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3,6

sur 180 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une histoire correcte, mais loin du chef-d'oeuvre annoncé, et qui va laisser énormément de monde sur le bord de la route

Si vous lisez ces lignes, c'est que vous avez entendu parler de ce roman, qui a raflé la totalité des prix de SF les plus prestigieux (Hugo + Nebula + Locus + Arthur Clarke) et une bonne partie des moins fameux, et qui nous arrive auréolé des commentaires dithyrambiques de la quasi-totalité de ceux qui l'ont lu en VO. Oh certes, il y a bien un certain nombre de personnes pour dire que ce roman est à fuir comme la peste, mais vous vous dites que ce n'est que le « bruit statistique » de ceux qui de toute façon n'aimeront jamais rien. Devant une telle unanimité, et ne voulant pas passer à côté d'un chef d'oeuvre comme la SF n'en voit peut-être que tous les vingt ans, vous vous apprêtiez à faire comme moi, à commander sans avoir le moindre doute au sujet de ce livre.

Vous savez quoi ? Lisez d'abord ce qui suit. C'est long, mais après ça, vous achèterez (ou pas) en toute connaissance de cause. J'essaye toujours d'être au maximum concret dans mes critiques, mais là je vais faire un effort supplémentaire pour vous donner toutes les clefs objectives pour vous permettre de faire votre choix.

Soyons clairs : ce roman n'est pas à proprement parler mauvais. Il y a de très bonnes choses dedans. Mais il y a aussi de très, très mauvais points, qui vont laisser un nombre effrayant d'entre vous sur le bord de la route. Ils sont au nombre de cinq : le style / la traduction, la clarté, le rythme, l'univers et la structure. du plus susceptible au moins susceptible de vous faire détester ce livre, ce sont donc :

Style & Traduction

La civilisation du Radch est décrite par l'auteur comme brouillant, aux yeux des autres civilisations humaines, tous les codes du genre. de la démarche aux traits en passant par l'habillement, les bijoux, la voix, le maquillage, le comportement et jusqu'aux courbes du corps, ses Citoyens peuvent être décrits comme androgynes. En clair, il est très difficile de distinguer les hommes des femmes pour quelqu'un d'extérieur au Radch, et ses citoyens n'essayent même pas : dans leur langue, on parle de tout et de tout le monde au féminin. Bon, et en quoi est-ce un problème allez-vous me demander ? ça participe à l'impression de s'immerger dans une culture autre, non ? le problème, c'est quand le traducteur mélange allègrement du féminin et du masculin dans la même phrase, ou féminise des mots masculins : des exemples ? Ma cher ami (au lieu de « ma chère amie »), la prêtre (au lieu de la prêtresse), sa cousin (au lieu de « sa cousine »), l'omniprésent « quelqu'une » au lieu de « quelqu'un », ou encore des horreurs du genre les « êtres humaines ».

Le résultat ? Au début, avant d'avoir saisi que c'était fait exprès par l'auteur / le traducteur, vous vous dites que la correction du bouquin a manqué de rigueur. Quand vous réalisez que ça va être comme ça plus de la moitié du roman, vous comprenez que ça va être… pénible à lire. L'impression d'avoir affaire à du charabia est persistante et ne veut pas vous quitter. Vous avez l'impression que c'est traduit de l'anglais à l'adolescent SMS et pas au français. Parce que si remplacer he par she est plus ou moins bénin dans une phrase anglaise, ce n'est pas du tout la même histoire en français.

Conséquence : vous allez peiner pour lire et comprendre une bonne partie de ce livre, vous allez devoir ralentir votre rythme de lecture et (souvent) devoir revenir en arrière pour bien comprendre la phrase. Et donc, cela va tellement agacer une bonne partie d'entre vous que vous allez abandonner ce livre et regretter de l'avoir acheté. Mon conseil : pour ceux qui lisent des romans en VO, traitez ce roman traduit comme un roman en VO : lisez « en diagonale », si vous trébuchez sur un obstacle ne vous focalisez pas dessus, poursuivez votre lecture, le tout sera de saisir le tableau général. du moment où j'ai adopté cet état d'esprit, ça m'a beaucoup aidé (à lire à mon rythme normal, déjà). Sinon, soit vous allez abandonner, soit lire péniblement 40 pages par jour.

