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EAN : 9782841868766
289 pages
Michalon Editions (04/01/2018)
4.42/5   13 notes
Résumé :
Depuis les années 1960, l'hôpital est devenu le lieu de l'accouchement. Disparues les terreurs d'antan et les souffrances d'un autre âge : la péridurale y est aujourd'hui reine pour supprimer les douleurs.
Pourtant, dès que l'on questionne les femmes sur leur expérience, nombreuses sont celles qui font part de vexations, d'intimidations, de coercitions, voire de brutalités et de violences. Ce qui devait être un heureux événement se transforme en cauchemar sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Replacer les femmes au coeur des dispositifs décisionnels

Des femmes accouchent, des obligations et des interdictions, des témoignages, la médicalisation et des violences faites aux femme. « Ces atteintes à l'intégrité physique et à la dignité humaine sont au coeur même de la manière dont notre société organise les naissances ». Des femmes dépossédées de leurs accouchements car considérées comme incompétentes. le spectre de la mise en danger des enfants à naitre et des femmes elles-mêmes ! Un corps médical qui saurait mieux que les principales intéressées, qui impose ses choix, ses pratiques, ses rythmes…

Je n'ai pas les compétences pour aborder toutes les analyses. Des amies m'ont parlé de leur(s) accouchement(s). J'ai assisté moi-même à l'accouchement d'une personne très proche. Je me souviens encore des impositions, de la souffrance exprimée, de l'infantilisation de la personne, des astreintes de posture, des gestes non explicités, de l'épisiotomie…

Les besoins et les demandes de femmes, Marie-Hélène Lahaye rappelle que « Toutes ces demandes, parce qu'elles proviennent de la personne concernée au premier chef parce qu'elle va vivre, sont légitimes et respectables et doivent être pleinement entendues ». Elle souligne les capacités de discernement des femmes, leurs possibles choix, leurs aptitudes à utiliser leur corps, n'en déplaise aux directives médicales.

Les accouchements et le prisme de la pathologie ou les ritournelles mortifères, « le pouvoir médical érigé en seule bouée dans une mer de danger », la liste des interdits et des obligations, une certaine forme d'« exorcisme » moderne ou la mort brandie « pour m'imposer un comportement précis, en l'occurence me taire ». Et l'oubli du « consentement libre et éclairé du patient comme préalable à tout acte médical »…

« Face à la mort brandie par les médecins comme seule rhétorique, j'ai fait le choix de répondre par une argumentation basée sur la science ».

Marie-Hélène Lahaye revient sur l'histoire des accouchements, l'utilité des obstétriciens, les protocoles hospitaliers… Elle aborde dans un premier temps, les accouchements « physiologiques », l'effort physique extraordinaire, le processus de naissance « basé sur une succession de réflexes, d'ajustements anatomiques et de procédés biologiques », l'accouchement par soi-même…

L'autrice analyse l'accouchement à l'hôpital, l'« accouchement masculin », la division du travail entre intervenant·es, les effets de standardisation des femmes, « Ce fonctionnement fordiste permet aussi de réduire le personnel hospitalier au minimum et de maximaliser l'utilisation des salles de naissances en gérant la rotation optimale des femmes dans celles-ci », les injonctions d'hormones, les déclenchements d'accouchement, la gestion du temps hospitalier et la non-prise en compte du temps des corps, l'utilisation d'instruments pour faciliter les extractions (ventouses, forceps, spatules), les épisiotomie et les césariennes. Protocoles et durées standardisées versus émotions et sensations des femmes, mesure des temps versus temps d'actions et d'initiatives des femmes…

Marie-Hélène Lahaye souligne « le sytème de croyances, de dogmes et de superstitions sur lequel repose l'obstétrique », la négation du caractère de mammifère des femmes, l'usage répandue de l'épisiotomie qu'elle caractérise de « mutilation sexuelle », les positions imposées et pourtant peu propices à faciliter l'accouchement… La grossesse n'est pas une maladie, l'accouchement n'est pas une pathologie… cela devrait induire une certaine prudence de comportement envers les femmes, limiter les interventions qu'en cas de nécessité vitale, respecter les choix des femmes.

