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EAN : 9782374531014
Les éditions du 38 (20/01/2016)
4.21/5   14 notes
Résumé :
« Un coup de poing n'aurait pas été plus violent ni brutal. Les jambes molles, Gutxi s'adossa contre un mur, le souffle coupé. Ce n'était pas tant le portrait souriant de Tamae qui le troublait, que l'enfant de quelques mois assis sur ses genoux. Gutxi venait de se découvrir un fils? »Après vingt ans d'exil, Gutxi, un ancien terroriste basque, revient au pays des extrêmes, un Japon violent sous ses dehors polis. Condamné par les médecins, il souhaite finir ses jours... >Voir plus
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Il est assez rare que je choisisse un livre uniquement pour sa couverture et, pourtant, c'est un peu beaucoup le cas pour ma lecture du jour : « Un kimono pour linceul ».

Effectivement, passionné de cinéma asiatique, dont les films de sabres japonais (« Les 7 samouraïs » d'Akira Kurosawa est l'un de mes films préférés et la série des « Zatoichi » avec Shintaro Katsu a influé plus que raisonnablement sur mon existence), je ne pouvais passer devant un livre avec une telle couverture sans m'arrêter.

J'en cite au passage l'auteur, Jef Caïazzo.

Bien entendu, malgré une illustration aussi attirante, encore fallait-il que le sujet du roman corresponde à mes goûts : récit policier de langue française. Et c'est heureusement le cas puisque le roman est signé Jean-Michel Leboulanger (peut-on trouver nom plus français que celui-ci ?) et que l'histoire couvre des sujets divers tels la vengeance, des crimes, des violences, des vols, des disparitions, des agressions, des recherches, le monde des yakuzas…

On notera au passage que l'auteur semble avoir voyagé plusieurs fois au japon.

Enfin, le roman a été édité avec au moins deux autres couvertures bien moins belles que celle-ci.

Gutxi est un ancien membre de l'ETA qui, jadis, vivait au Japon pour négocier des armes pour son père, violent chef du mouvement basque. Là-bas, il y rencontra la jeune et belle Tamae dont il était fou amoureux, mais, lors d'un retour au pays pour s'expliquer avec son père, il fut arrêté par la police espagnole lors d'une descente musclée et sanglante. Arrêté dans un état grave, Gutxi se rétablit en prison et y passe un long séjour. À sa sortie, il apprend que Tamae est mort voilà des années et il est expulsé en Amérique du Sud.

Mais la vie de Gutxi bascule à nouveau quand il apprend qu'il est atteint d'une maladie grave et incurable (ne me demandez pas laquelle, l'auteur ne la nomme jamais) aussi décide-t-il de finir ses jours au japon, le seul endroit où il a vécu heureux.

Cependant, à peine arrivé, l'oncle de Tamae, devenu Oyabun, le fait convoquer brutalement pour lui demander (mais a-t-il vraiment le choix) de retrouver Shugo, le fils adoptif de sa fille qui a disparu avec une grosse somme d'argent appartenant au clan. Ikeda donne deux sources de motivations à Gutxi. La première : s'il échoue, il mourra dans d'atroces souffrances. La seconde : Shugo est le fils de Tamae, tombée enceinte avant son départ pour l'Espagne sans qu'il le sache…

Disons-le tout de suite, s'il n'y avait pas eu la couverture, jamais, avec une telle 4e, je n'aurais ouvert ce livre malgré la visite au japon.

Heureusement, Jef Caïazzo a fait du bon travail.

Je dis « heureusement », car, vous l'aurez compris, ma lecture a été plutôt agréable.

D'abord, commençons par les points positifs.

Ma première crainte, dès le début, était que l'auteur ne s'appesantisse sur le passé de Gutxi pendant des pages et des pages. Il faut dire qu'il y avait des années à couvrir et que les évènements pouvaient mériter un traitement plus long.

Heureusement, ce ne fut pas le cas et J.M. Leboulanger survole le tout en quelques lignes permettant au lecteur et au personnage d'atterrir très vite au Japon.

La seconde crainte était que l'auteur ne soit pas capable de dépeindre un Japon convaincant. Il faut dire que le peuple japonais est d'une complexité déconcertante où les apparences sont souvent trompeuses et où les extrêmes se côtoient. Respect, obéissance à l'extrême, volonté excessive de ne pas se faire remarquer et d'entrer dans un moule contraignant à la limite du sadisme cachent des côtés bien plus sombres où toutes les perversités sont mélangées. Cette duplicité volontaire ou involontaire, Akira Kurosawa la cernait assez bien dans « Les 7 samouraïs » alors que tel n'était pas le sujet principal du film, aussi bien dans l'attitude des paysans que dans celles des samouraïs, le personnage de Toshiro Mifune (l'un des plus grands acteurs de tous les temps) faisant parfaitement le lien entre les deux mondes.

