Les Aveux

Maxime sourit poliment, mais ne dit rien. Justine ne se décourage pas pour autant.
— Penses-tu t’inscrire au football ? L’année prochaine, peut-être ?
Maxime se contente d’un petit non de la tête. Justine demande :
— As-tu des frères ? Des soeurs ?
Maxime est étonné par le changement de sujet brutal. Justine contre-attaque avec une nouvelle question. Elle écoute à peine les réponses de Maxime. Elle a l’air froid et consciencieux d’une journaliste qui mène une entrevue.
— Es-tu quelqu’un de secret ?
Le nez plongé dans mon lunch, je passe près de m’étouffer. C’est un véritable interrogatoire de police qu’elle lui fait subir ! Je suis furieuse. Maxime semble terriblement mal à l’aise. On voit bien qu’il rêverait d’être n’importe où sauf ici. […]
— Et à quelle école tu allais, cet automne, avant de venir ici ?
Le visage de Maxime se ferme complètement. Il ramasse ses choses en vitesse, place tout dans son sac à dos et dit :
— Je n’allais pas à l’école cet automne.
Et il quitte la cafétéria sans jeter un seul regard à aucun d’entre nous.

Avant même qu’il arrive à l’école, la machine à rumeurs s’était emballée. On nous avait prévenus, en classe, qu’il y aurait un nouvel élève la semaine suivante. Un nouveau, en plein milieu d’année scolaire ? En janvier ? En quatrième secondaire? Tous les élèves ne parlaient que de ça. Leur imagination s’enflammait. C’était clair pour tout le monde que ce nouveau avait dû être expulsé de son école précédente. On ne savait même pas son pré-nom, et déjà toutes sortes d’histoires couraient sur lui. Il avait vendu de la drogue. Il avait menacé un prof. On ne pouvait pas dire exactement ce qu’il avait fait, mais il avait un lourd secret, c’était sûr et certain !

Une chose est certaine : si ce garçon venait déjà à l’école avant aujourd’hui, je l’aurais remarqué. Grand, les cheveux sombres, les épaules carrées, un air un peu ténébreux qui me fait craquer... Tom me sort de mes pensées :— Oh ! c’est une recrue pour nous, ça ! C’est un joueur de football, c’est évident !L’inconnu traverse la cafétéria sans lever la tête. Il s’engage dans le corridor qui mène aux classes sans un seul regard pour personne. Tout le monde le suit des yeux. Moi la première.