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4,3

sur 2011 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec la collection « Ma nuit au musée », les éditions Stock proposent à un auteur de raconter son expérience passée dans les ténèbres d'un lieu culturel de son choix.
Pourquoi Lola Lafon a-t-elle opté pour la Maison d'Anne Frank à Amsterdam et, plus précisément, pour l'Annexe, cachette de quelques mètres carrés dans laquelle l'adolescente, ses parents, sa soeur Margot et quatre autres Juifs ont passé deux années avant leur arrestation par la police allemande ?
En souvenir de la « médaille dorée frappée du portrait d'Anne Frank » offerte par sa grand-mère et aussi d'un amour de jeunesse sacrifié au nom d'une idéologie mortifère.
Tout au long des cent quatre-vingts pages qui relate cet étrange moment, l'écrivaine alterne réflexions sur ce qu'a représenté et continue à incarner la jeune fille morte du typhus à Bergen-Belsen quelques mois avant la libération du camp et chronique intimiste de sa propre judéité.
Lecture quasi obligatoire, tout le monde a parcouru le « Journal d'Anne Frank » mais peu se souviennent de son contenu. Pour beaucoup, celle qui a péri à l'âge de seize ans est un symbole, source d'un « sentimentalisme bon marché », comme l'écrivait Hannah Arendt, et aussi un objet d'une merchandisation et d'un voyeurisme obscène .
Au-delà de l'emblème que certains agitent comme un mantra, Anne Frank est avant tout « une autrice prodige » que son père Otto, seul survivant de la famille, s'est acharné à publier en respectant son intégrité pour mieux souligner la clairvoyance et la singularité de sa cadette. Pourtant, les éditeurs ont préféré présenter son journal comme un monument pour la paix ou encore le témoignage de « l'épanouissement d'une adolescente face à l'adversité ». Mais de quelle adversité s'agit-il ? Nulle part il n'est fait allusion au régime nazi et à la Shoah !
Pour préparer sa nuit au musée, Lola Lafon a contacté Lauren Nussbaum qui « étudie Le Journal en tant qu'oeuvre littéraire depuis les années 1990 ». C'est cette femme qui dévoile une partie de la vérité sur Anne Frank en affirmant que son désir le plus profond était d'être lue. Une révélation qui ne pouvait que séduire l'autrice de « Chavirer » dont les romans donnent la parole à celles dont les voix sont inaudibles.
Le « Journal » n'est pas qu'un simple compte rendu du quotidien d'Anne Frank. En s'adressant à Kitty, une amie imaginaire, celle-ci emploie un style original et n'occulte pas le contexte historique.
Pendant les quelques heures de son séjour dans l'Annexe, Lola Lafon tente d'imaginer ce que les résidents ont ressenti. C'est la peur qui domine.
Avant de rejoindre Amsterdam, elle se plonge dans des textes sur la Shoah, et c'est la révélation. Elle prend conscience qu'elle a toujours évité toute évocation de l'antisémitisme dont la forme la plus radicale fut l'extermination des Juifs.
Cette histoire, c'est celle de sa famille qui a tu ce qu'elle a subi. Deux narrations vont alors se télescoper, celle d'Anne Frank et celle des parents, au sens large, de Lola Lafon, qui ont laissé une empreinte génétique indélébile dont elle a voulu se débarrasser. Mais le passé vous rattrape toujours et ce retour comme un boomerang est certainement la véritable raison qui a poussé Lola Lafon à pénétrer dans l'Annexe. le surgissement d'un souvenir d'enfance tragique contribuera également à ce basculement. À lire en écoutant la mélancolique ballade des Bee Gees « I started a joke ».
Malgré une écriture magnifique et une grande intelligence, j'ai été un peu gênée par la lecture de « Quand tu écouteras cette chanson ». Peut-être est-ce le principe de l'exercice imposé qui donne l'impression d'une artificialité dans le propos, la sensation de lire une espèce de fourre-tout dans lequel l'autrice aurait voulu loger toute sa vie...
Compte tenu de la brièveté du texte, je suis restée un peu sur ma faim. J'aurais aimé que Lola Lafon développe cette épiphanie libératrice et apaisante qui l'a saisie.

EXTRAITS
Elle gagnait du temps sur la mort en écrivant sa vie.
Écrire n'est pas tout à fait un choix : c'est un aveu d'impuissance. On écrit parce qu'on ne sait par quel autre biais attraper le réel.