Pour tout dire, je trouve ce choix de traduction absolument incompréhensible, et ce pour deux raisons : d'une part il induit un énorme frein à la fluidité de lecture, et d'autre part il s'éloigne de la VO et de l'esprit dans lequel l'auteur a rédigé son oeuvre. J'ai du mal à saisir comment chez J'ai Lu, ils ne se sont pas rendus compte que commercialement parlant, ils allaient droit dans le mur avec ce type de traduction, qui avait tout pour détourner un pourcentage monstrueux du lectorat SF français (déjà famélique…) du roman. Et tout ça alors qu'il aurait été tellement plus facile, logique, respectueux de l'oeuvre initiale et propice à la fluidité de lecture de tout simplement tout accorder au féminin…

La clarté

Sur quelque chose comme la première moitié du livre, le propos est peu clair. Ce n'est pas seulement du au parti-pris de féminiser la narration, c'est aussi que parfois, le style de l'auteur est obscur et qu'on ne saisit pas ce qu'elle veut nous faire comprendre. Il faut dire que les événements significatifs ont tendance (toujours dans la première moitié du roman) à être noyés dans des descriptions redondantes de la vie quotidienne / de garnison des troupes d'occupation, ou de la description de l'état d'esprit des protagonistes.
Je vous rassure, le propos est d'une clarté limpide dans la deuxième moitié du roman, mais une fois de plus, beaucoup d'entre vous auront abandonné avant d'arriver là. Et c'est d'autant plus flagrant que, du fait de la féminisation du propos, vous ne savez que difficilement si vous avez affaire à des personnages féminins ou masculins en réalité. Il vous arrivera de passer des dizaines de pages à être persuadé que tel personnage est une femme alors qu'en réalité, c'est un homme (en gros, il faut que les citoyens du Radch se trouvent en présence d'humains non-citoyens pour qu'ils fassent l'effort de parler d'eux avec le sexe correct).
Des esprits plus éclairés que moi vont vous dire « mais quelle importance ça a ? C'est la personnalité du personnage qui compte, après tout qu'importe qu'il soit homme ou femme ? Et puis comme ça, vous vous concentrez sur la personnalité du personnage, sans vous focaliser sur son genre, c'est un tour de force ! « . Ben oui mais non, hein, moi je suis terre-à-terre et tout ce que je vois, c'est le nombre de personnes que ça va agacer et inciter encore plus vite à abandonner ce livre. Je pense qu'il avait déjà bien assez de défauts (allez, soyons impartiaux, de complexités) sans en ajouter d'autres qui, finalement n'apportent rien de plus à l'histoire mais qui alourdissent (encore) la narration.

Le rythme

Si le style très particulier et le manque de clarté induit ne vous ont pas déjà fait lâcher ce roman, le manque total de rythme sur 90 % de sa longueur le fera presque à coup sûr. Il faut attendre les 50 dernières pages, en gros, pour qu'il se passe réellement, incontestablement, quelque chose. le reste n'est que flash-backs, descriptions, tableaux (redondants) de la vie quotidienne des protagonistes (oui, merci, on a compris que les Citoyens appréciaient beaucoup le thé, inutile de nous refaire la scène douze fois), dialogues (peu intéressants et pas particulièrement bien écrits), phases de mise en place des événements finaux, et aperçus de l'état d'esprit et de l'histoire du personnage principal.

Pire encore, on peut considérer que ce premier tome du cycle (oui, oui, il y a 3 tomes) n'est qu'une immense préquelle à la vraie intrigue, qui va se dérouler dans les tomes 2 et 3. Si vous avez lu « Aux mains de l'ennemi » du cycle d'Honor Harrington, La Justice de l'Ancillaire peut vous donner le même genre d'impression : tout ça pour simplement arriver à ce qui est si parfaitement décrit sur la quatrième de couverture… Alors certes, il fallait en passer par là pour comprendre les motivations du héros, mais fallait-il faire si, comment dire, plat ? Faire si long alors qu'un roman plus court, plus dense, plus clair, plus nerveux, aurait réellement pu être une incontestable réussite ?

L'univers

Ce ne sera pas forcément le gros point noir pour tout le monde, mais ça l'a été pour moi. J'ai souvent lu (à propos de la VO) à quel point l'univers était original / passionnant. Les plus érudits ont bien capté des réminiscences de grands romans de SF antérieurs, mais ça reste une minorité. Vous savez quoi ? Il n'y a pratiquement RIEN d'original dans ce roman, quasiment tout est outrageusement pompé… pardon inspiré par des romans / auteurs antérieurs. Vous allez me dire : « et c'est un problème ? Des romans hommages / catalogue / compilation, il y en a eu plein ces derniers temps, et tu en as critiqué plusieurs toi-même… ». Oui, s'inspirer très fortement des autres, ça peut ne pas poser un problème, à la condition impérative que ce soit habilement fait et que le mélange soit crédible et pas trop visible. Or, je n'ai pas le sentiment que ce soit le cas ici. Vous voulez lire un roman ou cycle récent mélangeant des références prestigieuses en un tout cohérent ? Essayez La Grande Route du Nord de Peter Hamilton, La Terre Bleue de nos souvenirs d'Alastair Reynolds ou (surtout) le cycle The Expanse (2 tomes en VF pour le moment) de James S.A Corey.

