Le remplaçant

Dans la Norvège rurale des années 20, Kai Christian un jeune garçon reste orphelin de père. Sa mère se remettant très vite en couple avec le voisin, Larsen,un fermier rustre et imbécile, le garçon, fils unique en est profondément perturbé et commet des bêtises. Des bêtises qui vont l'envoyer en enfer, à Stenoy, une île isolée, dans un établissement pas comme les autres. Un établissement pour garçons ayant la prétention de les mettre dans le droit chemin et où son destin va croiser celui d'un jeune professeur idéaliste, Johannes Vindnes, qui y arrive en même temps que lui. Vindnes n'a aucune idée de ce qui l'attend, ni Kai Christian.....

Une prose lumineuse et puissante pour raconter l'indicible, évoquer un univers carcéral redoutable dont les occupants en l'occurrence sont des enfants à la merci d'adultes pervers. Le récit alterne l'histoire de Kai, narrateur, avec celle de Vindnes au style indirecte. Le jeune Kai, s'accroche pour survivre, à tout ce qui peut lui procurer un filon d'énergie, une photo, "Le rêve du marin", "une plage avec des vagues et des arbres étranges, et le soleil qui se couchait à l'horizon",...et surtout à l'image d'Elle, cette mère qui a laissé Larsen l'envoyer au bagne. Quand à Vindnes, bien qu'adulte il est aussi désemparé que Kai, face à un contexte qui brisera tout son idéal éducatif.

La langue incisive de Lindstrom, nous entraîne , par le biais de détails et images subtils et flash-backs, dans les tréfonds de l'âme et les pensées des deux protagonistes, dans le cadre d'une nature sauvage celle de l'île-bagne, avec en bonus l'énigme du « Remplaçant ». Époustouflant !
Un seul livre et zéro critique et citation sur Babelio, pourtant la nouvelliste et romancière norvégienne a déjà publié une quinzaine de livres pour adultes et plusieurs titres pour enfants. En 2008, elle a reçu le prix Dobloug pour l'ensemble de sa carrière et, plus récemment, le Grand prix de littérature du Conseil Nordique, et le Prix norvégien de la critique littéraire. "Nord", son dernier roman vient d'être traduit en français aux éditions Cambourakis. Il vous reste à la découvrir.

"Un monde à la fois archaïque et encore à venir, où la nature reprendra ses droits, où l'humain devra lutter pour sa survie sans oublier de contempler la beauté qui émane de chaque chose."

Pour avoir commis quelques bêtises de gamin, Kai est envoyé sur l'île de Stenøy dans une école chargée de remettre dans le droit chemin les "mauvais garçons". L'école est en fait une sorte de prison où des adultes malsains règnent par la brutalité, la peur et la faim. Peu de lumières d'espoir au milieu de ce cauchemar, même l'amitié est quasiment inexistante. Même si le texte est extrêmement sombre, l'écriture est pudique, elle n'a pas besoin de tout dire. Deux points de vue s'alternent, celui linéaire de Kai, et celui, entrecoupé d'incursions dans le passé, de Johannes l'enseignant, qui se brisera contre le système lui aussi. Une lecture choc !