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EAN : 9782492298462
350 pages
MVO Éditions (22/08/2022)
5/5   3 notes
Résumé :
Raphaël n'a qu'un désir : écrire son premier roman.

Il se retire à la campagne afin d’y trouver l’inspiration. En vain.
Une rencontre amoureuse va pourtant lui fournir l'impulsion nécessaire. Tout en vivant son histoire avec Ève, il en fera le récit. Son livre sera infini puisque son amour est éternel.

 Or, un jour, il perce le secret de la femme qu'il aime.
Cette découverte va le hanter jusqu'au moment où il ne parvien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le salon de l'anathème...

Voici bien un titre énigmatique! Il ne prendra réellement tout son sens qu'à la lecture du dernier chapitre.

D'abord, il y a le narrateur, Raphaël, vingt-neuf ans. Il a terminé ses études mais, encore plus ou moins dépendant de sa mère, n'a exercé pour le moment que de petits boulots, menant une vie de bohème. Il n'a qu'une obsession, un rêve, un fantasme peut-être, devenir écrivain. Pas un petit écrivaillon, non, un vrai écrivain, un grand parmi les grands, qui ne vivrait que de sa plume. Il a d'ailleurs des idées très arrêtées sur ce qu'est le travail d'écriture.
Seulement, pour le moment, il est surtout confronté au syndrome de la page blanche. Il cherche désespérément un incipit, un début percutant. Les mille premiers mots qui lanceront son roman. Il est persuadé qu'une fois ces mille premiers mots trouvés, la suite viendra naturellement.
Il décide alors de quitter un temps sa mère, sa ville, et de s'exiler au calme, à la campagne, afin de trouver l'inspiration et d'écrire sans être dérangé.
Mais rien ne vient. Toujours cette fichue page blanche. Jusqu'au jour où il rencontre une jeune coiffeuse pétillante. Il la trouve très mignonne, bien qu'elle ne réponde pas exactement aux canons habituels de la beauté. Peu importe, il tombe éperdument amoureux et finit par la séduire.
Ils s'installent dans une vie commune, idéale au début. Ils discutent de tout, mais ne sont pas forcément du même avis, aucun ne parvenant réellement à convaincre l'autre. Chacun campe sur ses positions. Mais l'amour permet de trouver un terrain d'entente et de glisser les divergences sous le tapis.
Tout est exprimé du seul point de vue du narrateur, Raphaël. Celui-ci est très affirmatif dans ses convictions, ce sont des certitudes, il se montre très sûr de lui, parfois professoral. Il sait. Les avis de sa compagne, Ève, sont plutôt des interprétations de ce qu'elle peut dire ou penser. Les concessions que chacun accorde à l'autre semblent plutôt feintes.
Le lecteur sent bien que tout cela ne va pas durer éternellement.
Cette expérience amoureuse donne cependant à Raphaël le déclic qui impulsera l'écriture de son roman. Il va tout simplement raconter sa propre histoire en se contentant de modifier les deux noms des personnages. Raphaël devient Carl et Ève sera Louise.
Au fil des jours, la situation évolue. Progressivement, la fiction qu'il écrit et la réalité de sa vie vont s'éloigner tandis que dans la vie du couple, les premières fêlures apparaissent. Puis c'est la réapparition de l'ex d'Ève qui va tout gâcher.
Tout dérape très vite. Raphaël tente de rattraper cette vie qui lui échappe en se réfugiant dans l'écriture de son roman qu'il peut maîtriser. le livre s'éloigne de plus en plus de la réalité, jusqu'à ce que le romancier en herbe ne sache plus faire la distinction entre ce qu'il vit réellement et ce qu'il écrit. La confusion est totale. Il commet alors un acte qui va provoquer la rupture définitive entre les deux amoureux. Mais cet acte, l'a-t-il réellement commis, ou l'a-t-il simplement écrit ? Il n'en sait rien.

Le roman de Julien Lachèvre, excellemment écrit, met en scène deux personnages attachants mais entêtés, si réels et vivants que l'on a envie à chaque page de les raisonner, de leur expliquer, de leur dire de faire un petit effort, d'écouter plus attentivement ce que l'autre exprime de manière pas suffisamment explicite, de se montrer plus prudent, plus conciliant. Quelquefois, ou aimerait même les secouer… Au fil des pages que l'on tourne de plus en plus fébrilement, on sent que l'affaire va mal tourner, mais on garde espoir qu'au final, tout finira par s'arranger…
Evidemment, je ne vais pas spoiler le roman, c'est à dire vous en dévoiler la fin, je ne veux pas le « divulgâcher », comme on dit au Québec. A vous d'en découvrir les ultimes rebondissements en lisant ce récit passionnant.

Le salon de l'anathème est aussi une réflexion sur ce que représente pour un romancier l'acte d'écrire, et au-delà de cet acte, le risque qu'il court à s'égarer dans la fiction et à perdre de vue la réalité. Chaque écrivain le sait bien : lorsqu'il est plongé dans l'écriture d'un roman, il crée un monde peuplé de personnages, mais il y vit aussi, fictivement, certes, mais fictivement tout de même. Il a parfois du mal à s'en extraire. Si cette fiction est directement inspirée de sa propre vie, le risque de confusion est grand, surtout s'il est un romancier débutant et qu'il ne dispose pas encore des clés de l'auteur expérimenté, celles qui lui permettraient de se protéger. C'est ce qui perdra le héros, Raphaël. Son égarement est restitué de manière remarquable dans la dernière partie du roman.






