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EAN : 9782707314383
519 pages
Editions de Minuit (29/04/1993)
5/5   1 notes
Résumé :

Défense et illustration du parler des Noirs américains, l’ouvrage de William Labov est en même temps un exercice de sociolinguistique au vrai sens : méthode où à aucun moment la linguistique ne se sépare du sociologique.

Parce que les problèmes posés par l’analyse linguistique ne peuvent être résolus dans le cadre de l’étude grammaticale étroitement comprise, William Labov est conduit à élargir considérablement le domaine de sa recherche : pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ainsi, l'échec scolaire des noirs des ghettos, ne fait que manifester l'affrontement social existant en dehors du langage mais se manifestant en son sein. Constatant d'abord l'erreur manifeste de la majorité des enquêteurs qui ne se rendent pas compte que le contexte de leurs études – placer la personne qui fait usage de langue vernaculaire et est en situation d'échec dans une position de sujet à analyser en dehors de son milieu – est erroné. C'est le paradoxe de l'enquêteur : il crée une réaction diaphasique (d'ordre émotif) sur la production du locuteur observé (celui-ci change sa manière de parler) ; et il crée une situation de conversation artificielle et peut difficilement enregistrer sans prévenir les locuteurs observés (problème éthique).
Comme Labov l'avait déjà observé sur l'île de Martha's Vineyard, l'usage d'une variante langagière « forte » est souvent motivée par un besoin de revendication identitaire, d'appartenance à un groupe social. C'est donc souvent volontairement que l'on use de variantes de réalisation. Par refus de changer son identité, de s'adapter à une classe sociale qui nous refuse ou qu'on refuse.
Allant même plus loin que dénoncer les mauvaises observations de ses pairs quant au langage vernaculaire, quant à l'échec scolaire de classes sociales – à quoi on cherche d'autres raisons qui ne sont seulement que le fait d'appartenir à une classe sociale en conflit avec la classe dominante donc ceux qui en sont les représentants : intellectuels, professeurs, journalistes… Ce constat pourrait se poursuivre dans une observation des choix politiques, dans le rejet moderne par les basses classes du savoir intellectuel, même celui qui leur est a priori favorable, dans le goût pour les thèses complotistes, dans le renforcement et l'affirmation de leur classe identitaire (communautarisme, radicalisation, racisme, nationalisme…).
Labov va encore plus loin en faisant l'éloge du parler des ghettos : efficacité, maîtrise de codes complexes… En fait, il rapproche cette variation diastratique (sociale) d'une autre variation personnelle (diaphasique). La langue vernaculaire n'est qu'une variante utile de la langue standard. Son usage répond à des besoins sociaux particuliers. La familiarité, la franchise, l'affirmation de soi dans un groupe d'amis, dans une famille… Tout cela est plus facile avec la langue vernaculaire (parler ordinaire), avec une langue non surveillée. Ainsi, les noirs du ghetto usent et abusent du parler vernaculaire parce que leur vie est également faite d'une majorité de situations où leur parler vernaculaire répond idéalement à leurs besoins.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le regard habituel sur la langue des enfants des ghettos, p. 111 :
Voulant expliquer les mauvais résultats obtenus par ces enfants, les psychologues scolaires se sont efforcés de découvrir de quels désavantages ils pouvaient bien souffrir. Le point de vue qui a finalement rallié la majorité et sur lequel se sont fondés les programmes d’intervention est qu’ils présentent en fait un déficit culturel, dû à la pauvreté de l’environnement qu’ils ont connu dans leurs premières années. On a beaucoup insisté, en particulier, sur le rôle du langage. Dans ce domaine, la théorie du déficit s’est traduit par un concept : celui de privation verbale. Les enfants noirs du ghetto, dit-on, ne sont guère stimulés verbalement et entendent peu de phrases bien formées, d’où résulte un appauvrissement de leurs moyens d’expression verbale. Ils sont incapables de prononcer des phrases complètes, ils ignorent les noms des objets courants, ils ne savent pas former de concepts ni communiquer de pensées logiques.
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Forte culture de la langue dans les ghettos, p. 112-135 :
Ce que nous voyons, c’est un enfant baignant du matin au soir dans les stimulations verbales, c’est une compétition permanente au niveau de la démonstration de ces arts verbaux que sont les « vannes », les chansons, les épopées orales qui constituent autant d’activités de langage grâce auxquelles l’individu peut se forger un statut (…) Bref, nous ne parvenons pas à distinguer le moindre lien entre, d’une part, l’habileté verbale qui se manifeste au travers des actes de parole caractéristiques de la culture des rues, et, d’autre part, les succès scolaires.
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L'efficacité et la puissance de la langue des ghettos, p. 112-135 :
Nos propres travaux sur la communauté linguistique rendent évident un fait qui peinera certains : aux plans de la narration, du raisonnement et de la discussion, les membres de la working class apparaissent par bien des aspects comme des locuteurs plus efficaces que beaucoup de membres de la middle class qui ergotent, délaient et se perdent dans une foule de détails sans importance.
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