Bien, donc ça mélange quoi et comment ? Les ancillaires, que certains trouvent si originaux, ne sont rien d'autre que des Avatars de vaisseau de Iain Banks croisés avec les Borgs de Star Trek. D'ailleurs, l'influence du regretté Maître écossais est manifeste sur l'ensemble du roman, jusque dans sa structure même (nous allons bientôt y revenir). Mais n'est pas Banks qui veut, l'auteur de la Justice de l'Ancillaire n'a ni le talent littéraire, ni la capacité de l'écossais à alterner sans effort entre humour et la plus profonde des noirceurs.

Les plus éclairés des critiques ont loué l'intelligence et la sensibilité du propos d'Ann Leckie, la profondeur et / ou l'originalité des thèmes abordés, du genre (dans le sens sexe) à ce qui fait de nous des individus en passant par la « chute depuis la grâce » que constitue le fait de passer d'un état omniscient et omnipotent à celui de simple humain. Mon problème est que sur les mêmes thèmes, on peut lire beaucoup, beaucoup mieux (essentiellement du fait que le propos est immensément plus clair) du côté des gens qui ont lourdement inspiré Ann Leckie, ou de gens qui ont traité des thèmes similaires :

- Vous voulez lire des histoires sur les Intelligences qui manoeuvrent des vaisseaux et des stations spatiales ? Lisez le Cycle de la Culture de Iain Banks.

- Vous voulez lire une formidable histoire sur une IA qui passe de l'état de machine à celui d'être conscient, d'individu ? Lisez l'excellent L'IA et son double de Scott Westerfeld.

- Vous voulez lire une histoire splendide sur un univers où les genres sont flous, les frontières brouillées, l'androgynie reine, et qui se passe sur une planète glacée (Miss Leckie, il fallait vraiment pousser l'analogie jusque là ?) ? Lisez plutôt La main gauche de la nuit d'Ursula le Guin.

- Vous voulez lire une histoire où des êtres multiples, dotés de plusieurs corps, se retrouvent soudain fragmentés, avec la terrible impression de dislocation et la peur et l'incompréhension qui s'ensuivent ? Lisez plutôt Un feu sur l'abîme de Vernor Vinge.

- Vous voulez lire l'histoire d'une terrible vengeance d'un ancien capitaine d'une dictature qui lave le cerveau de ceux qu'elle conquiert ? Lisez plutôt Suprématie de Laurent Mc Allister.

Bref, ne lisez pas la copie, lisez les originaux, ils sont beaucoup mieux faits. Et les références comme ça, on pourrait les multiplier : un point clef de l'histoire est lourdement inspiré par un roman d'Arthur Clarke (je ne vais pas dire lequel pour ne pas spoiler) par exemple, et je me suis surpris à penser à l'univers de Warhammer 40 000 ou à la saga de l'Empire Skolien de Catherine Asaro à de nombreuses reprises. En gros l'impression générale est que l'assemblage est grossier (quoique intéressant), que les ficelles sont énormes.

Autre très gros problème avec l'univers : deux points capitaux de l'histoire tournent autour de deux races extraterrestres. Et le gros souci est qu'elles sont décrites en trois phrases chacune, et absolument pas crédibles ou intéressantes (l'une d'elles est en gros un reptile avec six bras et de la fourrure, et l'espèce s'appelle les Rrrrrr, on croit rêver). Bref c'est très, très, très insuffisant à ce niveau là.

La structure

C'est bien beau de vouloir cop… rendre hommage à l'Usage des Armes de Iain Banks, mais encore faut-il en avoir la capacité réelle. La structure est calquée sur celle de ce roman, mais en nettement moins réussi. J'ai lu que le rythme des révélations (à bien distinguer de celui des rebondissements) était exceptionnel chez Ann Leckie, que chaque pièce du puzzle se mettait en place exactement au bon moment. En clair, on alterne un chapitre de flash-back avec un chapitre dans le présent, les premiers expliquant les motivations du personnage dans les seconds. Ben oui mais non, hein, c'est un peu le minimum qu'on attend d'un auteur qui utilise ce genre de structure, non ? Vous ne m'enlèverez pas de l'idée que Banks a beaucoup mieux réussi dans l'exercice, et qu'Ann Leckie a lâché trop de choses trop vite (et que la quatrième de couverture en dit immensément trop). le final aurait du être beaucoup plus époustouflant que cela, avec de grosses révélations. Alors que là, c'est juste un gros Deus ex Machina pour paver la voie au tome 2.

