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sur 226 notes
Colorado, entre 1872 et 1877.
Décidée à se venger de son riche propriétaire de voisin qui l'a spoliée de son ranch à la mort de son mari, Margaret Parker monte un "gang" de femmes avec sa famille d'adoption. Constitué de jeunes femmes en fuite recueillies chez elle au temps où son mari était vivant, plus un jeune cowboy, le "gang Parker" n'aura qu'une obsession, se venger de ce Connolly en attaquant ses banques ou ses transporteurs de fonds.
Histoire romancée mais basée sur des faits et des personnages réels. L'autrice à fait un gigantesque travail de recherche, et permet de rendre hommage à toutes ces femmes courageuses qui ont fait, tout autant que les hommes la fameuse conquête de l'Ouest, mais dont on ne parle jamais.
Bravo à l'autrice, à la traductrice, et merci à la maison d'édition "Cherche-midi" ainsi qu'à Babelio pour cette belle découverte, et cette chevauchée fantastique dans le grand Far-West.
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Excellent moment passé auprès du gang Parker, dans le Colorado des années 1870.
Margaret Parker, dépossédée de son ranch par un voisin peu scrupuleux, le colonel Connolly, se voit contrainte de voler pour survivre. Ce qu'elle fait à la tête d'un gang féminin, en mêlant à la nécessité une vengeance personnelle à l'encontre des successeurs du Colonel.
J'arrête là pour éviter de dévoiler de trop nombreux éléments de l'intrigue. Il suffit de savoir que les droits de ce western, sorte de road-movie au féminin dans l'ouest sauvage, ont déjà été vendus pour une adaptation en série. Logique au regard du nombre de péripéties, de personnages, d'histoires dans l'histoire ou de thèmes abordés.
L'auteur (auteure ?), Melissa Lenhardt, historienne de formation, nous entraîne aisément à sa suite, en mêlant nombre de points de vue, dans un récit choral qui permet à la fois de reconstituer par morceaux l'intrigue complète et de présenter différents points de vue sur un même évènement. J'ai parfois eu un peu de mal à me repérer dans le temps, mais au final, l'effet est plutôt réussi. de Margaret elle-même à Hattie Williams, ancienne esclave membre du gang qui témoigne auprès de la WPA dans les années 30 en passant par Claire Hamilton, protagoniste de l'histoire et ancienne agent de Pinkerton en rupture de banc, Melissa Lenhardt déroule une épopée sur plus de 500 pages avec un vrai sens du rythme et une histoire dont la tension va croissante.
Alors bien sûr, ces récits à plusieurs voix deviennent monnaie courante. Bien sûr, il y a parfois un peu trop de bons sentiments - ce qui n'exclut pas la violence parfois du récit. Et le dernier chapitre était à mon sens évitable - cette manie de vouloir donner un vernis scientifique ou historique à un récit de fiction (même basé sur une histoire vraie) alors que l'ouvrage se suffit à lui-même ...
Mais au final, un excellent divertissement ! Un grand merci à Babelio et aux éditions du Cherche-Midi pour cette Masse critique !
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Colorado, 1873. A la mort de son mari, Margaret Parker perd le ranch qu'elle gérait avec lui depuis leur arrivée dans l'ouest américain.
La belle Garet n'est pas une femme effacée : Lady anglaise, dresseuse de chevaux hors pair, c'est une femme forte, Indépendante et courageuse; elle pensait pouvoir tenir seule sa ferme, aidée de ses amies parmi lesquelles Hattie, une ancienne esclave à l'esprit aiguisé et Joan et Stella, deux soeurs au passé tragique.
Mais pour les hommes de son entourage, une femme libre et entreprenante est une atteinte aux bonnes moeurs et une rivale à éliminer. Dépossédée de ses terres par son voisin le colonel Connoly, qu'elle pensait être son ami, et poussée à la misère, elle décide de se vanger en cambriolant sa banque avec l'aide des femmes recueillies chez elle. le gang Parker est né.
Mais tout bascule quand Margaret décide de prendre avec elle une écrivaine, Grace, otage de leur dernier hold-up, pour écrire son histoire...

