A travers les "errances" gores des rares survivants d'une catastrophe quelconque,
Marc Lizano et
Vincent Rioult nous régalent d'une corrosive petite étude sociologique.
Et comment, sans avoir l'air d'y toucher, sonder au mieux les limites de la moralité d'homo-sapiens et sa société dite moderne, si ce n'est de faire tenir les rôles par de trognons ch'tis zanimaux qui finiront par s'entre-déchirer la tête. Grâce à ce premier stratagème et par l'utilisation d'une technique graphique assez étrange (gravure sur bois, personnages peu expressifs, ensemble figé) mais agréable, la forme est déshumanisée pour mieux se concentrer sur le fond. On entre d'autant plus facilement dans le trip, que l'on ne se sent pas montré du doigt. Pourtant, après seulement quelques pages, l'anthropomorphisme n'est que plus évident et les rapports impitoyables se dévoilent dans une truculente splendeur. Cruauté, cynisme, férocité, égocentrisme, les ignominies se succèdent dans une (in?)humanité et une légèreté déconcertante. L'humour tronçonneuse d'une fable éthnologue jouissivement trash que n'aurait sûrement pas renié
Jean de la Fontaine... s'il avait été fan des Sex Pistols.