En étant concret, là aussi ça va laisser du monde sur le bord de la route : trop de descriptions, trop de bla-bla, quand on commence à apprécier les flash-backs on repasse trop vite au présent (ou inversement), le pertinent, l'intéressant est trop noyé dans du remplissage, de l'inutile ou du redondant, etc.

De très mauvais points, mais…

Bon. Voilà. Je vous ai expliqué pourquoi vous risquiez d'avoir du mal avec ce roman et pourquoi vous devriez y réfléchir à deux fois avant de l'acheter. Maintenant, vous allez vous demander pourquoi, tout ça mis bout-à-bout, je n'ai pas descendu en flammes cette impressionnante collection de défauts. Tout simplement parce que ce roman n'est pas dépourvu de qualités, la plus significative d'entre elles étant qu'on a vraiment envie de savoir la suite, du coup. de plus, la psychologie, la description de l'état d'esprit du héros est assez exceptionnelle (un esprit chagrin vous dirait que c'est au détriment de 99 % des autres personnages, qui ne sont trop souvent décrits sommairement qu'au travers des yeux de l'Ancillaire, mais bon….). Et même si l'auteur a tiré à la ligne, au moins on a une idée claire de la raison précise pour laquelle il veut se venger.

De plus, un des points que je présente comme négatifs (le côté patchwork de l'univers) a aussi son charme d'un autre point de vue : même si je trouve que c'est grossièrement fait, il fallait quand même oser mélanger la Culture, Arthur Clarke, Ursula le Guin, les Borgs (car non, malgré ce que vous lirez de ci, de là, les Ancillaires ne sont pas faits avec des corps morts), une mythologie hindouiste, le clientélisme à la romaine, des tabous vestimentaires dignes des pires côtés de la société victorienne, et ainsi de suite.

Bref, il ne fait aucun doute pour moi que je vais acheter le tome 2 (pour le 3, je suis plus réservé, on va déjà voir le 2, hein). Après tout, avoir fait autant d'efforts pour aller jusqu'au bout du premier tome et laisser tomber la série, ce serait un peu bête. Car oui, pour être honnête, les 240 premières pages ont été un calvaire, lu à même pas 20 % de ma vitesse de lecture habituelle (un roman de moins de 450 pages ne me prend habituellement pas quatre jours à lire, pour info), et j'ai failli abandonner à plusieurs reprises, ce qui est très, très rare chez moi. Mais bon, comment chroniquer de façon crédible un roman qui n'a pas été lu jusqu'au bout ? Finalement, je me suis accroché, et la seconde moitié du roman a bien rattrapé la première.

Un mot de conclusion : ce n'est pas le chef d'oeuvre annoncé, en aucun cas, mais ce n'est pas indigne d'intérêt non plus. C'est juste un premier roman, maladroit sur beaucoup de points, peu ou pas original, qui ne méritait probablement ni l'intégralité de ses prix, ni le battage autour de lui.
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Hum ! encore une fois je lis un livre primé et j'en sors complètement mitigée.. J'ai a la fois aimé et détesté.. un chapitre sur deux.
Les flasbacks m'ont barbée par contre l'histoire racontée dans le "présent" m'a plu.

Je n'ai absolument pas adhéré a la façon d'écrire de l'auteure, mais je crois surtout que c'est un effet de traduction... les personnage sont "asexués" dans leur orthographe et la cousin et autre chose du même acabit m'ont ennuyée dans ma lecture.
J'ai bien du mal a écrire mon billet tellement je suis dans un flou total et je n'arrive pas a me décider pour savoir si j'ai plus aimé ou plus détesté ce livre...

Ma note réelle est donc un 2.5/5 et je ne pense pas poursuivre l'aventure avec cette trilogie
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Le bâtiment de guerre Justice de Toren est à la fois une IA puissante et un vaisseau spatial. Il pilote des centaines de corps humanoïdes, les ancillaires. Il est également relié aux officiers humains de son bord dont il surveille les données métaboliques.
Un de ses ancillaires échappe à la destruction du vaisseau et « recueille » l'IA. Cet ancillaire s'est nommé Breq, mais n'a pas d'entité propre si ce n'est la conscience parcellaire du Justice de Toren. Il poursuit sa mission avec détermination lorsqu'il rencontre un ancien officier qui a servi à bord mille ans plus tôt.
Le nombre de prix décerné à ce roman a éveillé ma curiosité et ma méfiance. le quatrième de couverture a permis d'emporter la décision. Au passage, c'est un peu dommage de dévoiler la finalité de l'intrigue avant même de lire le roman.

