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EAN : 9782812900020
288 pages
Editions De Borée (22/10/2009)
3.17/5   3 notes
Résumé :
« Je peux plus ! C’est fini ! » Rolland voudrait, mais son corps endolori dit non : sa trop longue carrière s’arrête là. À présent, seul Noël, son frère, continue de gravir la « Montagne » où est extraite l’ardoise, ce pain bleu qui les a fait vivre piètrement depuis tant d’années. Avec une paire de bras en moins, la mine tourne au ralenti, mais tourne quand même, jusqu’au jour où une compagnie ardoisière s’intéresse au site…

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
À la fin des années 80, deux frères nés dans les années 20 gagnaient encore leur pain à la carrière de schiste où ils taillaient les ardoises, à Commana, dans les Monts d'Arrée, en Bretagne. La couleur bleutée de celles-ci donnait son nom à leur pain, le Pain bleu. C'est là que Roger Laouenan, journaliste, écrivain et historien, les a rencontrés.
L'histoire débute alors que Rolland, le frère de Noël, est arrivé aux derniers jours de sa vie. Il la terminera dans leur petite maison nichée dans le hameau de Bodeliau, au pied de la montagne. Noël se retrouve seul à y monter, avec leur chien Canaille, pour en extraire les ardoises. Il est le dernier du cortège des tailleurs de pierres.
Lorsque Canaille refusera de monter avec Noël, celui-ci saura que Rolland est en train de rejoindre ses compagnons de misère.
Noël a la confiance d'un couvreur qui lui passe quelques commandes, il travaille tous les jours, compensant l'absence de son frère. Il va acheter son beurre, son lard, son pain, son café et son tabac au bourg, son potager lui fournit les légumes. Il s'autorise quelquefois à déboucher une bouteille de cidre ou de vin dans les grandes occasions.
Il n'a pas été jugé digne d'épouser Rose la femme qu'il aimait et qui l'aimait mais il lui est resté fidèle. Lorsqu'il fait la connaissance de Jacques, ingénieur au CNRS qui mène une enquête sur le prolétariat, et de Nicole, docteur du village, deux jeunes gens dont il devine avant eux qu'ils tomberont amoureux, ses souvenirs de jeunesse affluent.
Il travaillait bien à l'école mais il a été envoyé gagner sa vie. On pourrait le croire rustre mais il est perspicace. On pourrait le croire ignorant mais il est cultivé. C'est un taiseux mais il sait placer les mots justes, quand il le faut. Il vit simplement, recentré sur l'essentiel, pas de superflu. Sa montre est réglée à l'heure solaire, celle qui convient le mieux à la montagne avec laquelle il est entré en communion. Il a appris à s'en méfier, comme un marin se méfie de la mer.Celle-ci recèle sa part de superstition. La pierre de l'Ankou (la faucheuse en breton) qui a tué trois frères est restée en place, en équilibre instable, depuis 1903. Gare aux ignorants qui s'en approcheraient !
Lorsqu'une compagnie propose à la Mairie de racheter la carrière, y compris la concession de Noël, le Maire va tenter de résilier son bail. Noël s'obstinera. Aidé de l'ancien Maire, va-t-il gagner le combat ? Quand il voit surgir dans la carrière une force de la nature qui se fait appeler « le Cavaleur » et qui lui demande de l'embaucher, il accepte, bien conscient que ce dernier peut le faire passer de vie à trépas en un instant. Ils vont apprendre à se connaitre, ils partageront le labeur et le casse-croûte.

Ce roman du terroir se déroule voici une trentaine d'années et pourtant on s'y sent dans une époque qui semble très lointaine. C'est un épisode de la lutte contre la modernité, de l'attachement à la tradition. Les descriptions poétiques des paysages bretons, de la lumière changeante, nous aident à entrer dans le décor d'un autre âge. On parcourt le penty de Noël, logement typique de Basse Bretagne qui y est décrit avec son mobilier sommaire. On entend le craquement des débris d'ardoises, on souffre de la chaleur au creux de la carrière. En refermant ce livre, l'envie nous prend de partir pour Commana et tenter d'y retrouver l'âme de ces hommes d'un autre âge.

Parfois, le plaisir de fureter dans sa bibliothèque appelle une relecture puis un modeste avis. Celui-ci, parmi les livres peu connus et oubliés, méritait sa petite chronique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais Rolland buvait toujours son reste de vie à courtes lampées, la bouche grande ouverte, en bec de cafetière.
« Cause-moi de la Montagne, Noël ! »
C’étaient de bonnes soirées. Du bonheur ! Un drôle de bonheur partagé. Noël tirait une chaise et parlait de la Montagne. Avec des mots oubliés qui disaient le vrai. Ils chantaient aux oreilles de Rolland. La beauté des pierres bleues, grises, jaune rouille. La caresse de l’ardoise tiède. La grosse pierre que tu tiens enlacée. Et encore les répons de la muraille quand pique la pointe. Des mots incroyables, enfouis, maintenant à fleur d’âme.
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