Et il faut dire que l'auteur parvient à saisir à la perfection un monde entre clichés obligatoires, vision de carte postale, et, probablement réalité bien moins glorieuse et flamboyante.

Autre point positif, mais qui est aussi un point faible, la mise en avant du peuple Aïnou, un peuple que je ne connaissais pas et qui est au japon un peu ce que les peaux rouges furent à l'Amérique du Nord. Je fais ce parallèle, car je ne peux m'empêcher de penser, sans cesse, que Japonais et Américains sont les deux faces d'une même pièce. Ce rapprochement est d'autant plus juste que, comme les Américains avec les Indiens, les Japonais ont exterminé les Aïnous, parqué les survivants, les traitant comme des parias sur leurs propres terres…

Enfin, en point positif, on notera la plume de l'auteur. Plume très agréable, sachant aussi bien séduire lors des moments plus poétiques et les descriptions que dans les instants plus tendus et plus rythmés.

Mais, si je pointe les côtés positifs du roman, vous comprendrez que je considère qu'il y en a également des négatifs.

Et, parmi ces aspects moins appréciables, je noterai en premier le scénario.

Non pas que celui-ci soit inintéressant, mais il a tendance à s'appuyer sur des facilités, sur des hasards, et des rebondissements prévisibles dont, notamment, le final très « cinéma » non pas dans son aspect visuel, mais dans sa moralité.

Tout d'abord, et surtout, on s'étonnera que le médecin qui s'occupe de lui au japon, une belle jeune femme libanaise ayant quitté son pays en guère puisse s'amouracher d'un ancien terroriste vieillissant et moribond.

Puis il faudra passer sur le tremblement de terre opportuniste, l'ours bienvenu, le fait que Gutxi, pour un mourant, est un être très résistant.

Et, enfin, le rebondissement final hollywoodien que je vous laisse découvrir.

Mais on regrettera également que l'auteur ne se penche pas plus sur les Aïnous et sur l'affiliation qu'il cite entre ceux-ci et le peuple basque.

Effectivement, cette relation aurait mérité, si ce n'est d'être approfondie dans le roman, d'être un peu plus explicitée dans des bonus afin de préciser sur quoi s'étayait cette hypothèse qui, dans le roman, est avérée.

On pourra reprocher également à l'auteur de faire se croiser deux enquêtes parallèles (voire même trois) comme le font trop souvent les auteurs contemporains de romans policiers. Mais également de survoler totalement l'intrigue la plus violente, importante, et sûrement la plus intéressante avec celles de meurtres d'immigré(e)s chinois. Ce sujet qui pouvait donner un excellent roman policier à suspens est totalement mis de côté alors qu'il est le chaînon central, à l'origine, de l'histoire, puisque la raison de la disparition de Shugo. Or, cette affaire qui est à la fois un sujet de société, mais également totalement représentatif de la dichotomie japonaise que j'évoquais plus haut est réduite à sa portion congrue au profit des intrigues médicalo sentimentales de Gutxi.

Et donc, enfin, ce fameux rebondissement final assez discutable…

Cependant, ces quelques défauts, du moins, à mon sens, n'empêchent pas que j'aie vraiment apprécié cette lecture pour toutes les raisons évoquées même si je dois bien avouer que je ne me suis jamais vraiment attaché au héros de l'histoire, ce qui fait que je n'ai jamais réellement tremblé pour lui.

Au final, un bon roman qui parvient à restituer l'ambiance complexe d'un japon aux multiples facettes pas toutes très glorieuses à travers une histoire principale moins intéressante que celles subalternes.
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Cette histoire c'est celle de Gutxi, un ancien terroriste basque. Un homme qui a été incarcéré. Il a un lourd passé. Il est le fils de l'ancien chef de l'ETA militaire. Gutxi a combattu à ses côtes ; plus par respect et tradition que par conviction.

Puis il y a eu cette nouvelle vie au japon. Auprès de Tamae. Il devait avoir la bénédiction de son père. Il était donc reparti en Espagne pour un court séjour. C'était sans compter sur la police espagnole. le voilà arrêté et incarcéré. 20 années perdues. Et au terme de ces 20 ans, dans une boîte à chaussures, avec d'autres documents censurés par l'administration pénitentiaire, cette missive qui lui apprend que Tamae est décédée 3 ans après son incarcération. Adieu les rêves de retrouvailles et de bonheur. Puis il y a l'extradition vers Buenos Aires. Que lui importe désormais !

