Le sujet du bouquin n'est pas des plus vendeurs : l'état, l'avenir et la gouvernance de l'Eglise catholique. Il y a quand même plus croustillant : les prêtres pédophiles, la réintégration d'évêques négationnistes, les dérives sectaires… La liste est longue. Et bien justement pour le même prix vous aurez aussi tous ces sujets d'un coup et même plus ! Effectivement, les réflexions des deux protagonistes du livre, un journaliste et un mystérieux cardinal (non, ce n'est pas un pléonasme, mais c'est qu'on n'a pas son profil Facebook), sur l'état de l'Eglise tournent beaucoup autour des relations de l'institution avec les sociétés occidentales, les plus critiques à son égard et les plus déspiritualisées, dans l'optique de leur rendre plus audible son message évangélique. Et là, y a du boulot ! de ce fait, les deux interlocuteurs ne peuvent ignorer les événements qui, au mieux, interpellent ce monde occidental, et qui touchent à l'institution et à la diffusion de sa "bonne nouvelle". Toutefois, heureusement, l'objectif n'est pas d'épiloguer sur ces sujets de société mais de prendre le recul nécessaire pour discuter et envisager des solutions.
L'intérêt du livre est qu'il se veut honnête et sans concession vis-à-vis des difficultés de l'Eglise, qu'il permet d'avoir l'expérience et la vision d'un personnage apparemment très haut placé dans la hiérarchie ecclésiastique, et qu'il présente un courant relativement ouvert, réformiste et apparemment pas des plus majoritaires de l'institution. Pour faire excessivement court, les deux protagonistes prônent un retour à une Eglise véritablement portée par les valeurs évangéliques (humilité, compassion, pauvreté, partage, tolérance, pardon…) prêchées par son fondateur, Jésus Christ, à savoir, en laissant tomber ce qui peut apparaître comme des dérives comportementales ou institutionnelles qui ont pu s'accumuler au cours des siècles, comme une certaine primauté de la morale au détriment de la foi, une certaine volonté de pouvoir, une certaine ostentation, certaines collusions avec les puissants, le primat de la règle sur l'esprit (sur l'Esprit ?)... La tâche semble immense mais urgente, d'où ce plaidoyer réalisé par deux personnes à l'intérieur de l'institution, bienveillantes à son égard et dont la foi est grande envers elle. Ceci n'empêche pas des remises en cause profondes et des critiques parfois véhémentes qui visiblement semblent coûter aux interlocuteurs mais que leur honnêteté et leur amour de l'Eglise rendent d'autant plus audibles, riches et porteuses.
Non, le sujet n'est effectivement pas croustillant mais fortement utile puisqu'ayant pour enjeu rien moins que l'espérance de l'humanité !
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Voilà un livre qui fait du bien. Oui, parce qu'il dénonce tout haut ce que beaucoup de croyant pensent tout bas, pour autant qu'ils restent encore dans l'Église.
Ce livre a d'autant plus d'impact que l'auteur fait parler un prélat qui a été proche des sphères du "pouvoir". Oui, je mets ce mot entre guillemets car je n'aime pas parler ainsi de la hiérarchie de l'Église que je me plais à croire (mais peut être à tort) comme un contre-pouvoir, justement. Bref, lire que non, dans la hiérarchie même de notre Église, il y a de la place pour d'autres voix, cela fait réellement du bien... il semblerait d'ailleurs que cela soit confirmer avec le nouvel évêque de Rome que nous avons désormais!
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J'accepte de bonne grâce l'interrogation de celui qui mettrait en doute ma foi au nom de la fragilité de son origine.
Nous avons oublié quelque chose d'essentiel au cours des siècles, Olivier : notre foi est intrinsèquement fragile. Comme nous avons pu l'imposer au grand nombre du fait d'un enchaînement de circonstances propices, nous avons fini par nous habituer à la considérer comme une évidence.
Eh bien non, ce n'est pas une évidence. Je comprends très bien que, si notre foi essaie de se travestir en évidence qui s'impose d'elle-même, elle puisse être rejetée.
Quand on parle de foi et d'espérances chrétiennes, il n'y a pas de quoi pavoiser : aucune preuve de type scientifique pour les étayer. Juste une humble certitude intérieure.
J'ai une crainte, Olivier. Celle que les "purs et durs" de notre Église, sous prétexte d'exigence, imposent une morale avant d'inviter à la foi. Je crains ceux qui se drapent dans le manteau immaculé des principes moraux, car cela ne suffit pas. Je veux dire : l'arme morale ne suffit pas si elle n'est pas portée par la compassion.