Citations sur Celle que vous croyez (239)
Je ne pense pas que la création d'un faux compte sur Facebook soit un élément suffisant pour porter plainte. D'une part, si cela était, il faudrait inculper les dizaines, les centaines de milliers de gens qui, de par le monde, sur tous les sites de rencontre et les réseaux sociaux, se font passer pour ce qu'ils ne sont pas, truquent leur âge, mentent sur leur profession, leur statut familial, voire leur sexe, postent des photos vieilles de vingt ans et se créent une existence plus libre, plus excitante que la leur.
Ce n’est pas pour rien que ça s’appelle la Toile. Tantôt on est l’araignée, tantôt le moucheron. Mais on existe l’un pour l’autre, l’un par l’autre, on est reliés par la religion commune. À défaut de communier, ça communique.
Le désir nous fait éprouver le vide, c’est vrai, le puissant chaos qui nous environne et nous constitue, mais ce vide, on l’éprouve comme le funambule sur son fil, on le tâte comme l’équilibriste quand il y balance sa jambe, on est à deux doigts du désastre et de la chute, de l’angoisse mortelle, et pourtant on est là, tout vibrant d’une présence agrandie, décuplée, immense, on se déploie dans le chaos, retenu par le seul fil de ce qui nous lie à l’autre, notre compagnon de vide, notre funambule jumeau. Quand est-on plus vivant ? Plus heureux ? Plus libre ? Je te parle du désir, de la lenteur impatiente du désir.
Le désir veut conquérir et l’amour veut retenir, dit-il. Le désir, dit-il, c’est avoir quelque chose à gagner, et l’amour quelque chose à perdre. Mais pour moi, il n’y a pas de différence, tout désir est de l’amour, parce que l’objet de mon désir, au moment où je le veux, où je tends vers lui, je sais que je vais le perdre, que je suis déjà en train de le perdre en le poursuivant. Mon désir est à la fois puissance vitale et mélancolie folle – folle à lier, folle à enfermer. Il me semble que j’ai toujours été ainsi, que c’est une force terrifiante, en un sens : je ne peux rien perdre, je ne peux pas perdre, puisque tout est déjà perdu. Alors je peux m’affronter à tout, il n’y a pas de risque puisqu’il n’y a pas d’enjeu, puisque je n’ai rien à perdre.
... nous ne sommes pas sur Facebook à nous payer de mots, nous sommes là et c’est l’amour, l’amour c’est être là. Son sexe dur est mon trophée, je le caresse à travers l’étoffe de son pantalon que je déboutonne. Un homme qui bande, c’est merveilleux pour une femme, c’est son sceptre, je me demande si les hommes le savent – bon, OK, Louis, tu n’es pas obligé de répondre – pour moi c’est une ivresse, un règne et une abdication, le point d’évanouissement de toute méfiance, je deviens reine et rien.
Je ne vis pas pour écrire, j’écris pour survivre à la vie. Je me sauve. Se faire un roman, c’est se bâtir un asile.
Et soudain j'étais là, parmi mes pairs - ah ah, ils portaient bien leur nom, tous, mes pairs, mes perdus, mes perdants -, j'étais là démunie, lâchée comme une pierre au fond d'un puits.
(Oui, je sais, Louis , je devine ton sourire. Mais là, les limites étaient dépassées : le caméléon se débattait sur une couverture écossaise).
En réalité, ici il est arrivé la même chose à tout le monde - les déprimés, les anxieux, les addicts, les anorexiques : on a tous perdu. Quelque chose ou quelqu'un. Un amour, un combat, une illusion. Ou simplement un sens - une direction,une signification.
Je me disais "s'il se sent libre, il restera", l'amour c'est rester alors qu'on pourrait s'en aller.