Condamné par les médecins, car il est atteint d'une maladie orpheline incurable, il décide de revenir au japon, ce pays où il a été heureux, pour y finir le peu de jours qu'il lui reste. Sereinement. Mais la sérénité ne sera pas pour tout de suite. Son passé le rattrape. Tamae était la fille d'un yakuza avec qui il était en affaires pour l'achat d'armes à destination de l'ETA.
Extrait page 31 : « Des images d'autrefois passèrent en trombe dans son esprit. Les yakuza, Tamae, Ikéda père, la cérémonie de remise de la coupe pour affirmer son appartenance au clan, lui, le seul « non japonais » ayant jamais été reçu ainsi ».

Il est « convoqué » par l'oyabun, Kishiro Ikéda, l'oncle de Tamae, qui dirige désormais le clan familial. Ce dernier lui apprend que Tamae a été tuée dans une voiture piégée lors d'une guerre des clans et qu'il a un fils, Shugo. Son fils, a volé les recettes de plusieurs tripots. Son attitude risque de déclencher une nouvelle guerre des clans. Afin de l'éviter, l'oyabun charge Gutxi de retrouver ce fils inconnu. S'il échoue c'est la mort qui l'attend. Pire que celle que la maladie lui réserve. Les yakuza n'ont pas un sens de l'humour développé.

Avec l'aide de Massa, un yakuza, puis celle de Koji, l'ancien garde du corps de Tamae, celle d'un ours, celle de Claudine, le médecin qui lui donnerait presque envie de combattre sa maladie, Gutxi, va chercher, creuser, et mettre à jour des vérités dérangeantes.
Extrait page 215 : « Une nouvelle forme d'esclavage poussé à son paroxysme, criminel comme il n'aurait jamais osé l'imaginer. Tout était si clair, si logique dans sa conception à partir du moment où il n'y avait aucun état d'âme, aucun scrupule. La négation de toute humanité. »

Ce livre nous entraîne dans un japon fascinant qui nous happe totalement, avec ses traditions et sa corruption. Car les yakuza sont partout. Jusqu'au sommet gangrené. Il nous parle aussi d'une ethnie minoritaire, les Aïnous*, une passerelle entre deux continents.
Le tout avec humanité et humour.

J'ai énormément apprécié ce roman et l'écriture de Jean-Michel. Je vous le conseille vivement.
Pour les lecteurs non avertis, un lexique des termes japonais utilisés dans le roman est à disposition en fin d'ouvrage.
Jean-Michel, un livre qui me conduit à faire des recherches à la fin de ma lecture est un livre qui a fait mouche !

Si comme moi vous êtes curieux, pour en savoir un peu plus sur les Aïnous, c'est par ici : https://www.journaldujapon.com/2019/04/08/ainou-le-peuple-autochtone-du-japon/


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Résumé
Un ancien fils de terroriste basque au soir de sa vie retourne au Japon pour renouer avec une période marquante de sa vie. Les Yakuzas qu'il avait fréquenté alors vont ressurgir et l'entrainer à rouvrir certaines plaies.

Avis
Un bon polar qui fait le lien entre un ancien terroriste basque et le milieu de Yakuza.
J'avais peur de tomber dans deux pièges :

un Japon mal décrit
Peur infondée. On se sent au Japon. Les détails géographiques sont justes. La société et même la vie de tous les jours sont bien décrits de façon réaliste et non caricatural.
On s'y croirait.

des Yakuzas qui ont de l'honneur et qui ont des phalanges en moins
Oui le roman commence par un Yakuza qui se coupe une phalange mais le discours "code d'honneur samurai" est vite contredit par les pires pratiques.
J'y ai reconnu certains sujets comme le trafic d'êtres humains (Cf Tokyo Vice de Jake Adelstein).

Deux bons points pour le roman donc.

L'écriture est efficace. L'intrigue est prenante.

Les thèmes centraux sont parfois attendus comme la vengeance, la recherche de son passé, la relation entre le patient et la femme docteur. Cette relation est ce qu'il y a de plus prévisible dans le roman.

Heureusement il y a parfois quelques retournements de situations inattendus pour déstabiliser les petites certitudes de lecteurs sur la suite du récit (je ne vais pas spoiler)

D'autres thèmes sont plus nouveaux (pour moi) comme cette troublante proximité entre Aïnus et Basques.