Des mortes en couches. L'autrice parle d'histoire, de la baisse de la mortalité périnatale et de ses raisons, dont l'amélioration des conditions de vie, les règles d'hygiène, les antibiotiques, les transfusions sanguines et les césariennes en cas de nécessité. Des progrès indéniables permettant une très forte baisse de la mortalité… avant que la norme soit l'accouchement à l'hôpital.

Politique nataliste, priorité donnée à l'hôpital, « le contrôle des ventres des femmes » fut et reste un enjeu politique majeur. Il ne faudrait pas oublier les longues luttes des femmes pour le droit à la contraception et à l'avortement (et aussi, les stérilisations forcées, les mutilations sexuelles, les mariages forcés, les viols dont les viols par les conjoints…). L'autrice déconstruit un certain nombre de mythes autour de la pathologisation de la grossesse et de l'accouchement. Elle souligne que les standardisations induites par la gestion hospitalière sont des violences envers les femmes.

Je souligne notamment les passages sur le corps des femmes, la désexualisation du vagin, les touchers vaginaux sans autorisation préalable, l'exposition à tous, la temporalité unifiée de la vitesse d'ouverture du col de l'utérus, le fétichisme de la date d'accouchement plus en lien avec la gestion des lits que des réalités vécues par les femmes, la santé et le bien-être des femmes devrait primer l'emploi du temps des praticien·es et les « superstitions autour de la date présumée d'accouchement », la position du « missionnaire » aussi inadéquate pour les accouchements que pour jouir pendant les actes sexuels, les privations de nourriture peu compatibles avec l'énergie à déployer pour accoucher, l'imposition de péridurale, les techniques invasives, les accélérations du temps, la réduction des femmes à la passivité…

Les femmes sont accouchées… et non accouchent.

La perte du pouvoir décisionnel s'accompagne d'un cortège de violences, violences obstétricales, (l'autrice les définit : « tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n'est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente »), violences institutionnelles et violences basées sur le sexe, pathologisation de phénomènes physiologiques, positions imposées inconfortables et douloureuses, forte lumière, bruits incessants, privation de nourriture, dénudation et exposition du sexe, négation du libre arbitre, obligation de se soumettre aux protocoles médicaux. « Il est temps de mettre au grand jour les violences subies derrière les portes des hôpitaux et considérer que cette question ne se résume pas à la stricte relation médicale entre une patiente et un obstétricien ».

Au nom du savoir médical, la parole des femmes est une fois de plus confisquée.

« Comme pour toutes les violences faites aux femmes, de puissants mécanismes de réduction au silence oeuvrent pour faire taire les victimes et maintenir en place un sytème de domination masculine. »

Marie-Hélène Lahaye aborde aussi la dichotomie toujours bien présente dans l'imaginaire social « entre la mère et la putain », la douleur associée aux phénomènes physiologiques « être femme, c'est avoir mal », l'endométriose toujours mal diagnostiquée, les influences extérieures sur la physiologie du corps, la construction sociale de la douleur, la prescription patriarcale chrétienne « tu enfanteras dans la douleur », la réduction des femmes à leurs corps, les comportements malveillants socialement acceptés, ce privé qui est bien politique… et les maisons de naissance, les accouchements à domicile, la réhabilitation des « sages-femmes)…

Aux violences obstétricales, aux prescriptions sociales, religieuses ou médicales, à l'imposition de protocoles gestionnaires, au « couchées, passives, décentes et silencieuses », Marie-Hélène Lahaye oppose une « suggestion libératrice » : « Et si tu tentais un accouchement orgasmique ? »

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Blog de l'autrice : Marie accouche là

http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Accouchement. Les femmes méritent mieux est un essai féministe de Marie-Hélène Lahaye, connue surtout pour son blog Marie accouche là - Explorations politiques et féministes autour de la naissance, paru aux éditions Michalon. Féministe belge convaincue, écologiste, l'autrice est désormais entrée en politique pour défendre ses valeurs, dont celle de la naissance respectée.

