AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782882508515
208 pages
Noir sur blanc (11/05/2023)
3.75/5   8 notes
Résumé :


Ce recueil d’essais est un livre sur la possibilité ou l’impossibilité de se comprendre. Depuis trente ans qu’il vit en Suisse, exilé de sa langue et de son pays, Mikhaïl Chichkine réfléchit à l’évolution de la Russie et à ses relations avec le reste du monde. Il s’appuie sur sa connaissance de l’histoire russe et soviétique, sur son expérience personnelle et sur les grandes figures culturelles et littéraires.

Pourquoi l’Occident et la... >Voir plus
Que lire après La paix ou la guerre : Réflexions sur le ''monde russe''Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Désespérant!
non pas le livre, ou plutôt cet essai composé d'une douzaine de textes écrits autour de 2019, avant l'invasion de l'Ukraine, encadrés d'une préface et d'une postface à la nouvelle édition datée 2022.
Livre de circonstance qui tente de répondre aux questions que nous nous posons. Désespérante, la réponse : le pire est à venir et il n'y a rien à attendre de la société civile russe.

La question la plus pressante que nous nous posons tous (à l'Ouest) : comment les Russes peuvent-ils adhérer à la propagande qui a d'abord nié la guerre et qui distille des mensonges flagrants? Chichkine y consacre son premier chapitre le paradoxe du mensonge. Les Russes sont habitués aux mensonges, Poutine ment sans vergogne, à ses concitoyens comme à l'Occident. Les mots n'ont pas le même sens 

"La Russie est revenue aux temps soviétiques du mensonge absolu. le pouvoir a alors conclu avec ses sujets un contrat social resté en vigueur pendant des dizaines d'années : nous savons que nous mentons et vous mentez et nous continuons à mentir pour survivre."

Suit, un résumé de l'histoire de la Russie, de sa fondation par les Vikings (Kyiv choisie pour capitale en 882) à nos jours. L'invasion des Mongols au XIIIème siècle et l'intégration de la Rous au khanat de la Horde d'Or est selon lui, le fondement du fonctionnement du pouvoir où prévaut la loi du plus fort :

"Toute la hiérarchie du pouvoir fonctionnait selon le même principe : courber l'échine devant les supérieurs, piétiner les inférieurs"

La suite de l'histoire prouve que cette règle n'a pas changé sous les Tsars comme à l'époque soviétique. La seule idéologie serait le maintien au pouvoir. Cette partie m'a beaucoup intéressée.

le chapitre suivant "Skoro" - Bientôt est plus personnel, plus contemporain. 1961, année de naissance de l'auteur, premier vol spatial habité, l'étau semble se desserrer après la mort de Staline, mais c'est aussi la construction du Mur de Berlin, les pénuries, les livres interdits, le temps des dissidents (héros ou traîtres?). Enfin en 1989, la chute du Mur de Berlin et sur ce mur l'auteur a bombé à la peinture "skoro - bientôt" .

Le Nouveau temps des troubles (1991-1993) les Russes espéraient une démocratisation rapide, un nouvel ordre démocratique, l'ouverture des frontières, la liberté de presse. Les privatisations et l'accaparement par le proches du pouvoir de toutes les richesses de l'état ont privé les gens ordinaires de tout bénéfice. Ils se sont sentis floués.

"Le mensonge communiste s'est mué en mensonge démocratique. les gens ont continué à se faire dépouiller, mais en vertu de mots d'ordre démocratiques"

L'auteur rappelle le chaos et le démantèlement de l'Union Soviétique, et les aspirations populaires à l'ordre et à l'autorité. Un nouveau monarque devait émerger et rétablir l'ordre.

1999 la Russie se relève

"...la vie russe s'est déroulée selon les manuels rédigés par des professeurs du KGB à destination des agents secrets. Provocations, fraudes électorales, corruption, compromissions, lynchages médiatiques, stratégie politiques sordides, empoisonnements secrets, exécutions publiques, guerre hybride...


Le pays s'est ouvert aux opérations spéciales"

la hausse du prix du pétrole a donné une relative aisance à la Russie. 

