Laura est une trentenaire qui se sent seule. Elle n'a pas trouvé l'amour de sa vie, alors de temps en temps, elle se l'imagine, voire se convainc qu'elle l'a trouvé, et nous le fait croire par la même occasion. En effet, elle aime mentir assez régulièrement, pas par vice, mais pour se rassurer, pour se sortir de situations embarrassantes, ou encore pour arriver à ses fins. Par ailleurs, elle travaille dans un centre social administratif qui a pour but d'aider les plus démunis. Elle a le coeur sur la main et prend son travail très au sérieux, défendant bec et ongles tous les dossiers qu'elle doit traiter.
C'est hors du travail mais en voulant aider son prochain que la vie de Laura bascule. Alors qu'elle participe à la fête d'anniversaire de la fille d'une de ses amies, elle fait une chute brutale et tombe dans le coma. A son réveil, elle a tout oublié. Elle ne sait plus qui elle est mais ne sait pas non plus comment se comporter en société. Elle va devoir réapprendre les codes sociaux, les pièges de la vie courante et la cruauté de certaines personnes qu'elle jugeait pourtant sincère. Cette perte de mémoire la rend naïve, vulnérable, elle voit les choses comme les verrait un enfant. Dans sa convalescence, elle va pouvoir compter sur sa meilleure amie Lucie pour veiller à ce qu'elle ne commette pas d'imprudence et pour tout lui enseigner à nouveau. C'est aussi l'occasion pour elle de replonger dans son passé, à la recherche de lourds secrets de famille. Cette renaissance changera-t-elle la personne qu'elle était ? Cela lui permettra-t-il de changer sa destinée ? Dans sa lente reconstruction semée d'embûches, trouvera-t-elle finalement le bonheur qu'elle cherchait tant ?
Une fois de plus, j'ai apprécié ce nouveau roman de
Gilles Legardinier. Cet auteur est très doué pour dépeindre ce que peuvent ressentir les femmes. On pourrait toutes s'identifier à Laura, à travers sa quête du bonheur mais aussi à travers tous ses questionnements sur la vie, le monde qui nous entoure. Toute son histoire est racontée avec beaucoup d'humour, comme le sait si bien le faire l'auteur. Par exemple, grâce à sa naïveté, elle peut se permettre de dire ou faire certaines choses, qui paraissent inappropriées au début de sa convalescence. Ainsi, des situations très cocasses (comme au mariage de son frère) sont décrites, et cela est très drôle. Ensuite
Gilles Legardinier se sert de l'infantilité de son héroïne pour dénoncer les travers de la société moderne. Par exemple, Laura dit les quatre vérités à son supérieur… J'ai aussi bien aimé la relation d'amitié, qui unit Laura et Lucie. La dévotion de cette dernière pour aider son amie à retrouver son autonomie est très touchante.
Toutefois, même si le roman était très plaisant, j'ai noté quelques invraisemblances comme le réveil de Laura à l'hôpital. Même si ce passage m'a beaucoup fait rire, je ne pense pas qu'il soit possible, notamment dans le langage qu'elle emploie. Comment cela se fait-il qu'elle ne se souvienne pas de mots désignant des objets de la vie quotidienne mais qu'elle se croit revenue au Moyen-Âge et emploie du langage soutenu ? Elle paraît si sûre d'elle et peu désemparée à ce moment-là que cela me semble peu plausible. de plus, j'ai regretté que l'on n'en sache pas davantage sur le passé commun entre Laura et son inconnu mystère. Elle dit à plusieurs reprises que lorsqu'elle revoit d'anciennes connaissances, tout lui revient en mémoire à leur sujet. Or, dès qu'elle le revoit physiquement, elle ne se remémore rien, ou du moins ce n'est pas dit. Cela est un peu dommage. Enfin, je n'ai pas compris le choix de ce titre. Même si Laura aime mentir, je ne trouve pas que ce soit sa principale caractéristique, à moins bien sûr que son problème de mémoire défaillante soit un mensonge. Si tel est le cas, il aurait fallu le signifier bien explicitement. Par ailleurs, cela constituerait une nouvelle invraisemblance, ou bien Laura serait une formidable comédienne...