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Quoi de plus banal que d'entrer dans un salon de coiffure et de tomber amoureux de la jolie coiffeuse ?
Dans le roman de Julien Lachèvre, une telle rencontre n'a cependant rien de banal. Écrivain débutant mais amoureux déçu, Raphaël s'éprend d'Ève, bien décidé à réussir cette nouvelle et dernière (espère-t-il) relation.

Mais comme chacun sait, en amour, rien n'est simple. Et c'est précisément cette complexité, un mélange détonant de bonheurs petits et grands et de souffrances insupportables, qui va progressivement amener notre jeune auteur, victime du syndrome de la page blanche, à s'inspirer de sa liaison compliquée avec Ève et lui permettre d'enfin commencer à écrire.

Une démarche osée, cependant : car à mêler ainsi réel et fiction, on court le risque de ne plus très bien distinguer l'un de l'autre. Et c'est bien ce qui va se passer…

 Le Salon de l'anathème n'est pas qu'un simple roman, c'est aussi une profonde réflexion sur la relation amoureuse mais aussi sur le métier d'écrivain et  son rapport à la réalité.
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J'ai découvert la plume de Julien lors d'un concours Fyctia, et j'ai tout de suite aimé son style soutenu, les tournures de ses phrases, les émotions de ses personnages à travers les sensations décrites.

J'avais donc hâte de lire son 1er roman, et j'ai retrouvé avec délice son style si particulier, qui frôle l'académisme mais s'en affranchit avec brio.
L'auteur est un amoureux de la langue française et de la littérature. Même sans le connaître vous le sentez à travers son texte.

📗LE SALON DE L'ANATHEME, c'est quoi?
=>Il faut lire le roman pour le savoir! 😁
Raphaël est un écrivain en herbe qui a un coup de foudre dans un salon de coiffure. Son amour naît en même temps que l'écriture de son 1er livre.
Et tout se mêle et s'emmêlent dans un tourbillon de sentiments, de réflexions, de passion, et de tourments...

L'anathème, c'est quoi?
=> c'est un mot fort et au sens délicat quand on n'est pas croyant... cherchez dans le dictionnaire! 😛
=> je l'ai ressenti comme étant le destin de Raphaël.
➡ Ce jeune homme est un véritable héros ROMANTIQUE.
Jeune, passionné, mélancolique, différent, idéaliste, âme créative...
Le héros romantique amoureux est toujours tourmenté, rattrapé par son idéalisme et sa perception particulière de ce qui l'entoure.
Le héros romantique vit dans son propre monde. Et ce nouveau monde pour Raphaël, c'est Eve.

Mais plus le temps passe, plus l'amour évolue.
Plus le temps passe, et plus le manuscrit de Raphaël grandit, nourri par sa propre existence.

Et quand les sentiments s'entrechoquent finalement, dans un orage où grondent la vérité et la passion, comment démêler la réalité de la fiction?

📗L'auteur de ce roman nous embarque dans une incroyable mise en abyme qui parlera à tous les amoureux du romantisme, de la littérature, et de l'amour.

Je suis admirative de cette plume, de ses mots, de cette force et ce parti pris littéraire. 🙏
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mille mots…
Rien que les mille premiers mots…
Le plus difficile dans le processus d’écriture d’un roman, ce n’est pas l’idée initiale, le plan global de l’œuvre, les ébauches, les recherches documentaires… La tâche la plus complexe est celle qui consiste à coucher sur le papier les mille premiers mots.
Sur les cinquante à cent mille termes qui composent généralement un récit en prose, le premier pour cent est le premier pas qui insuffle l’énergie et la bonne direction à l’auteur. Le reste n’est que du travail, de la motivation, de la relecture attentive, des corrections chirurgicales, de la souffrance et de la douleur. Mais une peine bien moindre par rapport au travail que constitue le premier mont à gravir.
Comme Sisyphe, l’écrivain — et a fortiori l’écrivain en herbe — va pousser son rocher devant lui, suer et se maudire de s’être retrouvé enchaîné dans une telle voie. Mais à mesure qu’il avance et qu’il voit l’horizon bouger avec lui, il ressent, écrasé par le poids du roc et sur la courbure de la montagne qui exalte sous ses pieds blessés, et sur la courbure du temps, qu’il va se révéler et atteindre son but.
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On clame toujours haut et fort qu’on veut le bonheur tout de suite, que le bonheur c’est une substance filante qu’il faut non pas chercher à saisir, mais savourer dans l’immédiateté de l’instant. Au fond, ce ne sont que des mots, des postures grandiloquentes et fracassantes. Dans les faits, on est rarement
capable de tout abandonner à l’idée de bonheur. Et ceux qui vivent vraiment cet état d’accomplissement ne sont pour la plupart pas de ceux qui en parlent ou le revendiquent. Ils sont dedans, le vivent et l’éprouvent ; et ça leur est bien suffisant.
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Ce qui me bloque dans le travail de l’écriture,
ce sont les mécanismes d’action. Comment faire
avancer la trame narrative sans être artificiel ? Comment faire parler mes personnages et laisser paraître
que leur prise de parole a été générée par eux seuls ?
Les rouages de l’écriture se déroulant, qui semblent
si naturels chez les autres, ceux que je lis, m’apparaissent d’une complexité folle lorsqu’il s’agit de leur
donner vie.
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