Bruno Lafourcade a écrit d'intéressants romans, et un
essai sur le suicide. le sujet ne pouvait qu'intéresser un auteur anti-moderne comme lui, qui, à la suite de
Philippe Muray, vomit le monde tel qu'il est et ceux qui en font l'éloge. Superficiellement, on ne verra en lui qu'un polémiste, alors qu'il recourt à la satire et à l'indignation parce que c'est le seul moyen aujourd'hui de hausser le ton, de donner de la voix dans le vacarme politiquement correct de la littérature. Comme cette littérature de confort fait l'éloge du monde et en tait les horreurs, "le devenir-monstre du monde" disait Muray, le suicide est un sujet tout trouvé : cet acte est un camouflet jeté à la face de la société unanimiste, grégaire et bruyante, c'est un non catégorique et inutile auquel on se résout quand il n'y a plus rien à faire. le livre de Lafourcade se divise en trois parties : une étude des mobiles du suicide, un classement des principales figures de suicidés selon leur activité professionnelle, enfin un exposé des principaux discours justificatifs du suicide, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Cet ouvrage plein d'un humour féroce ne fatigue pas le lecteur par un recours constant au polémique, à l'engagement, qui gâchent un peu les romans du même auteur. Un bon antidote à la littérature encensée par les médias progressistes.