Le début du roman m'a un peu agacé, je dois l'avouer; J'ai trouvé que l'autrice y allait un peu fort sur la condition féminine, sans trop de nuances. Loin de moi l'idée de dénigrer un roman qui se réclame du féminisme, bien au contraire, mais je n'ai pas trouvé la façon de faire très subtile (et presque contre productive du coup !) Un militantisme un peu maladroit selon moi. J'aurais préféré les santiags aux gros sabots...
Ma petite déception tient également au fait qu'a la lecture de la quatrième de couverture, je m'attendais à un western épique de forme classique, or il s'agit plutôt d'une sorte de témoignage sur l'histoire d'un gang de femmes hors-la-loi, raconté par sa cheffe, doublé de celui d'Hattie, son second, du récit d'une détective Pinkerton devenue membre du gang, et de coupures de journaux. Un peu trop de narrateurs à mon goût, qui sont tous intéressants mais se tirent un peu dans les pattes. La multiplication des récits, journaux, coupure de presse, etc. alourdis l'ensemble de retour en arrière et de répétitions. le journal de Margaret aurait peut-être suffit ? C'est en tout cas le récit qui m'a semblé le plus vivant et m'a le plus plu.

Début un peu difficile donc pour moi; puis vers la centième page le récit décolle, s'accélère et entraîne le lecteur dans le feu de l'action. L'écriture fluide et rythmée est efficace, certaines scènes font sourire et j'ai finalement passé un moment sympathique en compagnie du gang Parker. Les droits ont été achetés pour une série et je pense qu'en effet l'histoire s'y prête bien !
J'ai en outre particulièrement apprécié le fait que la communauté LGBTQ soit présente dans sa grande diversité, ce qui est encore assez rare, surtout dans le genre western.

Au final une lecture un peu en deçà de mes attentes mais divertissante, engagée (en tout cas l'intention est là) et qui se lit agréablement.

Merci aux éditions du cherche-midi et à Babelio pour ce partenariat masse critique.
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Je m'attendais à lire un western féminin. C'est tout à fait autre chose. On a affaire à un roman féministe genré. le mythe de l'Ouest revisité à travers une grille de lecture militante.
le roman commence bien. Il se présente sous la forme d'un récit à trois voix reconstitué à partir de carnets intimes devenus des penny dreadfuls - récits à un penny - retrouvés dans une brocante, des archives sonores de la bibliothèque du Congrès ou des coupures de journaux. Les sources se chevauchent mais ce matériau composite (fictif) n'est pas un obstacle à la fluidité du texte.
Un gang de femmes a sévi entre 1873 et 1877 dans le Colorado. Á sa tête deux amies, Margaret, une duchesse anglaise veuve spoliée par un riche propriétaire et Hattie, une esclave noire libérée au caractère bien trempé. Elles sont rejointes la dernière année par Grace, une enquêtrice Pinkerton - sorte d'ancêtre privé du FBI - qui souhaite confondre cette clique. Atteinte du syndrome de Stockholm elle finit par se rallier à la cause.
Institutrice ou putain ? Point d'autre salut pour une femme seule en ces temps-là. S'en prendre à ceux qui l'ont dépossédée sera le moteur de Margaret devenue Garret. L'équipe étoffée d'autres exclues de la société, va mener des hold-up d'où la violence est bannie. Elles vont devenir des Robin des Bois aidant la veuve et l'orphelin.
Si le gang peut continuer à vivre en toute impunité c'est aussi parce qu'il est composé de femmes, réalité totalement inconcevable à cette époque.
On suit sans déplaisir ces péripéties pendant un temps, celui de la présentation des situations, sorte de documentaire vivant. Par soif de reconnaissance Garet ne peut pas s'arrêter là. Il faut prouver que des femmes sont à la manoeuvre. le texte devient verbeux et moralisateur. Tout est dit et souligné à gros traits. Il ne reste aucune place à l'émotion. Les dernières scènes rocambolesques s'étirent. le grand raout final se transforme en explosion de violence et remet le récit sur les voies du western classique pour le faire dérailler de plus belle l'instant d'après en multipliant les sorties du placard. En toile de fond les luttes des femmes et du référendum pour leur droit de vote qui méritait probablement meilleur traitement.
Oublier le Wild West et ses cowboys d'Hollywood est un parti pris louable. Mettre en avant le rôle des femmes, ainsi que celui des noirs, est plus encore méritoire. Relire l'histoire au prisme du genre en sortant la grosse artillerie ne m'a pas vraiment convaincue.
Je remercie Babelio et Le Cherche Midi pour l'envoi du roman dans le cadre de l'opération Masse critique.
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Un western féministe, ça, je n'avais pas encore lu ! Les seuls personnages féminins qui ressortaient des westerns étant ceux de Calamity Jane et de Ma Dalton…

Maintenant, j'ajouterai le gang Parker. Non, non, pas celui de Bonnie Parker ! Celui de Margaret Parker, composé uniquement de femme et d'un seul homme, celui qui joue les transporteurs ou cocher.

