Les absents

Voici un livre à deux visages, un ouvrage bicéphale. Ou peut-être pourrait-on le comparer à un disque vinyle avec sa face A et sa face B. Vous l'aurez compris, nous vous proposons de découvrir la plume d'Armelle le Golvan dans tous les sens, à l'endroit et à l'envers.

Ces deux romans, cohabitant au sein de la même enveloppe, sont en réalité des faux jumeaux : ils sont portés par la même mère, baignent dans le même liquide, celui du long silence de l'absence, mais ils sont très différents par les univers qu'ils nous présentent.
L'auteure nous raconte, avec ces deux récits, la douleur des femmes, un thème qui lui est cher et dont la matière première a encore de beaux jours devant elle. C'est à la fois avec rage mais aussi avec une grande tendresse, avec le regard d'une mère, qu'Armelle le Golvan envisage et décrypte l'intimité des souffrances féminines.

Avec Il suffira d'un train, l'auteure se glisse dans la peau d'un homme et nous entraîne dans un univers intermédiaire déconcertant, ballottant le lecteur d'un rêve envahissant et malaisant à une réalité toujours plus fugace et fuyante.
La vengeance est un plat qui se mange froid nous enseigne le proverbe, la romancière nous en donne ici une version onirique sombre. Son style y semble plus apaisé ou peut-être plus détaché ! Mais attention, il est prudent de ne pas se fier aux apparences.

Dans Les larmes des groupies ont un goût de bile, on retrouve l'écriture directe, réaliste et crue de l'auteure, celle qui abrite sa colère et son"inadmissible". Elle nous dépeint avec une abrupte justesse l'ambiance crasse du quotidien d'un petit groupe de rock, aux modestes moyens et aux grandes prétentions, et la candeur exaltée des groupies adolescentes, proies aveuglées et malléables.

En compagnie de cet insolite ouvrage : Les absents, laissez-vous chavirer, partir à la renverse et goûter à la liberté de commencer votre lecture par la fin si le coeur vous en dit !