Hongrie d'entre deux guerres, dans la boutique de monsieur Matutschek (dans la pièce d'origine du Hongrois
Miklos Laszlo, il s'agissait d'une parfumerie, ici, dans cette transcription, Evelyne Fallot et Jean-Jacques Zilbermann en ont fait une librairie, et, si je puis me permettre, à l'heure actuelle, le mieux serait d'imaginer une boutique du genre bazar et décoration d'intérieur), Kralik est premier vendeur et fait office d'élève modèle.
Il est jeune, beau, dynamique, clairvoyant dans ses choix commerciaux, ce qui n'est plus forcément le cas du patron, qui envisage néanmoins d'en faire son successeur. Dans cette boutique, on compte encore deux vendeurs moins prestigieux, Pirovitch, ami intime de Kralik, et Vadas, cireur de pompes invétéré qui n'a de cesse que de se mettre à plat ventre devant le patron Matutschek.
Un jour arrive une charmante personne, Klara Novak, que notre charmant premier vendeur prend pour une cliente. Or, celle-ci vient pour chercher du travail. Et c'est le début d'une longue série de quiproquos qui courent tout au long de la pièce.
Une pièce drôle, sur fond de crise économique et de chômage, où l'on sent le caractère impitoyable du monde du travail ; une pièce bourrée d'humour dit " juif " (même si pour moi l'humour n'a ni couleur ni nationalité mais ça c'est un autre débat) donc une comédie mais où, si l'on prend la peine de soulever un peu le voile, chantent quelques accents de tragédie.
C'est aussi et surtout une pièce sur l'amour, les apparences et les a priori qu'on se fait, des uns et des autres, le désert ou les impasses de l'amour, parfois. Une pièce touchante à plein de moments, notamment en ce qui concerne le patron Matutschek.
Voilà donc que Kralik, désireux de rencontrer une femme à sa mesure confie à son ami Pirovitch qu'il entretient une liaison épistolaire avec une femme qu'il n'a encore jamais rencontrée. (Les petites annonces de l'époque jouaient admirablement le rôle des sites de rencontre actuels.) Ils parlent littérature et toutes sortes de sujets élevés. Mais l'heure du premier rendez-vous doit arriver tôt ou tard…
Je vous laisse découvrir vous-même la fin et savourer cette pièce de
Miklos Laszlo qui fut magistralement portée à l'écran par Ernst Lubitsch avec l'inimitable James Stewart dans le rôle de Kralik et le " Magicien d'Oz " dans celui de Matutschek. (N. B. : le titre original du film est The Shop around the corner, celui de la version française est Rendez-vous tandis que le titre original de la pièce était La Parfumerie : allez vous y retrouver dans ce micmac !) Et, bien entendu, ceci n'est que mon avis au coin de la rue, c'est-à-dire, pas grand-chose.