J'ai plutôt apprécié ce livre car il y a beaucoup d'idées que je partage sur le métier, sur la vision de l'être humain, mais il y a tout autant de points que je ne peux pas m'empêcher de trouver un peu court, un peu cliché même, un peu trop manichéen aussi. Mais, force est de reconnaître que l'auteur a des couilles et des idées, et il les expose dans « son » livre fondateur, ce qui a tout son mérite.
Il y a quand même problème dans le postulat et l'ambition de départ. Un aveuglement qui semble quasi total sur ce qui existe déjà et depuis bien longtemps en-dehors de la psychanalyse. Alors, je veux bien qu'en France celle-ci ait encore une influence et soit répandue encore fortement dans les esprits et les pratiques. Mais ailleurs, partout ailleurs, cette influence est très diminuée, voire nulle. Tout un tas de pratiques, de nouvelles théories, de nouvelles idées ont émergé, que ce soit via les TCC, via la psychologie humaniste, via les neurosciences, et j'en passe tellement... Que l'auteur en présence se prenne pour celui qui va sauver le monde et les gens d'anciennes pratiques analytiques inefficaces, c'est presque une blague. L'homme se prend pour Don Quichotte ou un prophète, sauf qu'il y en a déjà eu 154286 avant lui et qui étaient loin d'être grotesques et sans valeurs.
Extrait :
« En fondant une nouvelle pratique thérapeutique, je n'espère pas moins que sauver ces millions de gens qui, chaque année, consultent à travers le monde des psychologues, psychiatres ou psychanalystes basant leurs pratiques thérapeutiques sur les modèles freudiens. Il y a urgence; »
Mais bon, passons ces premiers éléments de critique nerveuse et allons un peu plus avant et loin.
« La Psy'Action doit avoir comme objectif de permettre au plus grand nombre de personnes d'accéder au bonheur. »
Car il est clair que le bonheur est ce qu'il faut chercher. Notre monde nous a délivré de la contrainte physique, le corps n'est plus surexploité, le plaisir et le bonheur existent. Il n'y a plus que des contraintes psychologiques (pressions de la société, des normes, des groupes…) à surmonter.
La psychanalyse, du blabla pour remuer le caca. (C'est moi qui écrit.)
Parler, seulement parler ne suffit pas. Enorme postulat auquel on peut adhérer aisément, la vie est dans la pratique, les changements d'habitudes et de façon de voir le monde :
« ... une thérapie, qui ne s'attache qu'à modifier la perception des expériences vécues, par le dialogue ou une autre technique, ne peut pas être efficace. La seule thérapie, qui peut être totalement efficace, est une thérapie qui invite l'individu à changer en même temps sa perception du monde et le monde lui-même. J'appelle cela : la co-transformation. Ce principe constitue l'un des principes fondateurs de la Psy'Action. Il est central dans le processus de guérison que nous proposons au patient.
Un système qui étouffe, un monde forgé duquel on n'aime pas ce qui dépasse, les autres ne veulent pas forcément notre bonheur, ils veulent surtout que rien ne change…
« On ne peut pas en vouloir aux jeunes gens qui étudient de consommer de l'alcool ou de la drogue. Car c'est le système qu les pousse à agir ainsi. Lorsque le système dans lequel un individu évolue étouffe en lui tout potentiel, toute liberté, toute créativité, alors la solution est soit la révolte, soit l'ivresse, soit la mort. le jour où l'individu est libéré du joug de ce système, alors il revit. C'est cette libération que nous visons dans le cadre de la thérapie par la Psy'Action »
Trouver sa place, comment ?
« Les travaux que j'ai menés au cours des dix dernières années grâce à l'accompagnement de plus de trois mille personnes dans leur changement de vie m'ont permis d'identifier trois dimensions sur lesquelles la relation entre l'enfant naturel et spontané (le moi profond) de l'individu et son environnement (les différentes places qu'il s'occupe s'établit.
