« Metropolis », comme le film de Fritz Lang, et pourtant ce n'est pas une adaptation du film ou du roman de Thea von Harbou. Mais le titre n'est pas usurpé, la référence est bien là, et d'une manière très adroite.
Ce « Metropolis » est une uchronie, une histoire qui se passe dans une Histoire où une bifurcation aurait eu lieu. Celle-ci part d'un postulat à priori positif : c'est les année 30 et Briand et Steseman auraient réussit leur pari, réunir le peuple allemand et français, uni, en paix, donc pas de Reich, et Metropolis serait cette ville neutre édifiée entre l'Allemagne et la France, une ville moderne, majestueuse, grandiose, infinie.
Un doute plane sur cette réussite, la situation politique est tendue, et ce drapeau imaginé par les auteurs laisse un léger frisson : un drapeau bleu blanc rouge avec une aigle impérial germanique au milieu dans le blanc, l'image est saisissante.
Donc on est dans les années trente, l'âge d'or du cinéma expressionniste allemand, et les références s'accumulent dans chaque image, les citations sont nombreuses, et le scénario s'appuie dessus, mais pas seulement, les effets s'accumulent, Contre plongées, contre champs, zoom, plan généraux, gros plans, angles improbables, qui s'enchainent, et qui donnent une dynamique, Stephane de Caneva utilise le vocabulaire visuel du cinéma sans jamais tomber dans l'effet artificiel des comics américains. Et la couleur elle même participe à cette vision cinématographique avec de forts contrastes, des contre-jours, une lumière expressionniste, celle d'un Murnau (Nosferatu, L'Aurore) ou de Fritz Lang lui-même. Et les personnages de ces films apparaissent, on y retrouve M le Maudit, Loulou (de Pabst) et ces personnaages se mêlent aux personnages réels, j'ai déjà cité Briand et Steseman, mais on y renconter aussi Freud, Peter Kürten (un célèbre serial Killer allemand de l'époque), et parfois une petite pointe d'humour viens interférer dans l'intrigue, je trouve la présence d'un certain Destouches comme médecin légiste assez bien vue, tout comme celle de Churchill comme membre d'un club de fumeurs de cigares. Et ces personnages réels ne sont pas là que pour l'anecdote, mais s'intègrent dans l'intrigue, afin que notre réalité, l'uchronie et la fiction cinématographique se rejoignent dans un univers parfaitement cohérent.
Et puis il y a la ville, Omniprésente, là encore, référence au film Metroplis, et à l'architecture du Bauhaus., des années 30. Sa dimension est écrasante. Les monuments s'étendent sur certaines planches à une seule image, des planches grandioses, imposantes.
Pour finir, l'intrigue ne se limite pas à l'étalage de citations et de belles images, on est dans un univers de thriller qui mêle enquête policière et socio-politique, sous fond de terrorisme, de serial killer... et peut-être plus encore, après tant de surprises, on peut envisager encore beaucoup de choses dans les tomes suivants. le héros est mystérieux, le peu qu'on connaisse de son passé nous laisse présager quelques révélations par la suite, une suite Hitchcockienne...
Ce premier tome de la série ne se contente pas d'un bel hommage au cinéma expressionniste allemand, il donne vraiment envie d'en savoir plus, et crée un univers qui nous incite à approfondir.
La première image de l'histoire, la représentation d'une affiche, se retrouve sur la couverture du quatrième tome... Il faut absolument que je lise la suite !
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Fantastique ! On a l'impression d'entrer dans un film avec cet album de Métropolis, alliant science-fiction et Histoire.
Vivement la suite !
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