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Ce livre est conçu comme un plaidoyer de l'accouchement physiologique. D'ailleurs, pourquoi nommer ce "type" d'accouchement ainsi ? Parce que depuis une centaine d'années, l'accouchement est devenu médicalisé - à outrance. Marie-Hélène Lahaye raconte son parcours : son accouchement en maison de naissance qui lui a ouvert les yeux, grâce à des praticiens bienveillants, et l'envie décisive de creuser le sujet, en créant notamment son blog en 2013 qui a eu un succès retentissant. Ce blog a recueilli de nombreux témoignages de femmes racontant leur accouchement, et la blogueuse s'est transformée en autrice. Remettre l'accouchement dans le champ de bataille du féminisme, voilà le sujet. En effet, la naissance a été un sujet longtemps ignoré des féministes, pour qui le slogan "un enfant si je veux, quand je veux" résumait simplement le désir de contraception, d'accès à l'IVG, et plus tard, l'amoindrissement de la douleur de la parturition grâce aux avancées médicales.

Cet essai en sept parties, façonnées de chapitres cours et incisifs, démontre bien à quel point l'abandon féministe de cette sphère a été la porte ouverte à la maltraitance médicale, qui sévit depuis le XVIIe siècle. Voici les parties composant ce livre : "La peur comme arme de soumission" (ou comment on oblige les femmes à accoucher à l'hôpital en leur agitant le spectre de la mort sous le nez), "L'accouchement physiologique et l'accouchement masculin" (le premier chapitre de cette partie est une bouffé de puissance pour toutes les femmes qui n'ont pas confiance en leurs capacités d'accoucher, le second montre comment les hommes se sont accaparés cette puissance), "Les dogmes de l'obstétrique" (l'autrice explique et démonte les fausses croyances sur l'accouchement et le dogme de toute-puissance de l'obstétricien, pour qui la femme est un animal ignare et irresponsable), "Mon corps m'appartient" (il faut avoir le coeur accroché pour lire ces chapitres sur tous les actes médicaux comme les touchers vaginaux, l'épisiotomie, etc, qui sont presque tous pratiqués sans le consentement de la patiente et de façon intempestive), "La violence obstétricale" (l'autrice rapproche un accouchement "lambda" à l'hôpital à la torture, à travers des arguments édifiants), "Les injonctions de genre" (partie importante sur les stéréotypes de genre, qui doivent s'affirmer même lors d'un accouchement : les femmes doivent rester "à leur place", c'est-à-dire douce et passive, et le père est souvent utilisé par les soignants pour "calmer" la parturiente ; cette partie remet aussi en question l'usage de la péridurale, à double tranchant : instrument qui soulage mais qui aussi immobilise et calme la femme...), "Le privé est politique" (guerre des sexes, ou guerre entre sages-femmes et gynécologues-obstétriciens depuis la nuit des temps), et enfin "Pour un féminisme de la naissance" (l'accouchement ne doit plus être un sujet ignoré des féministes, le slogan "un enfant si je veux quand je veux" se voit ajouter "et où je veux", car les femmes ont encore peu le choix du lieu de leur accouchement).

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Accouchement. Les femmes méritent mieux peut faire peur. En effet, l'autrice dénonce, accuse même, les violences obstétricales et les conditions d'accouchement en France de nos jours : trop de pratiques médicales invasives, stress induit par le personnel et leurs décisions aberrantes qui vont à l'encontre du bon déroulement naturel de la parturition, spectre de la mort qu'on agite devant toutes les femmes récalcitrantes, tout est bon pour contrôler le corps des femmes. Depuis des dizaines d'années, on ne sait plus accoucher naturellement, on nous a appris que notre corps était incontrôlable, sauvage, imprévisible, faible, inapte. Pas étonnant que l'approche de ce grand événement nous terrifie et que l'on s'en remette aux mains des médecins, qui pratiquent des actes parfois traumatiques. On se soumet doctement, remettre en question les paroles des blouses blanches ne nous vient pas à l'esprit, ou alors avec culpabilité.
Mais sommes-nous si faibles que nous ne pouvons accoucher sans toute l'armada de machines et de personnels d'un hôpital ? Et bien non (bien sûr, hors grossesse et accouchement pathologiques). L'autrice rassure et explique que le corps féminin sait accoucher, propose le bon déroulement d'un accouchement libre, donne les informations nécessaires pour appréhender ce moment de façon plus sereine, et surtout, donne le choix : avoir le choix de dire non, de demander des explications, de choisir l'endroit, l'équipe soignante, bref, elle nous enjoint à faire entendre notre voix.
Cet essai se veut aussi scientifique, en effet, il est rempli de références bibliographiques, l'autrice s'appuie donc sur des études et des faits qu'il serait difficile de remettre en cause. Plus qu'un pamphlet vindicatif, il s'agit d'une vraie mine d'informations. La bibliographie proposée à la fin est très complète et diversifiée, et nous encourage à mener la réflexion plus loin.

