Lauzier, une fois de plus, entreprend la peinture sociale de son époque, ici, celle de la fin des années 70, dans laquelle il dénonce les idées reçues et les contradictions de certains milieux. le ton est ici le même que celui des Tranches de vie mais avec une histoire construite au lieu d'une succession de scénettes.
Le personnage principal, riche patron d'une agence de publicité, est un homme comblé. Il semble avoir enfin trouvé la femme idéale en la personne de Véra, son élégante maîtresse, et affiche sur le plan matériel une réussite insolente, comme en attestent sa voiture, son appartement et son employé de maison stylé. Mais la crise de la cinquantaine le guette. Un soir, au cours d'une réception mondaine, il perd son assurance devant la belle Eva, qui manifeste à son égard une indifférence à laquelle il n'est guère habitué. A bien y réfléchir l'intrigue est assez classique, avec beaucoup de marivaudages hétéro et homosexuels et plein de quiproquos propices à du comique de situation. Dans la BD l'humour de
Lauzier est féroce, son regard acéré, il fait mouche. le film par contre m'a énormément déçue : là où l'humour plutôt fin et inattendu de la BD faisait passer une satire sociale décapante, l'humour lourd et vulgaire du film rend toute cette satire indigeste et pesante. du coup j'ai mis bien des années avant de me replonger dedans, à tort, car la BD est vraiment réussie, malgré un graphisme relativement quelconque. Un témoignage presque sociologique !