jeunes hommes qui vont tenter de trouver une épouse dans les décennies qui viennent. Les tendances actuelles indiquent que, si la situation s'améliore dans les régions les plus touchées à l'ouest, on peut s'attendre en revanche à une détérioration ailleurs en Inde du Nord.