Merci à Babelio et aux éditions Les Autanes pour cette lecture découverte dans le cadre de la Masse Critique.
Dans
de l'une à l'autre, les quatre éléments (eau, air, terre et feu) reviennent régulièrement au fil des pages et l'on dirait que ces femmes cherchent leur place parmi eux. Pour donner du sens à la Vie, au quotidien ? Pour accepter une (la) mort ? Textes qui font naître bien des questions : à qui s'adresse -t-elle ? Qui est cette deuxième personne ?
C'est en cela que j'ai trouvé une résonance entre ces quatre auteures même si je considère chaque écriture très différente.
L'écriture de
Cathy Lamoulière m'a le plus déstabilisée et pourtant c'est celle que je préfère s'il fallait choisir. Cela ressemble plus à de la prose poétique par la forme cependant ses textes sont très rythmés, ponctués, parfois comme dans un souffle, parfois comme « haletés », et ils m'ont procuré de grandes émotions. On pourrait qualifier cette écriture de névrosée, torturée, tellement elle exprime doutes, incertitudes et douleurs. Des mots ressortent comme « échange, rencontre, partage, silence »… Elle semble chercher l'espoir dans la nature, la vie autour d'elle (avec les champs lexicaux « feuilles, tapis, automne, graines ») et des couleurs de luxe (« or, corail,... »).
Des textes pleins d'émotions mêlées qui s'enchaînent ou s'entrechoquent, s'opposent ou se complètent, coupés de quelque élan mystique. le début est sombre, tourmenté et la fin devient plus positive et optimiste. On va de l'automne au printemps, en traversant bien des tourments, des questionnements.
Textes judicieusement illustrés par des photos de Street Art. Je regrette juste que les photos soient si petites et du coup fort sombres. J'avais imaginé un papier glacé et de grandes photos côtoyant les textes.
Florence Olivreau semble avoir tous les sens en éveil: « je deviens photographe et prends quelques instantanés […] quelques « photos-mots » » p.63
La forme de l'écriture est bien en vers toutefois beaucoup de répétitions, moins de création langagière et un vocabulaire plus banal font que je trouve les phrases moins poétiques, moins rythmées aussi. L'écrit était positif et enthousiaste au départ et se termine de façon plutôt noire avec « l'homme chien » qui tombe dans l'oubli.
Bernadette Tüscher (ainsi que la quatrième auteure du reste) illustre ses textes par des dessins graphiques que j'aime bien. Elle aime la Vie, apprécie les instants de vie. On retrouve la montagne si présente chez chacune, en résonance. J'aime les images évoquées mais une certaine platitude dans le style fait qu'il me manque la poésie du langage pour que tout cela me parle véritablement.
Certains textes sont inspirés de sculptures de Bernard Celce; il est dommage que les photos des sculptures ne soient pas associées.
Luce van Torre ponctue ses choix de textes par d'autres textes appelés « soupirs » : ce sont ceux que je préfère. Je les ressens comme un résumé, un condensé du reste.
On retrouve la nature, la montagne. L'écriture au début se fait sous forme d'une longue liste, une énumération avec de nombreux éclats, des brisures qui semblent toutefois donner de la force, de la beauté. Nombreux arbres aussi, très présents. Pourquoi ? Pour le symbole de vie ? Puis le thème du rêve revient souvent, entre passé et présent avant le ton plus tragique évoquant l'absence et le deuil. le seul lien restant seraient les mots (p. 203) pour en parler encore, faire être ce qui manque ?
« Entendre le regard » pour la première, « nommer l'Indicible » pour la quatrième.
Pour sûr, ces textes ne laissent pas indifférents.