A travers 3 grandes parties (I. Genre et Identité; II. Genre et Culture et III. Genre et Société) et 12 chapitres (parmi lesquels : 1. Les fondement de la distinction de sexe; 4. Des identifications sexuées; 8. Droit, sexe et pouvoir; 12. Dans l'intimité des couples), Didier Lett dresse une synthèse très intéressante sur le genre au Moyen-Age. A cette époque les distinctions entre genre, sexe et sexualité n'existent pas. Les hommes et les femmes doivent se conformer au modèle qu'attend d'eux la société médiévale tant en matière de rôle, de statuts que de comportements. Cet essai est passionnant et la bibliographie sélective, particulièrement fournie, en fin d'ouvrage me permettra d'approfondir le sujet.
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Bien que très valorisé, dans le système de pensée chrétien, la parenté biologique est considérée comme inférieure à la parenté spirituelle. Le lien entre le mari et la femme doit donc coexister avec – et parfois même céder le pas à – la relation à Dieu. Parmi les nombreux topoï hagiographiques qui ont, entre autre, une fonction didactique, on rencontre le thème du conjoint jaloux de son épouse ou de son mari parce qu’il ou elle consacre trop de temps et d’énergie à prier un saint ou la Vierge. En 1152, selon son hagiographe Thomas de Monmouth, Guillaume de Norwich apparaît à la femme d’un chevalier des environs de Lynn pour la remercier du culte qu’elle lui porte et lui demande un anneau d’or comme symbole de leur amour et de leur union. Au réveil, la dévote femme rapporte la vision à son époux qui, aussitôt, lui conseille de se rendre sans délai au sanctuaire pour offrir l’anneau à Guillaume. Le bon époux chrétien doit accepter et ne pas hésiter à favoriser une relation d’amour entre sa femme et un saint, rapports extra-conjugaux fondés sur une union spirituelle qui doit être privilégiée face aux liens matrimoniaux. « Le discours de l’Église vient rappeler les dangers encourus par le conjoint incapable d’intégrer cette hiérarchie des unions.
Dans les milieux aisés de la fin Moyen Âge, le développement de la figure du directeur spirituel retire encore davantage au mari sa fonction de guide de l’âme de son épouse. Ces cas de conjoint jaloux viennent rappeler aux chrétiens qu’ils doivent accepter que leur épouse ou leur mari ait un amant ou une maîtresse céleste.