Cet essai remet donc en question totalement les normes d'accouchement et insuffle une énergie aux futures mamans pour qu'elles osent se documenter et se faire respecter, et je le recommande à 100% à quiconque s'intéresse au sujet !
Lien : https://mots-silencieux.blog..
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J'ai découvert le blog de Marie-Hélène Lahaye quand je suis devenue mère il y a déjà 10 ans. le blog Marie accouche là est en effet né la même année que mon premier bébé, événement qui m'a projetée dans des abîmes de découvertes et de questionnements intellectuels.
Après avoir échoué à trouver du grain à moudre en librairie (il y a 10 ans l'offre éditoriale était très différente d'aujourd'hui) je me suis rabattue sur le Web et de fil en lecture je suis arrivée sur ce blog "explorations féministes autour de la maternité". Wow.
Moi qui n'avais alors rien de féministe, je commençais à comprendre qu'il fallait remettre en question quelques préjugés pour analyser de que j'étais en train de vivre. La lecture de Marie-Hélène Lahaye allait poursuivre cette prise de conscience.

Je me souviens de ma sidération devant ces billets courts et impitoyables qui ouvraient mon esprit à des horizons que je ne soupçonnais pas... La virulence du propos me semblait extrême. Les témoignages incroyables. Mais l'argumentation était solide et étayée par de nombreuses références scientifiques, invitant à changer de regard.
Le livre Accouchement, les femmes méritent mieux, publié en 2018, reprend nombre de ces chroniques mises à jour et augmentées. C'est un essai rédigé à la première personne dans lequel l'autrice n'hésite pas à se montrer partiale. Certaines de ses comparaisons pourront paraître outrées mais c'est sûrement un mal nécessaire pour créer un choc de conscience et amener à réfléchir.