L'entrée en matière est délicate, voire pénible. Les scènes entre le présent et le passé s'alternent régulièrement. le récit se fait à la première personne, à travers le regard de l'IA qui peut être présente dans plusieurs corps et en plusieurs lieux à la fois. L'utilisation systématique du féminin pour désigner les personnes ajoute à la confusion et nuit à l'appropriation des protagonistes. de plus, les choix du traducteur semblent parfois étonnant puisque nous avons des fautes volontaires en accord et en genre… Je n'ai pas accès à la VO, je ne sais donc pas si l'auteur a choisi de transformer le ‘it‘ en « she« , comme parfois en version française.
Le Justice de Toren est un des nombreux vaisseaux du Radch. Cet empire impérialiste, vaste et agressif a des coutumes millénaires et un système plutôt féodal; à sa tête le Maître du Radch est quasiment omniscient.
La seule grande particularité de cette civilisation est l'utilisation d'un pronom unique pour désigner ses « sujets ». Pour le reste, c'est bien fait et cohérent, mais guère original.
Je trouve judicieux que l'IA d'un bâtiment fasse référence au « she » (coutume maritime anglo-saxone) pour désigner les personnes de manière indifférenciée. En revanche, après plus de 2000 ans d'existence et d'expérience, je doute fort que Breq puisse éprouver tant de difficulté à différencier un homme d'une femme dans ses interactions en dehors du Radch (ne serait-ce que par les fréquences de la voix…). Après un temps d'adaptation, les multiples enveloppes utilisées par l'IA sont un plus pour l'histoire et sa crédibilité. Cela lui donne de la profondeur et du corps.
Après, le récit se résume à une histoire de vengeance. Et là, c'est plutôt bien fait. Je n'ai pas été bluffé malgré la « promesse » des prix, ceci dit, avec tant de consensualité je m'y attendais. Il est certain que de nombreux sorciers vont se gargariser, nous pondre des théories ou nous expliquer en quoi ce roman est génial,…
En résumé, un roman surprenant, un sentiment mitigé lié au style qui manque de fluidité ( en raison des choix), mais j'ai bien aimé l'histoire et le traitement de l'IA.
PS : le titre anglais – Ancillary Justice – résonne mieux.
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La Justice de l'Ancillaire, premier tome de la trilogie du Radch, a été multiprimé outre-atlantique (prix Hugo, Locus, Nebula...)

Breq est une soldat ancillaire (soldat humain-marionnette contrôlé par une intelligence artificielle) et seule survivante du Justice de Toren, vaisseau de guerre de l'empire Radch. Depuis vingt ans, Breq cherche un moyen de tuer Anaander Minaai, le Maître du Radch, responsable de la disparition de son vaisseau.
Tout commence sur la planète Nilt, où Breq, sur le point de mettre la main sur l'arme capable de tuer le Maître du Radch, retrouve dans la neige un de ses anciens lieutenants qui a passé près d'un millier d'années en animation suspendue. Vingt ans plus tôt c'est à bord du vaisseau Justice de Toren, que l'on découvre le fonctionnement des ancillaires, cet éclatement du "je" en divers corps, l'utilisation de ces soldats infaillibles obéissant aux ordres sans hésitation. C'est aussi pendant cette période que l'on va découvrir les limites de la multiplicité du "je" unitaire et comment on arrive à la disparition totale du Justice de Toren.

La mise en place de l'univers et la présentation des personnages sont intéressantes mais on tombe vite dans du bavardage, ça manque de punch, de vie. Quelques longueurs et répétitions parsèment ce roman comme ces innombrables séances du thé. Nous avons donc un space opéra on ne peut plus classique, sans grand relief et à la conclusion attendue.
A noter cette petite particularité du roman; l'absence de distinction de genre dans l'empire du Radch, tout est féminin quel que soit le sexe... particularité un peu déroutante qui ajoute de la confusion et n'apporte rien à l'histoire !!!
Lien : http://les-lectures-du-maki...
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J'ai bien failli abandonner ce livre à plusieurs reprises, mais j'ai tenu bon et heureusement la deuxième moitié s'est révélée plus intéressante et plus captivante que la première. Malgré cela, je ne suis pas sûre que mes efforts aient valu la peine. Je crois que si j'ai tenu jusqu'au bout, c'était uniquement pour voir si cette histoire trainante et alambiquée allait s'éclaircir à la fin, mais je n'ai été que déçue (et bien peu éclairée).