Lien : http://papivore.net/divers/c..
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Lola Lafon nous raconte une histoire qui n'en est pas une, elle nous raconte une expérience vécue. Elle passe la nuit dans le musée de la maison de la célèbre Anne Frank, dans un lieu emblématique aux milliers de visiteurs annuel. Mais elle y passe la nuit, seule. Cette solitude va rendre à ce lieu une tout autre dimension.
Dans ce livre, elle nous raconte simplement et honnêtement ce qu'elle a vécu entre ses murs chargés de souvenirs.
Plus qu'un récit concis et factuel, ces lignes reflètent une introspection beaucoup plus secrète et personnelle que ce que j'avais imaginé. Lola Lafon se questionne sur l'oeuvre d'Anne Frank et oppose le sens interprété et le sens désiré de ce journal. Anne Frank en réalité tout le monde connaît son nom mais pourquoi ? Anne Frank désirait-elle cette triste célébrité ?
Lola Lafon au travers de son écriture tente de légitimer l'écriture d'une autre, tente de rendre son sens premier à ce journal. Et c'est presque malgré elle, en voulant témoigner du travail d'une autre, qu'elle nous offre un roman magnifique et très intime.
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C'est au tour de Lola Lafon de s'enfermer dans un musée toute une nuit afin d'y prendre la plume.
C'est dans le musée Anne Frank que l'auteure se rend. Une plongée dans la grande et la petite histoire de cette jeune fille que le monde entier connait au travers de son journal. Loin de tomber dans un récit pompeux ou mélodramatique sur le sujet, elle nous offre une autre vision de cette "héroïne malgré elle". Elle nous rappelle le rêve d'Anne Frank qui était de devenir écrivaine et qui avait donc écrit son journal dans l'espoir d'être publiée. Elle nous plonge dans le parcours d'un père soucieux d'exaucer le rêve de sa fille même si elle ne pourra jamais le voir. Et derrière cela, elle nous parle aussi des liens familiaux ou encore du travail d'écriture... Un roman qui emporte le lecteur à travers le temps et les émotions.
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J'aime beaucoup cette collection chez Stock « la nuit au musée ». En format « presque » poche, la couverture noire à l'extérieur et jaune à l'intérieur porte de délicats points d'argent comme des étoiles formant une constellation de ces nuits d'introspection dans le silence des musées qui offrent chacun leurs mystères nocturnes. Plusieurs auteurs ont ainsi été invités à se confiner une nuit dans un musée. Je vous avais parlé de celui écrit par Leïla Slimani (la pointe de la douane à Venise), et je vous parlerai bientôt de celui de Léonor de Récondo (musée del Greco de Tolède) ou de celui de Kamel Daoud ( musée Picasso à Paris).
Pour cette nouvelle expérience, la délicate Lola Lafon part s'enfermer à Amsterdam dans l'Annexe du musée d'Anne Frank.
Elle nous fait découvrir certains dessous de la publication du journal de la jeune Anne (mais aussi l'histoire de Margot sa soeur et ses parents dont seul le père Otto reviendra des camps de la mort), partager des lectures approfondies et discute de l'appropriation de ce récit par le théâtre, les milieux culturels et autres mouvements politiques. Cette « épreuve », elle s'y prépare par des rencontres avec des témoins et des auteurs qui ont travaillé sur le journal. Cette préparation sera sans doute nécessaire tant cette immersion fera écho à son histoire familiale (une partie de sa famille ayant péri lors de la shoah), ainsi qu'à une rencontre dans son enfance qui démontre, si besoin, la « crasse permanence » des guerres sur le destin des enfants quel que soit les continents ou les belligérants.
Le style est très épuré, direct, et va à l'essentiel, mais plein de poésie et de délicatesse. Les souvenirs et les expériences liées à sa place dans la société au regard de ses origines ( Russo-polonaise par sa maman, elle a vécu en Bulgarie, en Roumanie et a passé ses étés dans les Landes), se mélangent avec le récit d'Anne Frank ou le témoignage de l'appropriation parfois vulgaire qui a suivi la publication du journal.
Elle sait partager avec beaucoup d'émotions l'impact des lieux et de la muséographie sur ses souvenirs personnels, la perception de ses racines et sa légitimité pour parler avec sérénités de cet épisode de l'histoire. On perçoit la difficulté voire la souffrance de se confronter au réalisme de l'absence de ces disparus.
Vous ne pourrez qu'être profondément émus.
N'hésitez pas à lire ce livre qui est d'une grande beauté et d'une rare élégance. Il vous donnera sans doute envie de relire le journal d'Anne Frank, riche de ces éclairages pleins d'humanité et de sensibilité.

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➡ Une nuit dans le musée d'Anne Franck, l'occasion pour Lola Lafon de nous rappeler à quel point sa vie trop vite arrachée a été arrangée selon les messages que l'on a voulu transmettre, et ce jusqu'à en oublier sa véritable personnalité.

➡ Au-delà de l'histoire d'Anne Franck, sans oublier ses proches, ce récit nous plonge dans les lieux de son quotidien et de la malheureusement trop célèbre Annexe.

Une immersion bouleversante.

➡ L'autrice établit un parallèle avec ses origines que l'on souhaite souvent oublier mais qui nous reviennent malgré tout.

