LARVE, LARVE ME DO...
Avant de poursuivre - certes, je viens à peine de débuter - il me faut entamer par quelques mises en garde et autres précisions techniques :
- C'est rare ici (sur Babelio, pour être précis), mais je vais "je-moi-mêmiser", et pas qu'un peu, tout au long (pas trop je l'espère) de cette chronique.
- Préciser au lecteur patient et bienveillant de ces lignes en devenir qu'avant d'ouvrir ce premier volume de notes de Monsieur Gilles Roussel, alias Boulet, aka Bouletcorps, je n'avais jamais, mais alors VRAIMENT jamais entendu parler de lui. QUand bien même je connaissais la collection "Shampooing" proposée par les Editions Delcourt. Quitte à être parfaitement complet et honnête, ce n'est pas exactement ma collection de prédilection chez eux. J'y ai - modérément mais sincèrement - apprécié le grand méchant renard tandis que j'ai estimé le premier volume des le Guide du Mauvais Père à peu près sans le moindre intérêt (étant, par ailleurs, jeune papa moi-même : quand je prévenais que je je-moi-mêmiserai...!)
- Expliquer, très rapidement, que je ne suis guère amateur de blogs. Moins encore de Blogs de Bande-dessiné (vous savez, je suis un de ces pachydermes de l'antiquité pré-internet qui refusent quasi totalement de lire autre chose que des livres papier. Il existe toutefois quelques exceptions, mais elles sont bien rares), mon attention et mon goût de lire se lassant très rapidement sur de tels supports. Je les trouve souvent (pas toujours, hein !) prétentieux, ou vains, ou vides, ou nombrilistes, ou mal fait, ou mal écrit, ou sans grand intérêt, ou répétitifs ou... un peu tout cela à la fois. Et puis, je suis comme tout le monde : je n'ai pas le temps pour tout connaître, découvrir, apprécier, alors je vais vers ce que je connais le mieux : ma bonne vieille librairie !
- je lis toujours (même si cela doit me prendre des années) les livres que mes proches m'offrent. C'est une règle d'amitié, d'échange et de respect que je me suis fixée depuis que je suis en âge de recevoir des livres. Pourquoi cette précision ? Evidemment, vous vous en doutez peut-être : ce premier volume de Notes me fut offert à l'occasion du dernier réveillon de Noël par mon jeune... Hum... très jeune : je pourrais sans aucune peine être son paternel, son "daron"... Mais cela ne nous empêche pas de très bien nous entendre, d'avoir un certain nombre de goûts communs et de nous donner à découvrir des choses que, sans l'autre, nous ne connaîtrions pas. Et puis, on a un peu le même type d'humour potache, qui se vogue entre celui d'une cour de récréation de 3ème et les vannes de Perceval dans Kaamelott... Cela crée des liens !
- donc ce grand couillon - il fait 1mètre 95. Et oui, je suis très jaloux, avec mon petit mètre 84 - m'a offert ce premier volume de NOTES en me précisant sans ambages : «Je ne sais pas ce que ça vaut en BD. Je le connais par ses participations sur U-Tube, j'aime bien.» Et débrouillons-nous avec ça !