En fait, ce livre m'a donné l'impression d'être en présence de très bons ingrédients qui auraient pu en faire un chef d'oeuvre de SF, mais qui sont arrangés de manière trop hâtive et trop peu inventive, de sorte que le plat final manque franchement de saveur.

Les idées de départ sont excellentes. Un empire intergalactique expansionniste et autoritaire, avec une manière particulière d'envisager le genre, la spiritualité. Des planètes subordonnées aux cultures multiples, la présence d'espèces extraterrestres... on a envie d'en savoir plus !

Et cette idée fascinante, une I.A. qui s'incarne à la fois dans un vaisseau et dans des dizaines de corps reliés entre eux et présents en divers endroits : voilà une image saisissante, qu'on a envie de voir déployée dans tous ses aspects et conséquences.

Malheureusement, Leckie ne s'aventure vraiment pas loin dans ces questions et fait de Breq, l'héroïne de l'histoire, un personnage tellement lisse et peu développé que je me suis demandée à quoi servait d'avoir fait d'elle une I.A.

Autre exemple, Leckie (et son traducteur en français) nous impose une féminisation par défaut des noms et pronoms, et des accords de genre plus qu'étranges, car l'I.A. aurait beaucoup de mal à identifier correctement les genres masculin et féminin. Ce procédé prête à confusion au point que j'ai dû plus d'une fois m'arrêter pour relire des phrases pour comprendre de qui on était en train de parler. Je n'ai tout simplement pas réussi à me faire une image mentale des personnages, ne sachant jamais s'il s'agissait en fait d'hommes ou de femmes ni même à quoi ils ressemblaient.

Alors soit, je ne suis pas contre être confrontée à mes préjugés en matière de genre, c'est une démarche intéressante. Mais si ça dure 500 pages et provoque une telle difficulté de lecture, il me semble qu'il faudrait au moins que ça soit accompagné d'une réelle nécessité narrative, d'une réflexion un peu poussée. Or, la problématique du genre n'est en fait jamais abordée dans le livre (à part un demi-paragraphe qui explique en vitesse, comme pour se débarrasser de la question, les différentes manières de se reproduire des Raadchaï). Pire, cette confusion des genres de la part de Breq semble vraiment tirée par les cheveux, car par ailleurs on nous explique que l'I.A. est capable d'apprendre tout un tas de choses extrêmement complexes, alors on ne comprend pas pourquoi c'est si difficile pour elle d'utiliser un pronom correct dans une interaction.

Et tout est comme ça dans ce livre : maladroit, peu crédible.

Alors qu'il y aurait eu tellement de manières de nous placer au coeur de l'action pour exploiter au maximum les particularités de l'univers qu'elle tente de créer, l'auteure nous perd dès le début et pour plus de la moitié du livre dans des histoires de pêche dans les marais bourbeux d'une planète reculée, ou dans de longues conversations autour d'interminables tasses de thé (j'avais l'impression d'être dans "Amour, gloire et beauté"), et le puissant empire galactique dans lequel se situe l'histoire n'est pratiquement pas décrit. Une des espèces extraterrestres n'est décrite, là aussi, qu'en un seul paragraphe et de manière tellement bâclée que je me suis demandée si l'auteur nous faisait une blague (mais non, je ne crois pas).

Et si le traitement des personnages et de leur monde m'a semblé pour le moins un peu léger, il en a été de même pour la trame de l'histoire, présentant nombre de coïncidences et de raccourcis vraiment trop faciles (sur toutes les planètes de toutes les galaxies possibles Breq et Seivarden se retrouvent par hasard exactement dans le même endroit reculé? Breq, sans trop savoir pourquoi, décide de le/la sauver et de l'emmener avec elle et oh, quel hasard, Seivarden se révèle essentiel à son plan? Et l'histoire du pont sur Nilt, quelle utilité, à part remplir un ou deux chapitres ? Et je n'aborde même pas le plan de vengeance de Breq, digne du meilleur James Bond, mais pas vraiment ce à quoi on s'attendrait dans un futur aussi avancé...)

Le style est, quant à lui, totalement plat. Même quand elle décrit des lieux qui pourraient être magnifiques ou fascinants, Leckie arrive à le faire d'une manière tellement... soporifique que j'arrivais à peine à me les représenter.