Un bon roman, un bon polar.
Lien : https://travels-notes.blogsp..
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J'ai fait la connaissance de Jean-Michel Leboulanger avec son dernier roman paru aux Éditions du 38, Salverney, que j'avais énormément apprécié. Un kimono pour linceul est à la hauteur de mes espérances et bien plus encore ! J'ai tout d'abord été fascinée par la magnifique couverture, et dès le commencement de la lecture, je suis partie dans un très beau et long voyage dans ce pays à la culture et aux rites ancestraux, mystérieux et fascinants qu'est le Japon.
Avant de parler de l'histoire en elle-même, il faut souligner la précision dans les descriptions des décors, des personnages, des rites, des costumes, des villes ou campagnes. L'auteur nous montre ce pays au détail près. Je ne me croyais pas au Japon en lisant, j'y étais tout simplement. Et franchement, j'ai trouvé cela complètement magique ! Moi qui suis fascinée par le Japon, j'ai appris beaucoup de choses. le style descriptif de l'auteur pourrait dire à certains que cela donne des longueurs, mais je pense que cela permet au lecteur de s'immerger totalement dans l'histoire et vivre au plus près des personnages et de leur vie. Je ne suis pourtant pas une fan de ce genre, aimant que les actions s'enchaînent vite, mais là, cela ne m'a pas dérangée du tout, bien au contraire ! Toutes ces sensations sont renforcées par le parler et les mots mis en japonais dans le texte. Un lexique à la fin de l'ouvrage nous les explique et détaille. Une lecture vraiment très enrichissante !
Pour en revenir au roman, c'est un thriller très bien mené, un suspense très affuté, au détail près lui aussi. J'en sais plus sur les Yakusas, mais aussi la mafia japonaise et les trafics humains vraiment horribles ! Gutxi, le héros principal, revient donc au Japon après une longue absence, puisqu'il a été arrêté et exilé en Argentine pour ces actions terroristes de l'ETA. Il apprend qu'il est atteint d'une maladie orpheline et condamné. Il revient donc au pays où il a connu son seul et véritable amour, Tamaé, comme une sorte de pèlerinage. Mais celui-ci va très vite se transformer en une quête d'un fils qu'il ne savait pas avoir et qui a disparu. Ce fils fait partie des Yakusa et son grand-père charge Gutxi de le retrouver. Et là commence un périple dans les bas-fonds de Tokyo, les boîtes de nuit, les salles de jeux où la surface cache bien des trafics comme on peut se l'imaginer. Mais il ne s'agit pas seulement de drogue, et c'est là vraiment le plus horrible. Gutxi, malade, va faire la connaissance d'une femme médecin, Claudine. Celle-ci n'accepte pas l'échéance de la maladie de Gutxi et est persuadé qu'il y a un moyen de le soigner. Elle va tout faire de son côté pour cela, même si Gutxi est persuadé du contraire. de découvertes en trahisons en passant par le chantage et une pointe de surnaturel avec certaines coutumes Japonaises pratiqués par des personnages dont je ne soupçonnais pas l'existence, je me suis rendue compte que je n'arrivais pas à lâcher ma lecture, j'étais totalement prise dedans, et je voulais toujours en savoir plus. Au fur et à mesure, la recherche du fils se révèle être en même temps un démantèlement d'un vaste trafic incluant des gens importants !
Et comme dans l'autre roman de l'auteur, je me suis faite avoir par la fin, j'avais misé sur un autre coupable. Il y a tellement d'histoires en une seule qu'il y a plusieurs résolutions, pas question d'être dérangée à ce moment là de la lecture !
Je pourrais vous en parler encore longtemps tellement il y a de choses à dire, tellement ce roman est complexe et dense dans la qualité de sa narration. J'ai appris beaucoup que je ne soupçonnais pas. Je ne peux que vous recommander vivement sa lecture, rien que pour le dépaysement total qu'il suscite. Et c'est en plus un très bon thriller ! En quelque sorte, rien ne manque.
Je remercie vivement Jean-Michel Leboulanger pour ce très bon moment de lecture J'ai maintenant hâte qu'il écrive un nouveau roman. En tout cas, c'est un auteur que je vais suivre de très près.
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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Gutxi, ancien membre de l'ETA militaire, débarque à Tokyo après huit années passées en prison à Madrid et douze autres d'exil en Argentine. Une fois libéré, un médecin lui a annoncé sans ménagement qu'il ne lui restait que fort peu de temps à vivre. Tamae, son épouse japonaise, est morte dans des circonstances troubles alors qu'il était encore incarcéré. Désireux de retrouver le cadre de son ancien bonheur, Gutxi n'aspire qu'à en terminer dans une certaine sérénité. L'ennui, c'est que dès son deuxième jour dans la capitale japonaise, il est contacté par des yakusa parfaitement au courant de son passé de terroriste. Il apprend également que Tamae a eu un enfant dont il serait le père et qui aurait une vingtaine d'années aujourd'hui.
