Le naufragé de la Baie de Somme

ça commence bien avec une scène de mer truffée de termes techniques (trop?), mais tout se gâte assez vite. Entre décrire ou faire ressentir l'atmosphère et les sentiments des personnages, l'auteur choisit souvent..les deux. L'éditeur aurait pu retravailler le texte (ou simplement le relire "il battit une maison" au lieu de "bâtit") pour élaguer les descriptions un peu lourdes ou contradictoires ou les redites pures et simples ("il lui demanda des informations sur Elise Legrand (nom changé). [...] Il trouva rapidement les renseignements : elle s'appelait Elise Legrand.").
Les personnages féminins gagneraient à être enrichis. Peintes rapidement et se comportant de façon franchement niaises, elles m'ont carrément mise mal à l'aise, malgré un aimable paragraphe féministe. le personnage central mériterait aussi davantage d'épaisseur psychologique - quant aux méchants, vous verrez vous-mêmes.
Peut-être plus de nuances dans le choix des termes, des expressions, et un peu plus de recherche de style en général? Alors que l'auteur a certainement fourni un travail considérable pour écrire ce roman, on s'agace des phrases toutes faites, de juxtapositions de registres de langue (recherché, puis courant) et des incohérences (psychologiques, d'intrigue, d'atmosphère), en plus des redites mentionnées plus haut, qui ralentissent le rythme.
L'intrigue quant à elle part ici, revient là, et se finit avec dans l'invraisemblable. L'idée d'un parallèle entre le naufrage d'antan et le nouveau est excellente, mais elle mérite d'aller plus loin pour prendre son sens, et davantage d'échos entre les deux/trois trames temporelles donneraient de la puissance au propos, un caractère d'éternité ou de cycle. Cette dimension est parasitée par ce qui s'apparente à un expédient pour dénouer l'intrigue.
Un peu de conseil scientifique (ou simplement en rester à une fin vraisemblable) serait également mérité.
Un roman frustrant car on y prend peu de plaisir malgré de bonnes idées.
La mort de la femme la moins morale en fin de livre sent bien son moralisme pas cher, et évite à point nommé au protagoniste masculin de devoir choisir entre les deux créatures qui se jettent à ses pieds - sans raison apparente, d'ailleurs.

Les lecteurs qui auront lu auparavant Les inconnus du Saint François seront ravis de retrouver Armand Verrotier mais il n'est pas forcément nécessaire de lire les deux romans dans l'ordre, puisque ce ne sont pas vraiment des suites, même s'ils reprennent les mêmes personnages.

Cette fois-ci, Armand est entraîné dans une histoire hallucinante qui dépasse de loin tout ce qu'il aurait pu imaginer. Il est d'ailleurs un pion qu'on malmène de droite et de gauche, manipulé par des hommes qu'il ne connait pas et dont il ignore les intérêts. Sa vie est en jeu et même ses proches sont menacés et il doit donc mener à toute vitesse sa propre enquête pour comprendre ce qu'il lui arrive et ensuite arriver à combattre ceux qui lui en veulent. Tout ça, il en est persuadé, pour un bout de tissu ramené du fond des eaux par un pêcheur, et qui après authentification, se révèle ne pas appartenir à la carcasse du Whitehorse coulée en 1902, mais à un bateau bien plus récent contenant 22 cadavres enfermés dans la timonerie…

Impossible de vous en raconter plus ! D'une part parce que je ferais du spoiler et ce serait dommage de vous priver du plaisir de lire ce roman, si riche en rebondissements. D'autre part, parce que l'intrigue est vraiment touffue et serrée, que tout s'imbrique à la fin de façon ultra logique, mais semble au départ n'avoir ni queue ni tête. Armand fonctionne avec son instinct, qui lui dicte d'aller vers telle ou telle piste, même si elle semble aléatoire, et l'on observe comment tout s'enchaîne au fur et à mesure, et se mélange. Je suis totalement admirative des auteurs de polars qui arrivent à construire des histoires vraiment crédibles, avec des ramifications dans tous les sens, où tout s'enclenche avec logique à la fin, et j'adorerais savoir comment ils travaillent, établissent le plan de leur roman, prévoient de distiller les indices au fur et à mesure… Ont-ils un logiciel dans la tête, ou bien des dizaines de fiches des personnages et des lieux, qu'ils recoupent, mélangent… Cela doit être absolument passionnant !

J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de l'auteur et sa peinture des personnages et des caractères, ainsi que le fameux Armand, très attachant. Et j'attends avec impatience de le retrouver dans une prochaine aventure ! Un tout petit mini bémol : les aventures d'Armand l'emmènent un peu partout en France et j'ai moins eu l'impression d'être « à la mer » : il me manque l'iode, les vagues et le varech !
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ça ne commençait pas trop mal pourtant. La baie de Somme, des pêcheurs, un capitaine de paquebot, un bout de tissu récupéré dans des filets, une épave qui a gardé ses corps et ses secrets. Un peu de clichés, mais rien de rédhibitoire . Mais passé les cent premières pages, la lassitude s'installe, l'intrigue ronronne. Et puis, patatras, un rebondissement cousu de fil blanc, complot, espions, rien n'y manque, un dénouement bâclé. Allez plutôt faire un tour en baie de Somme, vous verrez qu'elle n'est pas toujours sous le brouillard.

Ce roman se situe sur trois époques, on passe de l'une à l'autre avec le même fil conducteur. C'est là, où je me suis dit que l'auteur a du talent, on se pose de nombreuses questions dans la première partie du livre, on imagine des réponses dans la deuxième partie, mais nous ne les obtenons qu'à la fin du roman.
Personnellement, j'ai effectué un bon voyage en lisant ce livre.

Les romans de Guillaume Lefebvre sont toujours liés à une problématique. Dans le cas présent, il met en avant la Jungle de Calais, les camps de migrants et leur situation.
C'est par un jeu de tiroirs que l'auteur va dérouler son récit. une alternance passé- présent, mélange d'époques et construction croisée.
Armand Verrotier essaiera de résoudre cette affaire en tentant de comprendre l'enchaînement logique des faits suite à l'agression de Lucie et à la tentative de meurtre dont il sera victime et mènera habilement ses investigations à l'instar d'un excellent détective.
Une enquête bien menée, des faits qui se recoupent habilement, ce roman prend une fois de plus le temps de la description et de la narration. Et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur.
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