Ah, et si vous êtes fan de science et de technologie, passez votre chemin, parce qu'ici on nous présente des armes et des outils aux capacités vraiment incroyables, sans une once d'explication sur comment ils peuvent bien fonctionner.

Ma critique semble sans doute sévère, désolée, mais quand on a lu Asimov, Dan Simmons, Ursula le Guin et quelques autres, on devient un peu exigeant ! Surtout quand on est en présence d'un livre qui a reçu tant de prix, et qu'on s'attend à être un minimum impressionné, pour se retrouver au final avec un livre qui ressemble plus à une ébauche avec pleins de faiblesses qu'à un roman abouti.
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C'est un livre déroutant au premier abord : l'utilisation du genre est souvent erronée, le narrateur est l'IA d'un vaisseau spatial qui pourtant possède un corps et certaines tournures de phrases m'ont laissée perplexe. J'ai mis un certain temps à entrer dans l'histoire et je me suis aidée au début d'une liste avec le numéro de certaines pages pour pouvoir y revenir.Tout ça s'éclaircit heureusement au fil de la lecture.
Le récit est construit sur l'alternance de 2 périodes distantes de 20 ans racontées en parallèle. On y découvre l'empire Raddchaaï, qui se développe aux dépens de toutes autres civilisations. Et ce qu'est un ancillaire : le corps d'un vaincu qui sert ensuite aux Raddchaaï de soldat ou de servant (en français, c'est un adjectif qui signifie "relatif aux servantes").
Ce tome est suivit de deux autres mais représente une histoire finie que vous pourrez poursuivre si vous avez suffisamment aimé le premier. Je ne pense pas que ce soit mon cas.
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Un univers cohérent mais complexe en première lecture. Les tenants et aboutissants de l'histoire sont assez difficile à décrypter. Toutes les clés ne sont pas données, il faut les rechercher. Mais l'effort vaut la peine d'être fait. Une histoire qui ouvre d'intéressants possibles pour les tomes suivants.
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Ce premier roman d'une saga se déroulant dans l'espace nous propose un récit de science-fiction. Dans un avenir très lointain, alors que l'humain est biologiquement modifié, technologiquement amélioré, les êtres vivent des centaines d'années. Un empire est en train d'annexer tous les systèmes qu'il croise. Imposant sa religion, se fournissant en esclave qui seront reconditionnés et deviendront des ancillaires. Des êtres connectés, dociles. Mais un de ces ancillaires se retrouvent séparés de son unité centrale et parcourt l'univers à la recherche de son ennemi.
Le récit commence très lentement, s'étalant pour nous faire comprendre et saisir l'univers dans lequel se déroule le roman. C'est assez lent, et l'histoire débute presque à la moitié du roman, laissant une longue lassitude s'installer. Ensuite, l'utilisation du pronom féminin pour tous les personnages devient rebutant. Pourquoi ennuyer le lecteur pour un détail insignifiant et que l'auteur cherche à mettre en avant au point parfois de rendre la lecture compliquée.
L'histoire en elle-même est finalement très simple et prend énormément de détour pour arriver au dénouement. La moitié du roman devient inutile et l'auteur est plus dans le sentiment que dans l'explication technologique des avancées dont elle a la vision. Il aurait été préférable d'expliquer plus longuement les l'histoire de l'empire, la technologie au lieu de s'enliser dans les sentiments stériles d'un « semi-robot ».
Le roman est assez décevant, avec beaucoup de longueur mais…
Je remercie Babelio et J'ai lu.
Lien : https://lectureroman.wordpre..
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Voilà un roman qui me faisait de l'oeil depuis les présentoirs de la FNAC à chaque fois que je le voyais. Il faut dire qu'avec son bandeau récapitulant ses multiples prix il avait des arguments.

Dès le début ce qui est déroutant c'est l'utilisation du genre féminin comme genre de droit commun. le genre féminin est prépondérant et on se retrouve avec des la lieutenant ou des la gouverneur. Mais une fois l'habitude prise, ça se laisse lire même si je ne suis pas d'un enthousiasme débordant.

Quand j'ai vu que c'était un space opera, je m'attendais à avoir quelque chose comme du Peter Hamilton mais en un peu plus intéressant. Mais non. le récit est entrecoupé de flashbacks où l'ancillaire se remémore les événements qui ont conduit à sa destruction. Il faut attendre les deux tiers du roman pour pouvoir être accroché, pour commencer à comprendre ce qui est en jeu. Avant j'ai eu l'impression que ça ne servait à pas grand chose tant ça laissait le lecteur dans le flou.