Comment en sont-elles arrivées là ? Non pas par goût du lucre, juste pour survivre, sinon, elles auraient dû écarter les jambes et ça, c'était hors de question…

Le western est quasiment masculin, l'Ouest n'étant déjà pas tendre avec le sexe fort, alors vous pensez bien, avec le sexe dit faible…

Dans l'Ouest (Colorado) et à cette époque-là (entre 1873 et 1877), les femmes n'ont rien à dire, elles ne peuvent pas mener les affaires, s'occuper d'un ranch. Les hommes les pensent incapables de le faire, incapables de voter, trop sujette à leurs émotions, intellectuellement plus faibles qu'eux.

Ajoutez à cela un égo énorme et vous comprendrez qu'aucun mec n'avait envie qu'une femme leur damne le pion, prospèrent mieux qu'eux, soit la tête pensante du couple et vivent sans un homme. Si en plus, l'homme est envieux, il vous piquera votre exploitation et vous enverra à la soupe populaire, qui n'existe pas encore…

Ça, c'est ce qui s'appelle le souffle de la grande aventure ! Nos femmes ont monté un gang, elles attaquent des banques ou des transports de fonds. Rassurez-vous, le roman n'est pas composé que de braquages, ils seront même le parent pauvre. le récit se composera de leur fuite, de l'entrée dans le gang d'une autre femme, de leurs rêves, leurs envies et le duel final, qui ne sera pas comme vous pourriez le penser.

Commençant comme un récit historique retrouvé tant bien que mal et étayé par des récits ou des carnets écrits par Margaret Parker, les récits ont parfois tendance à se répéter, selon que l'on a changé de point de vue, cela donne l'impression de repartir en arrière et casse un peu le rythme.

Mon autre petit bémol sera pour les portraits des hommes, sans nuances aucune. Où l'on a affaire à des salopards de chez salopards ou bien à des hommes bien. Je vous certifie que les hommes bien sont peu nombreux, à la limite de l'extinction de l'espèce.

Un peu de nuance dans les portraits mâles n'aurait pas fait de tort, je sais que l'on a mis le pied dans un monde peuplé de testostérone et d'égo aussi gros qu'un éléphant, qu'en ce temps-là, les hommes étaient ainsi, que penser autrement était sujet de raillerie, de moquerie et pas dans l'air du temps, mais bon, tout n'est pas noir ou blanc, dans les êtres humains… Et les femmes ne virent pas toutes en LGBT.

Ces quelques bémols n'en sont pas vraiment, plus des réflexions sur ma lecture… Cela ne m'a pas empêché de vibrer, de cavaler, d'avoir les chocottes, de vibrer avec mon gang de femmes, que personne n'imagine qu'il existe, puisque les femmes sont incapables de commettre des actes de pareille amoralité (dixit les gens de l'époque).

Puis, ça défriserait les poils du cul des mecs d'admettre que des femmes en sont capables et qu'en plus, elles sont plus intelligentes qu'eux.

Voilà donc un western féministe, qui nous parle des conditions de vie des femmes du temps de l'Ouest, du far-west, dans un monde où les hommes font la loi et où les femmes la subissent, victimes, elles aussi, des autres femmes qui ne veulent pas s'émanciper ou si oui, se gardent bien de le crier sur tous les toits. Les hommes se serrent les coudes, les femmes se tirent dans les pattes…

L'écriture est simple, mais jamais simpliste, elle est fluide et le roman se lit sans effort, même si de temps en temps, on bondit face aux injustices faites aux femmes ou aux autres personnages.

Si les portraits des hommes sont sans nuances, celui des femmes sont mieux réussi et en nuance, même si, finalement, on aura un affrontement entre les Méchants et les Gentilles, limite à la Tarantino.

Ce qui m'aura marqué le plus, dans ce western, c'est la place énorme donnée aux femmes, même à une Noire (qui était un sacré personnage que j'ai adoré), ce qui est fort rare dans cette littérature.

