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Valérie Rouillier (Autre)
EAN : 9782359841374
48 pages
Esperluète éditions (09/04/2021)
4.44/5   9 notes
Résumé :
Tu as cent ans aujourd’hui.
Un gâteau avec ton prénom dans la salle commune.
La famille chante.
Tu ne sais pas ce qu’on fête.
Moi : Quel âge as-tu, bonne-maman ?
Toi : Nonante-cinq ans... Non ! nonante-quatre ans...
Moi : Tu as cent ans aujourd’hui, bonne-maman.
Toi : Mais non... Tu ris en me regardant, comme si je t’avais fait une blague.

L'auteure s'adresse à sa grand-mère centenaire et tisse le récit... >Voir plus
Que lire après Ce soir, on dort dans les arbresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Violaine Lison nous offre un petit livre plein de tendresse et de simplicité pour dire le grand âge de sa grand-mère, « prête pour la grande migration ». La petite-fille accompagne l'aïeule sur ce chemin de dépossession, de dépouillement. Quand l'esprit, la mémoire ne répondent plus, c'est le coeur et le corps qui prennent toute la place : savourer la tartine trempée dans le café noir, éloigner les peurs joue contre joue, prendre la main, chanter une chanson oubliée et vider le lit de ses draps et couvertures pour mieux s'en aller. Et aussi saisir les brins d'humour pour vivre ce passage. Etre là, tout simplement.

J'ai un peu pensé au livre de Linda Vanden Bemden, Les dimanches d'Angèle, mais ici Violaine Lison traite le sujet de façon plus poétique. Elle semble avoir recueilli de cet accompagnement des leçons de vie toutes simples, qui donnent à son texte une légèreté paisible malgré la proximité de la mort. J'ai savouré la simplicité de ses pages accompagnées par les traits à l'aquarelle grise de Valérie Rouillier, « qui parlent de maillages, de réseaux, de bifurcations, de retrouvailles… » (selon la présentation sur le site d'Esperluète).
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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C'est court, très court même, mais c'est beaucoup plus qu'il n'en faut à l'auteure pour nous transmettre toute l'affection qu'elle portait à sa grand-mère. Et je ne veux pas simplement dire nous la faire sentir, mais aussi nous la communiquer, nous contaminer. Est-ce parce que nous pensons automatiquement à notre « Bonne-maman » (comme on dit dans le Tournaisis), à notre propre mère si elle l'est devenue à son tour, ou à ce qui nous attend tou(te)s, sauf accident de la vie ? A cette perspective, on lui envierait bien son sort, non pas de centenaire - c'est trop long, elle le dit - mais d'aïeule choyée.
Cela se lit en un éclair, mais il est d'une fulgurance incroyable. Il n'y a pourtant rien de plus que quelques bribes de conversations teintées de tendresse ou d'espièglerie et quelques constatations navrantes. Comment Violaine Lison fait-elle pour charmer à ce point son lecteur dès les premiers mots, cela relève du mystère.
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Ce soir, on dort dans les arbres sonne comme un défi : dire avec très peu de mots les sentiments cristallisés d'une petite fille pour sa grand-mère ! Economie de mots pour dire la fuite de la mémoire à la frange d'une sénescence voisine d'une tendre folie. Merci Violaine Lison d'avoir trouvé les mots-traces, les mots qui marquent le chemin des derniers instants de lumière d'une étrange lucidité : un chemin semé non pas de petits cailloux mais d'instants si fugaces où la pulsion de vie marque le pas au lâcher-prise, ou l'inverse, tant il y a encore des résistances invisibles. A sa façon, ce petit recueil m'apprend la désappropriation, l'humilité et le profond respect d'une vie pleine, c'est-à-dire d'une existence remplie par la vie jusqu'au bout.
"Bonne maman" en larguant les amarres, "lâche et largue les mots. (...) Tu tangues dans ta barque. Entre deux eaux. Tu es calme. Je me penche sur ton berceau centenaire. Et souffle dans les voiles."
L'illustratrice apporte aussi par son travail un rapport texte-dessin d'une grande justesse toute simple : une vie de fils tissés, des fils qui lient, forts et fragiles à la fois, debout, couchés, tordus, tantôt effaçables, tantôt incrustés comme des cicatrices, voire des scarifications ? Comme si tous ces traits avaient été tracés de la pointe d'une allumette charbonnée. Une poudre noire de bois brûlé, éphémère, qui marque le papier et que le vent emporte pour un rien ; une allumette qui s'éteint, et avec elle, le souvenir d'une flamme qui s'installe. Doux déclin.
Merci Violaine Lison. Merci Valérie Rouillier. Et s'il-vous-plaît, continuez ... !
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« Ce soir, on dort dans les arbres » est un petit livre rempli de tendresse qui aborde plusieurs sujets délicats comme la vieillesse et l'accompagnement en fin de vie.

La narratrice porte un amour inconditionnel à son aïeule qui s'apprête à faire son dernier long voyage.

À cent ans, l'esprit de sa grand-mère s'égare.
Son regard s'embrume, s'emmure.
Ses mots se perdent.

« Mère, fille, infirmière, petite-fille.
Je suis toutes celles-là à la fois. »
La narratrice, douce et bienveillante, est à son chevet.


Ce livre d'une cinquantaine de pages a été illustré par Valérie Rouillier. Ses dessins en noir et blanc apportent une certaine dimension au texte. Je dirais qu'ils sont complémentaires et invitent le lecteur à les interpréter.

En conclusion, chaque lecteur pourra se retrouver dans ce texte et appréciera certainement la poésie de l'autrice, Violaine Lison.


Lien : https://www.aliceaufildespag..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Entre ces murs, ton passé tient dans une valise.
Du linge. Deux tableaux. Un vase. Quelques photos.
Mais lui n’est pas avec toi.
Tu l’a lâché et il s’est élevé au lointain, comme un ballon d’hélium.
Tu l’a lâché.
Sans doute pour mieux le rejoindre.
On ne peut retrouver que ce qu’on a su perdre. (p. 25)
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Tu as cent ans aujourd’hui.
Un gâteau avec ton prénom dans la salle commune.
La famille chante.
Tu ne sais pas ce qu’on fête.
Moi : Quel âge as-tu, bonne-maman ?
Toi : Nonante-cinq ans… Non ! nonante-quatre ans…
Moi : Tu as cent ans aujourd’hui, bonne-maman.
Toi : Mais non… Tu ris en me regardant, comme si je t’avais fait une blague.
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Depuis que tu es ici, tu n’as pas parlé de lui. Pas même prononcé son nom.
Lui. L’homme de ta longue vie. Mort avant toi.
Son visage est affiché dans ta chambre mais il échappe à ton regard.
Ou plutôt est-ce ton regard qui s’échappe.
Peut-être ne l’as-tu simplement pas emmené avec toi.
Peut-être n’est-ce pas ici sa place. (p. 23)
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Toi, regardant droit devant, par-delà la fenêtre ce soir, on va dormir dans les arbres.

Moi, dans le sillage de ton regard : D’accord, tu choisis lequel ? (p. 17)
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Video de Violaine Lison (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Violaine Lison
Avec la participation des autrices Clou, Violaine Lison, de la poétesse et artiste du spectacle vivant Laura Lutard et de l'auteur Sylvain Levey.
Et la classe de Terminale du lycée Paul le Rolland, Drancy (93). Un grand merci à la professeure Chéribène Dihb.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images Atak, Pirates bric-à-brac, trad. de l'allemand Camille Gautier, éditions Thierry Magnier Avec le soutien du Goethe-Institut Paris et la complicité de la galerie Arts Factory.
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