Pour les filles des années 80 comme moi, élevées dans le modèle intellectuel du féminisme français, conditionnées par le patriarcat à se considérer comme des chanceuses privilégiées, la lecture de Marie-Hélène Lahaye fait partie de celles qui aident à ouvrir les yeux et à prendre la mesure des combats qui sont devant nous.
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"Accouchement : les femmes méritent mieux" ; le titre est limpide : les représentations vis-à-vis de l'accouchement et de l'accouchement normal ou souhaitable doivent évoluer et les violences obstétricales doivent cesser.
C'est un essai clair et bien documenté.
Si j'avais juste deux critiques à formuler, d'une part l'ouvrage est quelque peu répétitif (on retrouve à plusieurs endroits des propos très similaires), d'autre part il manque parfois de nuances. Je pense à certaines phrases assassines sur les obstétriciens (disant par exemple que ceux-ci pensent que les femmes n'ont pas de cerveau ; et ce n'est pas vraiment du second degré), obstétriciens qui peuvent d'ailleurs être obstétriciennes et manifester la même violence qu'un homme. Ce point n'est quasiment jamais évoqué alors que des violences gynécologiques ou obstétricales ont déjà et peuvent être réalisées tant par des professionnels que par des professionneLLES.
De même qu'il y a un passage sur les mauvaises conditions de travail à l'hôpital, qui selon l'autrice "n'expliquent pas pourquoi certains membres du personnel sont malgré tout, respectueux, voire n'hésitent pas à critiquer la violence de leurs collègues", alors qu'il y a aussi des métiers stressants où les professionnels restent agréables... C'est ignorer une triste réalité qui peut amener les soignants à un véritable burn-out, à un épuisement psychique et physique. le métier de soignant présente des horaires fortement atypiques (gardes de 12h et/ou horaires décalés, travail de nuit, travail week-end et jours fériés, astreintes), des arrêts maladies fréquents et/ou un manque de recrutement (faute de candidats souvent) qui peuvent amener à revenir travailler sur un jour de repos et/ou à être en sous-effectif, et c'est un travail qui par le contact avec la maladie, la souffrance, les patients, la famille, la mort, n'implique pas du tout le même type de stress que celui que peut éprouver un artiste (exemple cité dans le livre). Je suis infirmière et je suis complètement en accord avec le reste de l'ouvrage et sa critique sur l'accouchement en milieu hospitalier, mais j'avoue que cette partie m'a irrité car je ne pense pas que l'autrice sait clairement de quoi elle parle et ses comparaisons sont douteuses, n'ayant probablement jamais travaillé dans ce milieu.
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Les violences gynécologiques et obstétricales sont un sujet qui me tient à coeur car j'en ai moi-même été victime. Mais sans pouvoir trop en parler, ou en tout cas, sans trouver à qui en parler, avec toujours plus ou moins la même réponse "Mais ton bébé va bien, c'est le principal."
Je pensais en connaître un rayon sur le sujet mais j'étais loin du compte. Marie-Hélène Lahaye, juriste belge et autrice du blog "Marie accouche là", remonte à l'origine de la gynécologie obstétrique pour expliquer les pratiques actuelles et surtout leur persistance en dépit des publications scientifiques et des recommandations de l'OMS. Et c'est là la force de ce livre: un incroyable travail de bibliographie scientifique. Ce livre n'est pas un recueil de témoignages (le net en est plein si ça vous intéresse) mais une véritable analyse scientifique de la situation.
Pourquoi la gynécologie obstétrique a-t-elle tant de mal à évoluer en s'appuyant sur les dernières recherches (ce qu'on appelle l'evidence based medecine) contrairement aux autres spécialités médicales? Pourquoi des pratiques délétères sont-elles encore largement utilisées en France et en Belgique alors qu'elles ont été considérablement réduites voire abandonnées dans les pays nordiques et anglo-saxons? Comment expliquer cette différence? Pourquoi la parole des femmes est-elle systématiquement niée? Leur ressenti pas écouté? Pourquoi agite-t-on toujours le spectre de la peur (la douleur, la mort de la mère ou de l'enfant) pour les soumettre à des pratiques injustifiées et souvent douloureuses? Pourquoi le consentement libre et éclairé de la patiente pour chaque acte médical (une obligation légale) passe à la trappe la plupart du temps? Les gynécologues et les sages-femmes ne sont bien sûr pas volontairement maltraitant.e.s la plupart du temps. Evidemment que personne ne se lève le matin pour aller travailler en se disant "tiens, et si je faisais de la merde aujourd'hui?"
Marie-Hélène Lahaye répond à toutes ces questions, preuves scientifiques à l'appui, et propose des solutions à mettre en place, à commencer par arrêter de considérer les femmes comme incapables de prendre une décision raisonnable. Son livre m'a permis (et sûrement à beaucoup d'autres) de mettre des mots sur cette souffrance et de voir les choses d'un point de vue plus global et féministe.
Les choses doivent changer, les pratiques doivent évoluer, les praticien.ne.s doivent se remettre en question, la gestion des hôpitaux doit être revue. Programme ambitieux mais nécessaire.
