Se glissant entre les branches d’un saule, la biche apparut, sa robe tendre effleurée par la lueur mourante de cette fin de journée d’été. Ses sabots délicats piquèrent l’herbe soyeuse de la clairière pour trois ou quatre pas gracieux et cessèrent leur danse. La tête au profil ciselé s’inclina avec prudence vers la droite puis la gauche. Les naseaux frissonnaient et humaient les fragrances de la forêt. Nicklas retint son souffle. Quelle beauté ! Il devait réussir, cette fois, ou il deviendrait fou. Il visa le garrot, la corde de l’arc calée contre sa joue et sa bouche. La biche s’avança d’un pas nerveux, exposée et sans défense au sein de la clairière. Elle disparut derrière un noisetier, assez pour que le Chasseur perde son angle de tir. Il expira sans bruit, lèvres crispées et relâcha un instant la tension de la corde. Manqué !
Extrait de « La biche » de Dominique Lémuri