. Dimension n°1 : le sens.
. Dimension n°2 : les besoins.
. Dimension n°3 : la personnalité. »
Il est donc indispensable de s'interroger et de trouver réponses à ses trois dimensions essentielles et c'est là ce à quoi s'attache le thérapeute.
L'auteur fait allusion directe à la psychanalyse dans son titre, pourtant, force est de constater que RIEN A VOIR, quasi RIEN EN COMMUN, l'auteur se justifie un peu, ça vaut ce que ça vaut :
« La Psy'Action a en commun cet aspect avec a psychanalyse. Elle est autant une méthode thérapeutique qu'une façon de concevoir l'être humain, de mieux appréhender son mode de fonctionnement et donc d'adapter le monde à lui. Elle peut donc intervenir, en amont de la survenance des maladies psychiques et des situations de souffrance en tant qu'action préventive et en aval en tant qu'action corrective dans leur traitement et leur guérison. Ces concepts devraient ) terme pouvoir être employés dans de nombreux domaines pour aider les personnes à vivre bien, en harmonie avec leur environnement matériel, social et symbolique. C'est en tout cas l'objectif ambitieux que je me suis fixé en écrivant ce livre. »
Redevenir l'acteur de sa vie. On frôle tellement la thérapie ACT ou d'autres que… quelle est l'originalité vraie de la Psy'Action, ça...
« Le changement, et donc la guérison, est un processus complexe. L'individu doit redevenir l'acteur de sa vie, de ses pensées et de ses actes? Il doit prendre conscience du fonctionnement de son esprit et prendre à le maîtriser. Il doit négocier avec son entourage et avec lui-même sa transformation. Il est rare qu'un individu parvienne à réaliser cet exploit seul. »
Voilà un point intéressant, concernant l'attitude du thérapeute Psy'Action et les transfert-contre-transfert, des points plus que discutables, cela dit :
« Dans la Psy'Action, le transfert et le contre-transfert ne sont pas analysés Les protagonistes ne cherchent pas à comprendre quel jeu inconscient se noue entre eux, tout simplement parce que dans la Psy'Action le transfert et le contre-transfert sont maîtrisés. Dès qu'il commence un accompagnement, le thérapeute de la Psy'Action projette quelque chose sur son patient. Cette chose, c'est une énergie positive extraordinaire, c'est la conviction profonde et inconditionnelle que son patient va aller mieux. Cette projection voulue, travaillée, maîtrisée doit créer un effet d'identification positive chez le patient. C'est par le biais de cette identification que le patient peut sortir de son identité de victime souffrante pour redevenir acteur de sa vie. »
Il y a une contradiction à dépasser, ou une fausse-contradicition dans les propos de Lebreton. A la fois, il est pleinement positif et optimiste pour le patient et lui insuffle cela, et en même temps il semble désabusé de l'être humain, qui préférerait souffrir qu'être heureux, qui préfère le malheur d'autrui plutôt que son bonheur, qu'on aimerait plus fort que tout quelqu'un qui nous fait souffrir… Oui, une contradiction… Une humaine contradiction… Une variante de l'humain, trop humain nietzschéen peut-être. Comment sortir de, aller plus loin que. C'est probablement ça qu'il faut lire chez Lebreton.
Figé dans le passé - vivre au présent...
