L'occultisme est donc l'étude du côté caché de la nature. Ou plutôt, c'est l'étude du « tout » dans la nature, au lieu de cette petite partie seule qui est inclue dans les investigations de la science moderne. Dans l'état actuel de notre développement, la plus grande partie de la nature est entièrement inconnue de la majorité de l'humanité, celle-ci n'ayant jusqu'à présent déployé qu'une infime portion des facultés qu'elle possède. L'homme ordinaire ne fonde donc sa philosophie, pour autant qu'il en ait, que sur des bases tout à fait insuffisantes.
Son seul objet alors est de se préparer pour être capable d'aider le monde, et toutes ses pensées et ses actions sont dirigées vers ce but. Il peut oublier un moment sous l'influence de la tentation, mais l'oubli ne peut être que temporaire. Voilà bien le sens du dogme ecclésiastique que l'élu ne peut jamais plus tomber. Il possède le discernement, « l'ouverture des portes de l'esprit », pour nous servir des expressions employées par les religions d'autrefois pour désigner ce changement. Il sait maintenant ce qui est réel et ce qui est irréel, ce qui vaut la peine d'être acquis et ce qui est sans valeur.
Jusqu'à ce que cela soit accompli, nous serons dans la situation d'un homme regardant l'envers d'une grande tapisserie qu'on serait en train de tisser. Pour lui, tout cela n'est qu'un mélange confus de couleurs variées, de bouts de fils pendant en désordre, sans régularité et sans beauté; il est incapable de rien comprendre au bruit désordonné des machines. Mais dès que nous pourrons, à l'aide de notre connaissance du sens caché de la nature, jeter un regard d'en haut, le dessin commencera à se dérouler sous nos yeux et le chaos apparent deviendra progrès ordonné.