La certitude aveuglante que moi aussi je suis né pour chanter du rock'n'roll. Elvis me montre la voie, me désigne l'ouverture par où je dois passer si je veux m'imposer. Désormais, j'ai trois alliés, trois héros, trois modèles. Avec Dean, Presley et Brando, je tiens les personnages clés de ma vie.
Je sais que le bonheur n'existe pas. Il n'y a que la douleur. Et la solitude. J'en parle souvent parce que je ne peux parler que de ce que je connais. Quand je dis parler, c'est chanter.
Quand je suis trop heureux, je panique. Ça s'appelle le mal de vivre.
J'ai peur de la mort. Mourir dans l'action ne me fait pas peur, mais la certitude de l'échéance inévitable est effrayante.
La vie de rocker, c'est ça. Un cocktail terrible, composé de déglingue, d'urgence, d'explosion, de fracas, de décorum, de parades, d'éclats et de décibels. Sans oublier le rêve et le don de soi. La vie d'un rocker ne lui appartient pas. Ça passe ou ça casse. Si ça passe, on va plus loin. Si ça casse, on peut renaître du chaos. J'en sais quelque chose. J'ai tout essayé ! Tout donné !
J'avais fais mon service militaire jusqu'au bout. Je m'étais marié. Bref, j'entamais le processus normal et traditionnel de l'homme adulte et respectable. Normal. Traditionnel. Adulte. Respectable. Quatre mots que je déteste aujourd'hui encore. Pas question pour moi de grandir, de me couler dans le moule. Je voulais conserver une âme d'enfant, continuer de rêver en faisant rêver les autres, m'éclater sur scène en tentant de rattraper le temps perdu. Et puis paradoxalement, mon bonheur tout neuf avec Sylvie me faisait peur. Je ne suis jamais parvenu à me faire au bonheur. J'éprouve une incapacité fondamentale à être heureux. Quand je suis trop heureux, je panique.