Raconter leur histoire, comme si elle était véridique, en utilisant des carnets, une interview, des coupures de journaux, c'était très intelligent, car cela donnait un souffle de récit historique, apportant un petit plus au récit.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Mille mercis aux éditions du Cherche midi et à Babelio pour la découverte de ce roman qui est une véritable pépite !

J'ai été transporté par ce gang de femmes attachant, haut en couleur et tellement incroyable ! Ces femmes fortes montrent qu'il n'y a aucune raison de les appeler le "sexe faible", bien au contraire ! Elles font preuve de beaucoup plus de jugeote dans les hold-up que la plupart des autres bandits "mâles".

Je me suis énormément attachée à chacune d'entre elle, Claire qui veut prendre sa vie en main, tellement douce, Garet sacrée femme qui dégage une aura hors du commun, Hattie au caractère bien trempé, meneuse née et aux deux soeurs très touchantes dans leur volonté de se protéger l'une l'autre.
J'ai été émue par leur combat, leurs difficultés et le destin de chacune. Elles ont dû faire face à moult horreurs, mais elles ont fait face ensemble, en se serrant les coudes, et elles ont prouvé qu'il était possible d'être une famille sans forcément avoir le même sang.

L'histoite est très prenante, sans temps mort, et les rebondissements s'enchaînent. J'ai adoré l'écriture soignée et diversifiée entre les carnets de notes de Claire, le journal intime de Garet, les articles de journaux et les interviews d'Hattie. Cela peut-être un tout petit peu perturbant au tout début de se repérer et de retrouver qui est qui, mais nous nous habituons rapidement et c'est après un réel plaisir de suivre leurs aventures !

Mélissa Lenhardt nous a donc emmenés dans le grand Ouest, là où la loi n'est pas encore appliquée à la lettre et où il faut se battre pour ce que l'on a. Elle nous a emmenés sur la traces de femmes extraordinaires et émouvantes (j'ai failli verser ma petite larme plusieurs fois) et je les quitte à grand regret.

Moi aussi, "j'aime ces femmes, leur force de résilience,, leur âme." Et effectivement "le monde doit savoir qu'elles ont vécu et qu'elles étaient magnifiques"
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Vous connaissez Jesse James, Billy the Kid, Butch Kassidy, les célèbres hors-la-loi du Far West mais qu'en est-il du gang Parker ? Ça vous dit rien ? Eh bien, peut-être bien parce que c'était un gang de femmes et qu'à la seconde moitié du XIXème siècle, il était impossible pour les hommes d'admettre que les femmes puissent commettre de tels actes.
Pourtant l'historienne Stephanie Bailey, spécialiste de l'Ouest américain, dans son essai « Heresy Ranch » retrace leur histoire et Melissa Lenhardt, romancière, se charge de nous conter la formation de ce gang et de mettre en lumière le destin de ces femmes.

Est-ce que Margaret Parker dit Garet aurait constitué le gang Parker si Thomas, son époux, n'avait pas succombé à la phtisie ? Pour sûr, le colonel Louis Connolly n'aurait pas osé lui proposer de racheter son ranch et encore moins de l'épouser. Seulement voilà, Garet est une femme de caractère, loin d'être soumise et n'a pas pour ambition de se remarier et encore moins de devenir prostituée alors l'idée de posséder son propre ranch, de continuer à dresser et vendre des chevaux sauvages s'est imposée. Connolly, orgueilleux et fou de rage, n'eut qu'un seul but : la dépouiller. Garet, elle, un peu à court d'argent il est vrai mais aussi par souci de vengeance, décide de braquer les banques de Connoly avec sa famille composée d'épouses en fuite et de putains recueillies. le gang Parker était né.
Hold-up de banques et de diligences, rien ne les arrête. Peu importe, ces larcins sont attribués au gang de Jed Spooner mais un événement va pousser Garet à se mettre en lumière.
Comme vous le dira Hattie, ancienne esclave noire, « c'est pas une histoire qui tient en trois lignes » alors le mieux, c'est que vous preniez votre cheval, que vous filiez au galop au Colorado la rencontrer et qu'elle vous confie sa vie ainsi que celle de Garet, Joan, Stella, Grace, Jehu et Ruby. Des femmes libres, fières, audacieuses, intelligentes, courageuses, loyales et scandaleuses. N'hésitez pas à faire un tour ou deux au saloon car bien qu'âgée, Hattie est bavarde et puis vous serez dans l'ambiance et vous verrez du paysage. Un dernier conseil et pas des moindres, n'oubliez pas vos pistolets, je vous rappelle qu'on est aux États-Unis !