« Un kimono pour linceul » est un authentique thriller dans la mesure où les cadavres s'accumulent au fil de cette sombre et douloureuse histoire. Il a néanmoins la particularité d'être atypique tout d'abord pour son cadre exotique (l'auteur semble avoir une connaissance approfondie de la société japonaise en général et de la mafia en particulier) et ensuite pour son personnage principal, un basque, ancien complice des terroristes de l'ETA, qui ressort broyé de la machine répressive espagnole et auquel la vie n'a pas fait de cadeau. D'où une empathie immédiate pour son destin tragique. L'intrigue de qualité est menée habilement. On y trouve du suspens, des rebondissements et des questions pendantes qui ménagent l'intérêt tout au long du livre et jusqu'à une fin assez surprenante. le style est souvent descriptif et parfois un peu lent mais ce n'est pas vraiment un défaut vu que cela permet d'apprendre tant de choses sur un Japon peu connu et une réalité yakusa plutôt terrifiante.
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Le jeu fait tout oublier. L’amour aussi ?
Dix secondes. Une respiration profonde.
Il commença le compte à rebours.
Dix… Neuf… Jû… ku…
Sa main droite saisit le manche de bois lisse et froid du couteau… Bien assurer sa prise…
Huit… sept… Hachi… shichi…
De sa main gauche, il chiffonna un des linges blancs qu’il avait agrippé nerveusement. Il fallait aller vite désormais. Ne plus penser, être dans l’action. L’auriculaire bien raide contre le plateau glacé de la table. La gueule du dragon prête à recevoir l’offrande.
Six… cinq… Roku… Go…
La pointe de la lame contre la peau. La sensation du tranchant de l’outil bien fourbi, prêt à faire le travail qu’on lui demande.
Quatre… trois… Yon… san…
Entre les deux phalanges, juste à la jointure…
Deux… un… Ni… ichi…
Un coup sec, à peine appuyé.
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Quand la voiture ne pouvait plus rouler, il les voyait sortir précipitamment, à demi coincés par les portières qui butaient contre les façades, alors que lui-même disparaissait dans l’étroitesse d’un passage entre deux maisons. Il se faufilait avec adresse entre les câbles électriques, les énormes climatiseurs et les nombreux vélos qui encombraient ses allées. Gutxi débouchait généralement dans une autre rue piétonne où il attendait ensuite calmement ses poursuivants qui apparaissaient enfin, hagards et nerveux. Gutxi continuait sa marche négligemment, observant en douce dans les reflets des vitrines la filature dont il faisait l’objet.
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Malgré la torpeur de ces jours paisibles, Gutxi n’avait pas relâché sa vigilance. Depuis sa rencontre avec l’obayun, il avait remarqué qu’on le suivait. Discrètement, mais efficacement, il s’était surpris de s’en amuser, lui qui ne riait jamais et qui pensait avoir perdu sa jovialité d’autrefois. Par jeu, il emmenait ses suiveurs dans des rues étriquées d’Akasaka Mitusuké, là où les limousines ne pouvaient se frayer un chemin sans risquer d’écraser de multiples piétons qui se croisaient et se bousculaient à longueur de jour et de nuit. Gutxi leur jouait des tours.
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Sur le plateau, alignés l’un à côté de l’autre, étaient pliés avec soin deux petits linges blancs. Sur le côté, une coupelle de saké. Enfin, devant lui, le tanto, le couteau traditionnel. Il en avait saisi fermement l’extrémité. Sans hésiter, il avait tiré d’un coup sec la lame courte de la saya de bois verni. L’arme était légère comme une plume, la lame précise comme un rasoir. Les plus récentes technologies n’avaient pas réussi l’exploit de dépasser, ni même d’égaler, le savoir-faire millénaire des maîtres forgerons de Kochi.
Le rituel…
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Dès son arrivée à Narita, il retrouva une atmosphère familière, des sons, une ambiance qui ne semblait pas avoir changé depuis vingt ans. Et surtout, il s’étonna de pouvoir à nouveau s’exprimer en japonais sans trop de difficultés alors qu’il pensait avoir tout oublié dans la pampa, ne parlant que l’espagnol avec les indios. Perdu au milieu des troupeaux, il aurait été bien incapable de seulement dire konichiwa dans le cas où un samouraï se fut égaré dans les vastes plaines sud-américaines.
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