"Au panthéon du 3ème empire russe siègent les saints des deux empires précédents Nicolas II est vénéré au même titre que Félix Dzerjinski "

Le nationalisme remplace même la prospérité, le patriotisme compense les frustrations. Dans un chapitre l'auteur transpose les propos de Thomas Mann à propos de l'Allemagne nazie en interchangeant les mots "allemand" et "russe" . Vertige sémantique de cette Leçon d'allemand à l'usage des Russes -Thomas Mann et la Guerre d'Ukraine. Les réactions des citoyens sont rares 

Dans sa Postface l'auteur en appelle à l'Europe s'appuyant sur la réaction des Ukrainiens sur Maïdan en 2014, envoyant à l'Europe une "lettre en poste restante".

Cette lecture répond à mes interrogations, mais me laisse pessimiste. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          100
Pour la dernière Masse Critique de Babelio de l'année, j'ai eu la chance de remporter ce titre de l'auteur russe, Mikhaïl Chichkine, Михаил Павлович Шишкин, exilé en Suisse, paru chez Les Éditions Noir sur Blanc. Considéré comme l'une des voix les plus importantes de la littérature russe actuelle, il est également un opposant ouvertement déclaré de Vladimir Poutine, n'hésitant pas à communiquer dans la presse étrangère. En 2013, il refuse d'ailleurs de représenter la Russie à la foire internationale du livre « BookExpo America 2013 » aux États-Unis.

Ce titre La paix ou la guerre, directement inspiré de l'oeuvre son condisciple russe Léon Tolstoï, est précédé d'un sous-titre Réflexions sur le « monde russe ». Il s'agit d'une édition remise à jour d'un essai, qui est complétée d'une préface ainsi que d'une postface de l'auteur. Une préface, donc, d'un personnel, de l'homme à la nationalité russe, honteux des exactions de son pays en Ukraine. Car si ces textes existent, c'est d'abord à cause de l'annexion de la Crimée en 2014. S'ils retrouvent une nouvelle voix aujourd'hui, c'est donc par la folie du président qui semble sans limite. Mikhaïl Chichkine présente le but de cet ouvrage, recueil d'essais, qui est celui de présenter son pays depuis le point de vue d'un homme de lettres, d'un homme russe né soviétique, né d'un mariage mixte d'une mère ukrainienne et d'un père soviétique, d'un fils de déporté, devenu lui-même exilé de son pays. La meilleure voix-e qui soit pour éclairer l'occident sur la personnalité de ce pays, et de ce président, qu'il ne parvient pas à comprendre. Je craignais que l'auteur ne s'enfonce dans des explications obscures et alambiquées du premier pseudo-expert de géopolitique venu, mea culpa, les textes sont d'une simplicité et clarté implacables et d'une intelligence rare, j'ai pris beaucoup de plaisir à les lire.

On y trouve une fine analyse de l'histoire russe, de ses dynamiques, car ce qu'il tente de faire, avec succès, c'est d'expliquer, sans jamais justifier, la présence au sommet de l'état de Vladimir Poutine depuis presque vingt-cinq années, accepté et encouragé par une partie non-négligeable de la population russe. Mikhaïl Chichkine joue le rôle de traducteur de cette attitude docile face à l'agressivité d'un président qui grignote un peu plus chaque jour de leurs libertés fondamentales. Ce sur quoi repose l'ensemble des textes et peut-être le malentendu entre occident et orient sur leur propre notion de démocratie, qui diffèrent en tout point. Mikhaïl Chichkine ne passe évidemment pas à côté d'une analyse sur la psychologie et le comportement du président de la Fédération, tout le petit monde des spécialistes en politiques russe y sont allés de leur propre analyse ces dernières années, mais c'est évidemment Mikhaïl Chichkine que j'aurais plus tendance à croire. L'auteur russe a appris à lire derrière les mots de Poutine, il nous donne les clefs pour déchiffrer ce qu'il faut entendre et comprendre derrière la fatuité de sa posture.

Ce recueil d'essais est l'une de mes lectures coup de coeur du mois, l'auteur a un réel talent pour expliquer dans les détails sans complexifier le sujet qui l'est déjà assez, j'ai avalé les pages les unes après les autres sans rencontrer de difficulté particulière : le fait de classer ce recueil dans la catégorie des essais peut inutilement effrayer. On lit une synthèse parfaite de l'histoire russe, de ses liens avec son passé (soviétique et pendant l'invasion tartaro-mongole) qui confère au président russe le surnom de grand Khan. Ce livre apporte les éléments essentiels pour comprendre la Russie à laquelle on a à faire, une clairvoyance et une lucidité, parfois désopilantes, d'un pays qui n'en a visiblement pas fini avec ses dictateurs, qui ne cessent de revenir sur le devant de la scène, au plus grand désespoir de l'auteur. Et comme il est question de guerre, Mikhaïl Chichkine ne manque pas d'aborder cette nouvelle forme de guerre, dont les Russes sont engagés, la guerre des fake-news, une guerre dans laquelle nous sommes engagés, involontairement, par l'utilisation intensive des réseaux sociaux.