Merci à Babelio et à l'éditeur Pocket pour cette masse critique privilégiée.
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Nous voici dans le Colorado en 1873. Margaret Parker vient de perdre son mari et elle se retrouve seule pour s'occuper de leur ranch et des chevaux sauvages qu'elle dresse pour les revendre.
Elle est aidée dans sa tâche par des personnes qu'elle a recueillies au ranch et qui ne l'ont jamais quitté, Hattie Lacour, une ancienne esclave affranchie, Joan et Stella deux soeurs orphelines qui veillent l'une sur l'autre et Jehu, un des employés qui sait particulièrement bien s'occuper des chevaux. Mais parce que Garet (alias Margaret) refuse les avances de son voisin, le colonel Connolly, l'armée vient réquisitionner leurs bêtes. Ruinées d'autant plus qu'aucune banque ne veut les aider, elles doivent quitter le ranch définitivement, le coeur brisé. Dans l'Ouest américain, en ce temps-là, ce sont les hommes qui décident de l'avenir des femmes...et des femmes trop indépendantes, cela attire forcément les convoitises et les jalousies quand elles savent aussi bien (et même encore mieux) gérer leurs affaires sans les hommes.
Elles décident alors pour rester autonomes et libres, de devenir des hors-la-loi et de s'attaquer aux biens de la famille Connolly qui leur a tout pris. Malgré les nombreux témoignages, personne ne croit que la bande qui sévit dans la région et qui est responsable de nombreux braquages, est un gang de femmes. Ce serait trop difficile d'admettre que ces dernières peuvent se montrer futées, intelligentes, et perspicaces et capables de défier les lois, plus encore que les hommes. C'est tout simplement inconcevable pour la société de l'époque, d'autant plus qu'elles agissent sans violence aucune et redistribuent l'argent dont elles n'ont pas besoin, puis se volatilisent sans que personne n'ait jamais réussi à les suivre. du coup, tout le monde pense que ces actions sont celles de Jed Spooner, un autre hors-la-loi de la région.
Un jour, lors de l'attaque d'une diligence, elles rencontrent Grace (Claire Hamilton de son vrai nom), une yankee pas très "nette" qui se propose d'écrire leur histoire. Garet qui ne supporte pas de travailler dans l'ombre et qui sait que ses jours sont comptés car elle a un cancer, accepte de l'intégrer dans leur groupe. Hattie beaucoup plus méfiante, pense que Grace ne se trouvait pas là par hasard. Elle croit ferme qu'elle a été embauchée par l'agence de détective Pinkerton, pour les espionner et tout faire pour que leur gang soit enfin arrêté...

Voilà un roman d'aventure formidable qui est tiré d'une histoire vraie. J'ai eu un véritable plaisir à le découvrir et je n'avais qu'une seule envie, en reprendre la lecture lorsque j'étais interrompue.
Dans les années 1930, Hattie (Henrietta Lee) maintenant âgée de 92 ans, et seule survivante du gang, est interrogée par une personne appartenant à la WPA (Works Progress Administration / Agence fédérale créée en 1935 pour donner des emplois aux millions d'américains victimes de la Grande Dépression).
Elle se souvient et raconte leur histoire...
A ces entretiens découverts dans les archives de la WPA, l'histoire fait alterner des extraits de son journal, de celui de Claire Hamilton (Grace donc) et de celui de Margaret Parker, ainsi que des documents provenant de coupures de presse de l'époque.
Le lecteur s'attache à ces femmes fortes, indépendantes, courageuses qui veulent vivre sans être sous la coupe des hommes. Elles sont d'avant-garde et le prouvent autour d'elles. Beaucoup d'hommes les admirent en secret mais ne voudraient surtout pas que cela se sache. Il faut dire aussi qu'elles forcent l'admiration, même si au passage elles n'hésiteront pas à tuer, elles n'auront recours à la violence que parce qu'on les aura obligé à le faire.
Mais au-delà de leur vie de hors-la-loi, ce sont des amies fidèles, aimantes, prêtes à se sacrifier pour les autres membres de leur "famille" d'adoption. Elles se battent avec fougue et sincérité pour l'égalité des sexes mais aussi contre la discrimination, le racisme, l'injustice et la loi du plus fort.
J'ai aimé ce récit à plusieurs voix, j'ai aimé les personnalités diverses de ces femmes. Chacune raconte ce qu'elle a vécu et ressenti et donc parfois le même événement est retranscrit plusieurs fois mais cela ne m'a pas gênée.
Ce sont des femmes inoubliables qui sont encore présentes en moi alors que j'ai refermé ce livre depuis plusieurs jours déjà. Chevaucher à leur côté n'est pas de tout repos, je vous l'assure, il y a de nombreux rebondissements, mais c'est un grand bol d'air et d'aventure dont j'avais bien besoin en ce moment pour me changer les idées.
La fin est bouleversante tant l'émotion atteint un paroxysme auquel je m'attendais certes, mais j'ai beau être prévenu, je me suis fait avoir !