Sur le moment, et après les remerciements d'usage, je n'ai su que penser de l'ouvrage. D'un format un peu bloc-note par sa dimension, j'ai de suite compris que mes vieux yeux de taupe astigmate souffriraient, et pas qu'un peu, à la lecture de cet objet. Mais lorsque c'est bon, on est prêt à tous les efforts, toutes les concessions. Hélas, triple hélas : dès les premières pages (non sans avoir ressenti la probable douleur de Champollion lorsqu'il s'est penché la première fois et d'un peu plus près sur des symboles d'abord incompréhensibles pour lui), j'ai été à deux doigts d'abandonner. Que mes yeux torves en bavent sur des planches aux traits et aux écritures insignifiantes (en taille), légèrement baveuse de surcroît, passe encore, si toutefois j'avais ressenti un début de commencement de génie, si j'avais pu en goûter pleinement l'humour (or, je me doutais que l'auteur tâchait d'en faire preuve), si ce que je découvrais était autre chose qu'une succession de moment de pur nombrilisme vécu par un homme pourtant plus exactement à l'âge où c'est hormonalement normal (j'oublie de préciser qu'entre l'auteur et moi il n'y a guère que cinq années de différence, ce qui n'est vraiment pas grand chose. le "problème" ne réside donc pas fondamentalement au niveau d'un éventuel problème générationnel), auquel on aurait pu demander un peu plus de "corps" ainsi qu'un semblant d'expérience... J'essayais - exercice complexe - de me repenser tel que j'étais vers le début des années 2000 (puisque ces "notes" ont été crées entre 2004 et 2005) et non, vraiment, rien ne me semblait devoir ressembler aux interrogations vaguement existentielles, souvent vaines, superficielles et sans aucun lien les unes aux autres (tout en se répétant souvent, ce qui est d'autant plus fort) de ce cher Boulet...
Mais... Mais je m'accrochais malgré tout, non sans peine ! Peu à peu, malgré cette manière décidément trop manga de représenter ses personnages (oui, désolé, je suis parfaitement fermé au genre, du moins sur papier, alors que j'apprécie plutôt bien les films d'animations japonais... Ne cherchez pas à comprendre !), malgré un humour que je ne partageais pas, une vision du monde qui m'est globalement assez étrangère et insignifiante, de même que des yeux de plus en plus rougis par l'attention que la lecture de ce (trop) petit format m'imposait, je prenais, un peu, goût à certaines planches.
En premier lieu il me faut reconnaître que, lorsqu'il s'en donne la peine, Boulet est un excellent dessinateur. Mieux que cela : il est clairement doué. Bien évidemment, la tonalité humoristique qu'il souhaite donner aux planches extraites de son blog (n'oublions surtout pas que le processus est dans ce sens, non de la BD "classique" vers le virtuel) ne permet pas qu'il use constamment de ses dons pour les arts graphiques dans une démarche définitivement humoristique et décalée... Mais c'est parfois dommage qu'il ne s'en serve pas plus.
Ensuite... Oui, je l'avoue (Ne me regardez pas ainsi : que ceux qui ne changent jamais d'avis me jettent le premier pavé livresque), au fil des pages, il m'est arrivé de sourire, voire de m'attacher (un peu) à ce personnage mi-réel mi-fabulé. Malgré de nombreuses répétitions thématiques (qui lassent, mais lassent), certaines pages recèlent quelques instants de grâce (le voyage en Corée) et d'intimité vraie quoi que drolatique (son expérience de la photographie de nu... malgré lui). Et c'est lorsque je fus à deux doigts d'abandonner (ce qui ne m'arrive quasiment jamais, quelque soit l'ouvrage) que j'ai commencé à trouver quelque intérêt à ce premier recueil... C'est à dire vers les trente dernières pages (ce qui est tout de même un rien tardif. Mais je suis tenace !).
Je ne reviens pas sur mon impression d'ensemble quant à ce premier opus de NOTES : je me suis globalement (beaucoup) ennuyé, j'ai assez peu rit, à peine plus sourit ; j'ai eu très mal aux yeux ; j'ai relativement peu accroché sur cette façon très bloggeuse de croquer les personnages (quand on en a vu un, j'ai la désagréable sensation de les avoir plus ou moins tous vu) ; l'ensemble m'a semblé excessivement décousu, sans lien, sans magie, sans tension. Pour autant, ces fameuses ultimes pages (et quelques autres, dans le corpus du bouquin) ne m'ont pas laissées totalement indifférent, au point même que je suis allé y voir de plus près et que j'ai poursuivi ma lecture sur le net (en allant directement vers les années les plus proches) : il y a du bon, du très bon même, et c'est dans un format lisible pour mes yeux d'ancêtre... Ouf : Grâce en soit donc rendue à mon Beauf (que j'aime de sincère amitié, sans quoi il serait demeuré absent de cette chronique bien peu conventionnelle, selon mes habituels critères) !