🌹 Un livre poignant qui interroge.
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Une idée originale que de passer la nuit dans un musée alors je me suis laissée embarquée dans ce récit sans aune difficulté même avec une certaine curiosité. J'ai essayé de rechercher dans ma mémoire, mes souvenirs concernant ce musée visité il y a plusieurs années et j'ai tenté de faire ressurgir mes émotions et mon questionnement en lien avec le ressenti de Lola Lafon. Mais peu à peu je me suis lassée, l'histoire a pris une autre tournure plus en lien avec l'histoire personnelle de l'auteur et ça m'a moins intéressée. Jolie performance tout de même pour Lola Lafon que de nous immerger dans le vécu d'Anne Franck, jeune fille que je côtoie depuis de longues années, qui ne la connait pas mais s'en mettre particulièrement posée sur son vécu dans cette annexe. Nous restons bouleversés par son destin tragique mais nous en oublions toutes ces années d'espoir et de vie dans cette annexe. Merci à Lola Lafon d'avoir pris le temps de nous faire réfléchir à ce vécu si particulier de cette famille et l'idée originale de vivre une nuit au coeur même du récit est toute à fait intéressante et émotionnellement très forte.
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Décidément, Lola Lafon a le don de parler des jeunes filles et de sa plume nous émouvoir.

L'autrice a passé la nuit du 18 août 2021 dans les 40 mètres carrés où Anne Frank et sa famille ont passé 25 mois, cachés, avant d'être arrêtés par les nazis le 4 août 1944.

En proie au silence et au rien, Lola Lafon s'approche de la jeune fille à tâtons avec la délicatesse qu'on lui connait sans jamais chercher à s'approprier le symbole Anne Frank comme tant d'autres l'ont fait. L'autrice égrène ses observations et ses questionnements au fil des heures avec la seule certitude qu'Anne Frank s'est battue pour adresser ses lignes à un futur lectorat.

On n'a pas besoin de savoir pour être sensible, il nous faut regarder. Ainsi, peut-être en miroir du journal d'Anne Frank, Lola Lafon livre non sans effort le récit intime de son histoire familiale et c'est en en forme de trait d'union qu'elle offre une partie d'elle-même, le titre « Quand tu écouteras cette chanson ».

Cet ouvrage serré nous insuffle l'envie irrépressible de rouvrir le Journal d'Anne Frank rangé dans l'un de nos placards. Y-a-t-il plus bel hommage à rendre à celle qui désirait être lue, non vénérée ?

Vite, vite, à (re)lire !
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On a, à peu tout raconté, sur Anne Franck, et son célèbre journal. Aussi la démarche de Lola Laffont m'a-t-elle interrogée sur le moment.
Qu'allait elle pouvoir apporter ?
Dans le cadre d'un collection, Une nuit au musée, elle choisit de la passer dans l'annexe, où restera Anne et sa famille pendant l'occupation allemande avant d'être déportée.
Il faut un sacré courage, pour rester seule dans ce lieu peuplé de souvenirs extrêmement chargés ….mais certainement nécessaires afin de faire surgir la vie d'une jeune femme qui était avant tout une adolescente, avec ses premiers émois amoureux, sa certitude d'être un jour une grande autrice.
Je ne connaissais pas non plus, les utilisations et les projets qui ont été faits par Hollywood, autour de l'adaptation de cette oeuvre sensible.
Un texte qui apportera des zones de lumières sur ce journal universel et un devoir de mémoire, très utile….
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Dans la collection « ma nuit au musée » de l'éditeur Stock , Lola Lafon propose un douzième opus (après entre autres : Lydie Salvayre, Leila Slimani, Santiago H Amigorena).
C'est à Amsterdam, dans « l'Annexe » où ont vécu Anne Franck et sa famille que Lola Lafon va s'enfermer volontairement. C'est une expérience difficile ; elle ne parvient que tard dans la nuit à pénétrer dans la chambre d'Anne. Une pièce vide puisque les nazis, après l'arrestation, ont pillé les lieux.
Son livre révèle des pans inconnus de la vie d'Anne puisque elle a rencontré Laureen Nussbaum, universitaire qui travaille sur Le Journal, en tant qu'oeuvre littéraire depuis 1990 et une des dernières personnes à avoir bien connu les Franck ; « c'est nier la démarche de l'autrice Anne que de la réduire à un témoignage. Anne voulait devenir écrivaine et journaliste, elle l'a écrit. »
Lola lafon nous éclaire aussi sur le traitement qui a été fait du « Journal » après sa découverte : Aux USA on en a fait une pièce, puis en 1959, un film, dans lesquels on a parlé de « message d'espoir », en n'hésitant pas à changer la fin !
Lola Lafon évoque également sa propre famille, juive d'origine roumaine, l'impact sur sa propre existence, de l'histoire de sa famille.
Enfin, dans les 20 dernières pages l'autrice raconte une autre histoire : celle d'un jeune cambodgien disparu, dans le génocide commis par les Khmers rouges qu'elle a connu à Paris alors qu'elle avait une dizaine d'années. Anne Franck et ce garçon sont les maillons d'une même chaine ; il arrive à l'histoire de bégayer.
Ce livre est délicat, bien écrit, émouvant et instructif !


Lien : https://poirson.marie-helene..
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Lola Lafon passe une nuit au musée Anne Frank, dans l'Annexe. L'occasion pour l'autrice de se confronter à sa propre histoire et à celle de sa famille. Une réflexion qui s'étend à la mémoire et au travail de l'écriture.
Un très beau texte, bouleversant tout en restant sobre et pudique.
A lire en gardant dans un coin de la tête l'adolescent(e) qu'on a été.
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