Je suis le courant la vase

Ce livre se déroule peut-être en majorité dans une piscine de compétition, mais on en sort en se sentant sale et poisseux.
C'est un plongeon dans la tête d'une jeune nageuse olympique canadienne. le lecteur est immergé dans ses pensées, il n'y a aucun dialogues seulement des descriptions.
C'est un bain dans des fluides diverses et odorant, on ressent la brulure du chlore comme l'acidité de la bile.
C'est une baignade dans un milieu fétide, celui de la compétition sportive ou le coach se réserve le droit de coucher avec ses nageuses et de les maltraiter pour en extraire les dernières gouttes d'énergie.
En définitive c'est un livre sombre, où l'héroïne semble nager que pour survivre dans un monde inhospitalier. Elle ne pense qu'aux calories ingérées puis à celles dépensées, sans profiter des plaisirs reliés à l'une ou l'autre de ses activités. On assiste à sa lente décomposition en même temps que celle de la carcasse du raton-laveur décédé aux portes de son appartement.
On referme ce livre avec un grand malaise et une lourde tristesse pour ceux et celles qui ne vivent que pour leur sport en oubliant de vivre pour eux-mêmes.
Ce n'est pas un milieu dont j'étais familière et Marie-Hélène Larochelle ne m'a pas donné envie de m'en approcher davantage. C'est un univers soumis à la loi implacable des chronomètres et où les médailles sont oubliées au fond des sacs humides ou bien accrochées dans les chiottes. Un univers où la sexualité est décomplexée au point d'en oublier tout ce qui la rend agréable. Les corps ne sont que des mécaniques qui ne peuvent plus fonctionnés quand l'esprit s'éteint avant le coeur.

En terminant, il faut noter que l'écriture de Marie-Hélène Larochelle est aussi fluide que cette l'eau qui est au coeur du roman. Une belle écriture, juste et précise pour un sujet qui saura plaire à d'autres.