« Mon opinion est qu'il est possible de réactiver des états physiologiques anciens. Il est possible de remettre l'organisme dans un état physiologique qu'il a connu par le passé et don (puisque le temps et l'espace n'existent pas dans l'inconscient)de faire revenir l'organisme à un mode de fonctionnement plus ancien et ce, de façon extrêmement rapide. le tout est de savoir comment activer cet état ancien. »
Savoir activer, booster, c'est aussi savoir raconter, métaphoriser, l'hypnose, la PNL étant des ressources et donc du coup :
« Le thérapeute de la Psy'Action est donc par nature un conteur qui connait et sait raconter des histoires à ses patients. »
L'Amour qui soigne, guérit même :
« Je fais l'hypothèse que la guérison provient en grande partie de l'Amour que la personne reçoit. Tout se passe comme si l'Amour était un message envoyé à chaque cellule de l'organisme, un message qui disait chaque cellule, à chaque neurone ; vis ! L'Amour est comme un message caché qui mobilise les forces vitales et stimule donc la puissance de guérison de l'individu. Si cette hypothèse est vraie, cela signifie que le thérapeute de la Psy'Action doit aimer ses patients pour qu'ils guérissent. »
Partager ses connaissances, ses pratiques est important, pas une garantie de qualité absolue mais si l'on garde pour soi ses talents :
« Parfois, il existe d'excellents professionnels qui, sans mesurer leurs actions, sans avoir théorisé leurs pratiques, mettent effectivement au point des méthodes et des techniques qui fonctionnent et qui apportent un rel mieux-être à leurs patients. Ce qui est dommage dans ce cas, c'est que le thérapeute est incapable de dire ce qui fonctionne. Il travaille à l'intuition. Cela empêche de partager et de transmettre. C'est donc une perte pour l'humanité car elle se voit privée d'un savoir précieux. »
La capacité à se confronter à la souffrance :
« Ce qui distingue un thérapeute compétent d'un autre professionnel, ce n'est pas le nombre d'années d'études ou les multiples formations et certifications qu'il a pu obtenir? Ce qui distingue un thérapeute compétent, c'est d'abord sa capacité à se confronter à la souffrance humaine. le thérapeute est d'abord une personne qui accepte de voir, d'entendre, de sentir et de ressentir la souffrance d'autrui. Il l'accepte, il l'accueille dans son cabinet et à l'intérieur de li-même. S'il n'est pas capable de se confronter à la souffrance, de l'approcher, de la toucher, alors il ne peux exercer cette profession. La première question à vous poser si vous envisagez de devenir thérapeute est donc celle-ci : est-ce que j'accepte de me confronter à la souffrance. »
Je laisse l'auteur conclure, ses derniers mots sont assez représentatif du livre en lui-même :
J'ai aujourd'hui 38 ans. Ce livre représente pour moi l'aboutissement du premier chapitre de ma vie. Lorsque j'aurai achevé cette conclusion, un deuxième chapitre s'ouvrira. Ce chapitre aura pour objectif de suivre ma voie en faisant en sorte que la réalité se rapproche de ma nature profonde. Comme vous tous, j'aspire à une vie heureuse. le jour de la fin, j'aimerais pouvoir dire avec un large sourire illuminant mon visage je ne regrette rien, j'ai été heureux ! Il est possible que ma maison s'achève là et que d'autres projets, passions, amour ou amitié m'accaparent. Les gens qui sont prêts à prendre la suite et concrétiser ce rêve sont déjà là. Sachez seulement que je continuerai à mon modeste niveau à contribuer au bien-être de l'humanité;
Conclusion : Un livre qui foisonne d'idées dans beaucoup de directions différentes, livre qui se veut fondateur d'une révolution thérapeutique (sans être du tout neuve). Je ne peux pas développer plus chaque concept, chaque chose qui y est dite car ça demanderait de retaper tout le livre et je vais déjà en compiler pas mal d'extraits et citations, sur Babelio. Moi je dis bravo quand même, bravo d'oser, bravo de publier, libre à chacun de se situer sur tous ces points présents et présentés dans ce livre. Il ne peut pas ne pas faire réfléchir. Il se lit facilement, pas abstrus, amphigourique, il est clair. Et il ne s'adresse à mon sens pas du tout qu'aux seuls professionnels, au contraire même. Quelqu'un qui a peu lu et étudié sur le sujet sera enthousiasmé par l'ampleur des idées. Et ne fera pas sans arrêt des liens avec d'autres auteurs et théories… Et donc lira ce livre avec toute sa force potentielle.
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