L'auteur Melissa Lenhardt est historienne et romancière. Elle nous fait entrer dans ce gang de femmes avec beaucoup de réalisme, même si vous en doutez beaucoup de passages ont été inventés pour les besoins du récit. C'est son premier roman et il va être déjà adapté en série.
Mais ces femmes ont réellement existé et le monde entier ne le sait pas, il était temps de les réhabiliter !
Merci à l'éditeur et à la Masse critique exceptionnelle de Babelio de m'avoir permis de lire ce livre en avant-première et de m'avoir fait confiance. le roman vient de sortir le 11 février dernier et il vous faudra sans doute attendre encore un peu pour le trouver en médiathèque.
Bonne lecture à tous !
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Avec ce roman, les femmes de l'Ouest sortent enfin des saloons-bordels, des familles de colons aux moeurs étriquées et autres caricatures auxquelles un imaginaire collectif machisant les a trop longtemps confinées ! Ici, leur véritable dimension héroïque réside dans leur totale et complète adhésion à ce qu'elles sont réellement, sans fard ni faux semblants. Sous la houlette de Margaret Parker, les femmes d'Heresy Ranch assument leurs idées, leur indépendance et défendent leur honneur et leurs biens face à une redoutable adversité. Une superbe histoire, humaine et généreuse. West, oui, mais pas terne.
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J'ai été complètement immergée dans ce western féminin : un gang de femmes soudées ayant chacune quelques revanches à prendre sur la vie et sur les hommes en particulier, les chevauchées dans les paysages du Colorado de la fin du XIXème siècle, tout ce qu'il faut d'ennemi.es et d'ami.es à géométrie variable, des rebondissements et des révélations qui relancent régulièrement l'intrigue alors même qu'on ne voyait pas l'ennui poindre, une alternance de points de vue sous formats divers (journal intime, carnet de notes, entretien soixante plus tard, articles de journaux d'époque) qui maintiennent toujours l'attention. Un pavé qui se lit donc très vite, même si la multiplication des points de vue me semble parfois maladroitement exécutée, entraînant des répétitions qui ne me semblent pas indispensables.

On pourrait reprocher à Melissa Lenhardt d'utiliser tous les ingrédients et thématiques du moment : (in)égalité hommes-femmes, place des femmes, place des Noir.es, violences faites aux femmes, exploitation et spoliation des femmes, droit des femmes, lesbianisme, transsexualité, maternité. La liste peut faire craindre une indigestion mais je dois avouer que, même si certains propos sont fortement soulignés et parfois trop lourdement, j'ai trouvé dans l'ensemble que ce n'était pas pesant mais réellement porteur d'un discours et d'une réflexion sur l'invisibilisation des femmes dans l'Histoire. L'histoire de ce gang de femmes est fictive, mais comme le dit l'autrice, «  on n'a pas de preuves qu'elles ont existé... ni de preuves qu'elles n'ont pas existé ! » (article du journal de Québec du 31 juillet 2021), et j'ai trouvé autant le discours que les situations tout à fait crédibles.

Des portraits de femmes puissantes cherchant à faire leur place dans un univers hostile (géographique et social) agrémentés de scènes d'action dignes d'Hollywood : pas étonnant que les droits aient été signés pour une adaptation en série – et je pense que je la regarderai avec plaisir.

Je remercie Babelio et Les éditions Pocket pour cette Masse Critique spéciale et ce très bon moment de lecture.
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