La vision de l'auteur sur l'avenir de son pays est assez sombre et pessimiste, il n'y voit d'autres solutions pour sortir de ce bourbier dictatorial, une « heure zéro », c'est-à-dire la remise à zéro de tous ses compteurs, ou « dépoutinisation », ce que la population ne semble pas être prête présentement. L'auteur russe pointe surtout du doigt que Vladimir Poutine a embarqué l'occident dans une guerre qui ne se joue plus sur les terrains minés, les fronts embourbés et les tranchées boueuses, mais sur toutes les sphères d'influence possibles et imaginables avec la haine de l'autre pour moteur. Les affaires Trump, Fillon et celle du financement du Rassemblement National ne manquent pas d'appuyer son propos.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          40
La guerre en Ukraine a ouvert la voie à de nombreuses interventions, dans la presse écrite, à la radio etc, pour comprendre la Russie.

Pourquoi ce vaste état semble-t-il incapable d'avoir un régime démocratique ? Pourquoi les russes soutiennent-ils majoritairement un dictateur ? Pourquoi cette invasion de l'Ukraine ?

À toutes ces questions, des réflexions sont ici amenées parMikhaïl Chichkine, écrivain russe en exil pour avoir dénoncé la première attaque contre l'Ukraine en 2014.

Mikhaïl Chichkine est né d'un père russe et d'une mère ukrainienne. Son grand-père est mort victime de la collectivisation, son oncle est mort pendant la Seconde guerre mondiale. Il a connu le communisme, l'effondrement de l'URSS, les espoirs puis les déceptions suscitées par Eltsine, la montée au pouvoir de Poutine.

Ce livre est composé de textes écrits pour la plupart en 2019. Ils sont terribles car ils constituent autant d'avertissements que l'Europe n'a pas su entendre. L'auteur y dépeint clairement la désinformation, la manipulation, les mensonges et autres assassinats ciblés menés par l'Etat Russe.

La faute à une méconnaissance de la Russie, de la mentalité des russes. Des mots qui ont un sens à l'Ouest et un autre à l'Est.

De cette fameuse âme russe qui fait tant écrire et qui pourtant n'est qu'un rideau de fumée.

De ce peuple qui a appris à survivre face à des régimes autocratiques, de ce peuple dont les éléments éduqués ont été exterminés après la révolution de 1917 ou poussés à l'exil sous l'ère Poutine.

J'ai beaucoup aimé cette lecture que j'ai trouvé très intéressante et accessible. Ce livre permet de mieux comprendre ce qui, de notre côté de la barrière, pourrait sembler incompréhensible.
Commenter  J’apprécie          80


critiques presse (1)
LeMonde
16 juin 2023
Dans un recueil d’essais à la fois intime et historique, l’écrivain rêve de voir une autre Russie renaître de ses cendres. Un grand livre de colère.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cela fait bien trop longtemps déjà que les meurtriers et les fous spéculent sur l’amour de la patrie. Je crois que la meilleure définition du patriotisme est celle qu’en a donnée le journaliste, essayiste et dissident polonais Adam Michnik : « Le patriotisme ne se mesure qu’au degré de honte que l’individu éprouve pour les crimes commis. au nom de son peuple ». Des « patriotes russes » m’accusent de russophobie. Je crois que la réponse, ce sont mes livres. Mes romans sont ma déclaration d’amour à ma monstrueuse patrie.
Commenter  J’apprécie          20
Prenons le terme de « démocratie ». En Europe, la démocratie passe pour garante des libertés personnelles, des droits humains. Pour la majorité des Russes, en revanche, ce mot est synonyme de chaos des années 1990. Or personne en Russie ne souhaite le retour des « années sauvages ».
Commenter  J’apprécie          40

Video de Mikhaïl Chichkine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mikhaïl Chichkine
BIBLIOTOPIA 2019 | Rencontre croisée Mikhaïl Chichkine et Jacek Dehnel
autres livres classés : patriotismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}