Un livre indispensable à tou.te.s celles et ceux que le sujet intéresse. Je vous recommande également l'excellent documentaire d'Ovidie "Tu enfanteras dans la douleur" disponible sur Arte.tv.
Lien : https://femmequilitamoitieda..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
L'intérêt médical des touchers vaginaux est également sujet à controverse. Leur but est de déterminer l'ouverture du col de l'utérus. Fort bien. Et l'équipe médicale va consciencieusement évaluer cette mesure au regard d'une norme établissant que le col de l'ensemble des femmes doit s'ouvrir à une vitesse de 1 cm par par heure. La médecine est formidable parce qu'à partir de données biologiques éparses, totalement aléatoires et soumises à des variations individuelles considérables, elle arrive à déduire une vitesse optimale correspondant à un chiffre rond. La moyenne aurait pu être, par exemple, de 1,67 cm en cinquante-trois minutes, mais non, l'obstétrique a ceci de magique qu'elle aboutit au chiffre « un ». Un centimètre en une heure. C'est facile à retenir.
La réalité est pourtant très différente puisque durant un accouchement, l'ouverture du col n'est pas linéaire.
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Comme pour toutes les violences faites aux femmes, de puissants mécanismes de réduction au silence oeuvrent pour faire taire les victimes et maintenir en place un système de domination masculine. À l'instar du viol, la dénonciation des violences obstétricales conduit à un renversement des responsabilités, en transformant la victime en coupable et l'agresseur en victime.
La honte et la culpabilité sont les sentiments que bon nombre de femmes ressentent à l'idée d'évoquer les atteintes à leur corps et à leur sexe, ce qui constitue un premier obstacle pour briser le silence.
L'incompréhension et le déni de l'entourage en sont un deuxième.
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En d'autres termes, en France et en Belgique, une césarienne sur deux est inutile.
Si le ratio bénéfices/risques de cette technique n'est pas évident pour les femmes en bonne santé, ses avantages sont néanmoins limpides pour les médecins.
Tout d'abord bon nombre d'obstétriciens, qui sont des chirurgiens n'ayant pour la plupart jamais vu le moindre accouchement naturel, ont un penchant plus marqué pour le maniement du bistouri que pour le soutien émotionnel d'une parturiente pendant de longues heures de travail.
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En ce début du XXIeme siècle, il serait temps que l'obstétrique abandonne ses dogmes sexistes et ses croyances racistes afin de rejoindre la Science. Mon propos n'est pas d'incendier les hôpitaux ni de forcer les futures mamans à accoucher seules entre une fosse aux ours et une volière aux perroquets, mais plutôt d'inciter le monde médical à respecter le corps des femmes et leur capacité intrinsèque à donner naissance. À l'instar de la prudence à l'égard des animaux mettant bas, les médecins devraient faire preuve de la plus grande réserve, et n'intervenir qu'en cas de nécessité vitale, de pathologie ou sur demande particulière de chaque femme. Dès lors, il y a lieu de revoir de fond en comble le métier des obstétriciens et des sages-femmes, à commencer par leur formation. Par exemple, en remplaçant l'entraînement dans les hôpitaux aux touchers vaginaux aussi inutiles qu'intrusifs, par l'observation des mammifères lors d'un stage dans un zoo.
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La situation de I'accouchement à domicile est encore plus catastrophique en France. Depuis l'arrêt Perruche, le montant des assurances professionnelles pour les soignants a décuplé. Pour s'assurer, les sages-femmes accompagnant les accouchements à domciile doivent débourser environ 25 000 euros par an, c'est-à-dire une grande partie de leur rémunération annuelle. Ce montant est le celui payé par les obstétriciens, alors que ces derniers ont la possibilité de recevoir une aide à la souscriptionde cette assurance par la Sécurité sociale sous réserve d'être accrédités par la HAS pour leur adhésion et participation à une association de prévention et de gestion des risques (« Gynerisq »). Cette aide à la souscription peut couvrir jusquà la moitié de leur assurance. Cette aide est réservée aux médecins et n'est pas ouverte aux sages-femmes. Les gynécologues obstétriciens ont par ailleurs un salaire nettement supérieur à celui des sages-femmes, ce qui rend aisé le payement du solde de leur assurance.
Imposer un tel montant d'assurance pour les sages-femmes est d'autant plus absurde que ces dernières n'accompagnent que des grossesses à bas risque, ne posent aucun acte de chirurgie et passent le relai à un obstétricien et une une équipe médicale au moindre signe de complication.
Malgré les nombreuses interpellations, aucun responsable politique n'a voulu faire le moindre geste pour remédier à ce problème. L'Ordre des Sages-Femmes lui-même se range dans le camp de l'Etat et des assureurs en poursuivant, jusqu'il y a peu, les sages femmes incapables de payer un tel montant.
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