J'ai trouvé un intérêt au roman grâce au personnage de l'ancillaire. Cette IA qui avait de multiples possibilités d'incarnations qui se retrouve du jour au lendemain unique doit apprendre à vivre dans l'étroitesse d'un corps humain. C'est cet être synthétique qui porte le roman, il va au fil du récit acquérir une humanité. Et son caractère où l'on va retrouver de la bonté, de la solidarité ou bien un désir de vengeance, va lui permettre de se distinguer par rapport aux autres personnages. Ceux-ci sont bien pâles par rapport à l'ancillaire.

La justice de l'ancillaire est une lecture plutôt exigeante pour le lecteur, qui doit toujours être attentif. Car il entre dans un roman qui a un schéma de réflexion assez particulier. Schéma qui malheureusement prend trop d'importance et qui ne m'a pas permis d'apprécier correctement le roman.
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Je vous l'avoue, je n'ai acheté ce livre que parce que je n'en ai entendu que du bien et que la masse de prix littéraires qu'il s'est raflé est astronomique. Mais je lis très peu de SF, et peut-être est-ce pourquoi je n'ai pas tellement accroché à l'histoire. En fait, j'ai même failli abandonner plusieurs fois.

Les raisons sont multiples : d'une part, il y a quelques termes scientifiques qui m'ont rebutée (la raison pour laquelle je me tiens assez loin de ce genre littéraire, en général), et d'autre part, l'auteure a fait le choix de totalement féminiser son écriture. On ne se rend pas compte, mais ce tout petit détail est extrêmement perturbant. Je ne sais pas ce que ça donne en anglais (c'est très certainement différent puisque le genre est beaucoup moins marqué dans leur langue), mais féminiser les déterminants et les adjectifs tout en laissant les noms communs au masculin en français, ça pique les yeux. D'ailleurs, j'ai le tic de me représenter mentalement les scènes que je lis, mais cette technique d'écriture complique nettement le travail de mon cerveau. D'une part mes yeux m'envoyaient sans arrêt des messages d'alerte : « faute d'orthographe ! » « faute d'orthographe ! » ; mais ensuite, il y a beaucoup de personnages que je me représentais comme étant féminins et que j'ai découvert être masculins – comme Seivarden, par exemple. Lorsque je me rends compte de mon erreur, j'ai beaucoup de mal à corriger le tir et à changer l'apparence que je leur imagine – c'est pourquoi Seivarden aura toujours les cheveux longs, pour moi. C'est très déstabilisant et un peu frustrant ; mais d'un autre côté, c'est ce que voulait l'auteure. Cette confusion est volontaire, et c'est vrai que ça a l'avantage d'apporter un peu de nouveauté dans nos habitudes narratives.
Malgré cela, le personnage principal finit par parler de lui au masculin (il me semble qu'il ne le faisait pas au début). Pourquoi ? Est-ce que c'est un oubli de traduction ? Est-ce qu'il finit, à force de contact avec des autochtones, à faire la différenciation des genres et à se déterminer comme étant un mâle ?
Je ne sais…

Mais la féminisation de l'écriture n'était qu'un problème mineur en soi. Ce qui m'a le plus ennuyée, c'est le manque d'action. Soyons clairs : dans la première moitié du livre, il ne se passe RIEN. On découvre le personnage principal, on alterne entre le présent (où il sauve la vie de son ancienne capitaine sans savoir pourquoi) et le passé (où il ne faut pas moins de dix chapitres pour comprendre l'intérêt de nous montrer cet épisode). Tout au long de ce livre, j'ai eu l'impression que l'auteure cherchait à étirer son histoire autant que possible – pour que ça fasse une trilogie et que ça rapporte plus d'argent ? On pourrait facilement enlever 100 pages sans porter préjudice à la qualité de l'histoire. Vraiment.

Heureusement, la seconde moitié vient secouer un peu tout ça. Je n'irais pas jusqu'à dire que les actions s'enchainent, mais le rythme devient intéressant, et quelques révélations viennent pimenter les événements. La conclusion, surtout, donne envie de lire la suite – même si je n'ai pas tout compris.

Je ne sais pas si je vais lire la suite ou pas. L'histoire et le procédé narratif sont intéressants, et j'ai fini par apprécier les personnages, mais j'ai peur de retrouver cette mollesse soporifique des premiers chapitres et les quelques notions scientifiques qui m'ont lassée.
Que dire de plus que les autres Babélionautes (et tout particulièrement Apophis) n'ont déjà écrit ? Rien. Franchement, si vous voulez des informations et une analyse de l'oeuvre plus approfondi que ce que je viens de faire, je vous enjoins à lire sa critique, très instructive.
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