AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782930702087
109 pages
M.E.O Editions (01/11/2009)
4/5   1 notes
Résumé :
Six nouvelles traduites du bosniaque par Spomenka D'umhur et Gérard Adam, avec pour toile de fond le siège de Sarajevo, mais à l'exception de la première, par allusions feutrées, quasi désabusées, avec une tendre autodérision, dans une sorte de sfumato. Menus gestes, faits anodins, sentiments faussement désabusés, réflexions frôlant l'absurde, jeux intellectuels quasi nihilistes, mêlés comme par mégarde aux interrogations essentielles sur la vie et l'art. Elles nous... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après La Mort au Musée d'Art moderneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Alma Lazarevska nous semble venir d'un autre monde. Pas que la Bosnie-Herzégovine, son pays, soit tellement exotique, mais parce qu'il s'agit de la seule région de l'Europe qui ait connu la guerre depuis un demi-siècle et que cette expérience, me semble-t-il, crée un hiatus entre les consciences.
Cette guerre, l'auteur nous en parle dans un recueil de nouvelles, « La Mort au Musée d'Art moderne », prix du Meilleure Livre de l'année 1996 décerné par l'Association des Ecrivains de Bosnie-Herzégovine.
Des oeuvres consacrées à la guerre en Bosnie, et il en est de nombreuses, mais nous en connaissons assez peu en français, et la plupart ont été le fait d'écrivains qui avaient quitté le pays ou par des Européens qui y avaient passé quelques semaines. Après la guerre, l'édition française s'est vite désintéressée « d'un créneau qui n'était plus porteur ».
Ces oeuvres étaient des témoignages, des dénonciations, des cris de révolte, des appels à l'aide, des analyses, des prises de position politiques. « La Mort au Musée d'Art moderne » est en cela tout à fait originale. Ce qui fait la singularité de ce recueil, c'est qu'il est bien sûr consacré à la guerre, mais que la guerre n'en occupe pas l'avant-plan.
A l'exception de la première, les nouvelles se présentent en effet comme un assemblage d'anecdotes et de menus faits de la vie quotidienne de la narratrice. Ces anecdotes, ces menus faits, les uns situés avant la guerre, les autres durant celle-ci, s'engendrent l'un l'autre, éveillent des réflexions, des sentiments, des souvenirs, des personnages plus ou moins pittoresques croqués en quelques traits de plume avec une justesse extraordinaire. Tous ces éléments évoluent ensuite pour leur compte tout en se raccrochant aux autres, comme des fils de couleur s'enchevêtrent savamment. A la fin, les fils ont perdu leur individualité pour donner naissance à une tapisserie multicolore mais homogène qui constitue la nouvelle. Cette construction agit comme la pensée elle-même, sautillant d'un objet à un autre pour revenir ensuite au premier, enrichie par le détour. Bien que rigoureuse, elle paraît lâche et ne pèse pas, permettant au lecteur de serrer au plus près la pensée de l'auteur et ainsi de s'identifier à elle, à ce qu'elle vit ou ressent.
A travers cet assemblage, la guerre se dessine en filigrane, ou comme une toile de fond omniprésente. La guerre conditionne tout, rien ne lui échappe, elle bouleverse l'ordre des choses, elle bouleverse le sens, ou le non-sens des choses, mais on dirait que l'auteur ne la juge pas digne d'intérêt en elle-même, qu'elle s'en détourne avec dédain, presque en se bouchant ne nez, comme un noble de vieille souche considère un parvenu tonitruant dont il n'ignore pourtant pas la puissance.
Au point qu'Alma Lazarevska se refuse à en citer les protagonistes. On chercherait en vain la mention de Serbes, de Musulmans ou de Croates, de tchetniks, et même de Bosnie ou de Sarajevo, appelée pudiquement « la Ville assiégée ».
La réalité de la guerre est ainsi présentée par petites touches, assez pour qu'on en ait toujours conscience, mais sans jamais s'appesantir. On la retrouve au détour d'une anecdote, d'une réflexion, d'un jeu intellectuel, qu'elle bouscule et remet à sa place.
« Dans la ville assiégée, écrit Alma Lazarevska, tout semble inhabituel et tout est pourtant ordinaire. »
La guerre sert de révélateur Elle oblige à prendre conscience de tout ce qui constituait un quotidien distrait et dont l'absence aujourd'hui fait comprendre à quel point il était précieux : le sachet de thé plongé dans l'eau chaude au petit déjeuner, le souvenir d'une émotion de fillette, les interrogations sur le rôle de la littérature. Et en même temps, elle donne un autre sens à ce vécu quotidien. Elle balaie les faux semblants. Sous l'oeil de la guerre, on ne frime plus. Les questions qui se posent ne sont plus des exercices de style. Il s'agit de vie et de mort, au sens le plus trivial des termes. Les autres interrogations subsistent certes, mais elles s'articulent autour de cet axe impitoyable.
La guerre introduit aussi la tragédie dans ce qui n'aurait sans elle été qu'anecdotes. Il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'une revue adresse à des intellectuels un questionnaire où figurent des questions comme « Où aimeriez-vous vivre ? », et surtout « Comment aimeriez-vous mourir ? », dans le but de les publier et de les déposer au Musée d'Art moderne de New York. Les milieux intellectuels sont truffés de ce genre d'initiatives nées dans le cerveau de gens qui se demandent comment remplir leur prochain numéro. Mais quand les destinataires de ce questionnaire vivent dans la ville assiégée, bombardée quotidiennement, où à chaque instant peut tomber l'obus final, que celle qui répond le fait à la lumière d'une bougie parce qu'il n'y a plus d'électricité, qu'elle doit dicter ses réponses à son mari parce que sa main est blessée, tout intellectualisme devient grotesque, sinon odieux, et surgissent aussitôt les interrogations essentielles.
Un livre à lire d'urgence.
Commenter  J’apprécie          10
Un ensemble de six nouvelles, dont le point commun est qu'elles sont toutes situées dans la ville nom nommée de Sarajevo, ville assiégée. Mort, Destin fatalisme, malheur, et croyances sont conjugués dans ces nouvelles. Il n'y a pas de ligne de front, personne n'est cités seuls des assiégés dans un cercle et "hors du cercle qui enserre la ville assiégée, se trouve un homme dont la couleur des yeux siérait à la reproduction de mauvaises grenouilles". Un ennemi obscur invisible.



