Ce soir, on dort dans les arbres sonne comme un défi : dire avec très peu de mots les sentiments cristallisés d'une petite fille pour sa grand-mère ! Economie de mots pour dire la fuite de la mémoire à la frange d'une sénescence voisine d'une tendre folie. Merci
Violaine Lison d'avoir trouvé les mots-traces, les mots qui marquent le chemin des derniers instants de lumière d'une étrange lucidité : un chemin semé non pas de petits cailloux mais d'instants si fugaces où la pulsion de vie marque le pas au lâcher-prise, ou l'inverse, tant il y a encore des résistances invisibles. A sa façon, ce petit recueil m'apprend la désappropriation, l'humilité et le profond respect d'une vie pleine, c'est-à-dire d'une existence remplie par la vie jusqu'au bout.
"Bonne maman" en larguant les amarres, "lâche et largue les mots. (...) Tu tangues dans ta barque. Entre deux eaux. Tu es calme. Je me penche sur ton berceau centenaire. Et souffle dans les voiles."
L'illustratrice apporte aussi par son travail un rapport texte-dessin d'une grande justesse toute simple : une vie de fils tissés, des fils qui lient, forts et fragiles à la fois, debout, couchés, tordus, tantôt effaçables, tantôt incrustés comme des cicatrices, voire des scarifications ? Comme si tous ces traits avaient été tracés de la pointe d'une allumette charbonnée. Une poudre noire de bois brûlé, éphémère, qui marque le papier et que le vent emporte pour un rien ; une allumette qui s'éteint, et avec elle, le souvenir d'une flamme qui s'installe. Doux déclin.
Merci
Violaine Lison. Merci
Valérie Rouillier. Et s'il-vous-plaît, continuez ... !