La première nouvelle démarre avec l'histoire de Dafna, une jeune fille née sous une mauvaise étoile, surnommée par les siens Pehfogl (porteur de poisse Pechvogel), qui portera sa croix toute sa vie. le malheur c'est l'affaire de quelques dixièmes de seconde que l'on expie des années durant. Une métaphore peine voilée de ce conflit.

"Un bonjour de la ville assiégée", la narratrice essaye de protéger un fils de la mort et de son concept. Elle transforme la fin du livre pour enfant L'éventail de Séville de Paul jacques Bonzon afin de cacher la mort du héros Pablo. Mais en fait on préférerait lui donner à lire "la mort" de Jean Jankélévitch de préférence en Français dans le texte original. "Comme ça, bien avant de se familiariser avec la mort, il le fera avec le Français. Ensuite tout coulera comme du lait...". Mais malgré cela la mort est tout autour de ces assiégés.

La ville était belle et bien assiégée, ce qui ne laissait guère présager de fin heureuse. Sur elle tombait des obus incandescents qui, en un clin d'oeil, muent les corps en petits amas de chair sanguinolente. le plus terrible, et malheureusement pas le moins fréquent, c'est quand une mère penchée sur ce petit amas de chair appelle son enfant...

Mais également un groupe d'étudiant qui souhaite que la fin d'Anna Karénine soit également modifiée afin d'avoir une happy end.

La dernière nouvelle est celle qui porte le titre de l'ouvrage. Une histoire surréaliste un questionnaire est envoyé à une centaine de personnes de cette ville assiégée concernant le bonheur, leurs craintes, ou ils souhaiteraient vivre et Comment souhaiteriez-vous mourir. Questionnaire dont les réponses seront déposées au musée d'art moderne de NY

Que des nouvelles 'dérangeantes' emplies de symboles. Un livre très fort, poignant poétique mais rempli de réflexions mêlant absurdité et fatalisme désabusé, d'une vie qui parait surréaliste sous ce siège. Un quotidien qui essaie de se dérouler tant bien que mal, mais ou les obus de phosphore tombent au hasard. Un témoignage d'une ville assassinée très proche de chez nous, de nos frontières. J'ai à ce jour rarement lu d'écrivain de Bosnie, ni de témoignages de ce conflit. Une auteure à découvrir. le roman a également reçu le prix de l'association des écrivains de Bosnie-Herzégovie
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La ville était belle et bien assiégée, ce qui ne laissait guère présager de fin heureuse. Sur elle tombait des obus incandescents qui, en un clin d'oeil, muent les corps en petits amas de chair sanguinolente. Le plus terrible, et malheureusement pas le moins fréquent, c'est quand une mère penchée sur ce petit amas de chair appelle son enfant.
p28
Commenter  J’apprécie          20
De temps à autre, des ambulances filent dans la rue. Leur sirène déchire le silence. Quand le son strident s'atténue, il se referme comme l'eau par-dessus le noyé
p42
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
autres livres classés : bosnieVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Alma Lazarevska (1) Voir plus

Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Roald Dahl ?

James et la ... pêche ?

Fabuleuse
Grosse

10 questions
179 lecteurs ont répondu
Thème : Roald DahlCréer un quiz sur ce livre

{* *}