Pour ceux qui auraient envie de mieux connaître Boulet, c'est ici : http://www.bouletcorp.com/2018/11/07/tonton-selfie/
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Boulet, c'est moi !... Et toi !... Ou encore toi ! Nous sommes tous plus ou moins des Boulet, et chacun se reconnaîtra forcément un peu (beaucoup pour ma part) dans les tribulations savoureuses de l'auteur. Depuis la simple anecdote de vie jusqu'aux plus hautes envolées absurdes, dans les humeurs, les réflexions aiguisées, les états d'âme ou la façon d'être, il y a toujours un quelque chose qui résonne agréablement en nous. Cette identification amusée déclenche une sympathie immédiate pour le bonhomme, avec ses fulgurances léthargiques, son profil d'ermite reclus, sa tendance geek irrésistible et son dilettantisme ménager revendiqué.
Le plus remarquable, et malgré une auto mise en scène systématique, c'est que l'ego de Boulet s'efface toujours devant le sujet et l'ambiance de chaque chronique. Pas de nombrilisme irritant, pas d'intimisme impudique, juste du détachement et une maîtrise de l'autodérision exceptionnelle. C'est enlevé, aérien et surtout sans outrances. Dans une bonne humeur quasi permanente, les éclats de rire s'enchaînent ponctués d'autres moments plus attachants ou poétiques, et c'est une réelle tendresse que l'on finit par ressentir pour ce gars somme toute « normal ».
La compilation de tous ces récits en vrac, sans réel fil conducteur, pouvait laisser craindre pour la cohérence de la narration. Il n'en est rien. La diversité de thèmes et de tons, une déconcertante facilité à raconter et un style graphique qui alterne ligne spontanée, noir et blanc plus travaillé et aquarelles somptueuses, fournissent un punch et une fraîcheur indéniables. L'insertion de petites parenthèses dans lesquelles l'auteur commente la genèse de son album, finit d'apporter toute sa cohésion à l'oeuvre. le résultat : un bocal de friandises que l'on pourra vider goulument ou picorer de temps à autre.
Si, comme le laisse supposer l'adage populaire, un fou rire vaut bien un steak, à la fermeture de l'album, c'est un bovin entier que vous aurez englouti. Pour 13 euros, il n'y a pas à hésiter !
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Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Ces ouvrages racontent peu de choses si ce n'est de petits épisodes, des tranches de vie récoltées au jour le jour par le dessinateur pour enfants, Boulet. Toutes les planches de cette bande dessinée sont issues de la première année d'existence du blog de l'auteur. C'est en quelque sorte un journal « ex-time » de l'auteur où les thèmes - des plus farfelus au plus sérieux - sont abordés sur le ton de l'humour : le ménage, le sexe, Internet, les courses, les amis, la vision de soi, la télévision, etc. Avec toute sa palette graphique, Boulet nous propose sa vision de la vie ; celle d'un adolescent qui a grandi trop vite, confronté à tous les problèmes des « vrais » adultes. Il y a une certaine connivence entre cet « adulescent » de 28 ans et les plus jeunes car le regard qu'il pose sur le monde et ses interrogations pourraient être partagés par des adolescents : les complexes physiques, l'humour « potache », une certaine nonchalance, un goût prononcé pour la lecture des mangas, pour la musique, etc. Le dessin varie d'un « strip » à l'autre et l'anarchie dans la succession des thèmes - conséquence de la publication quotidienne de ses planches sur son blog - rendent la lecture plaisante. La série devrait compter 4 tomes. ? Thomas Bailly
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
La bédé, longtemps marginale, est devenue plus médiatique. On a beaucoup parlé de Beineix, qui, d’un film trop naze pour être produit, a fait une bédé merdique.
- Oui, mais je suis connu !
On a beaucoup parlé de Gerra, qui, bien que n’ayant absolument aucun talent de scénariste bédé, a repris « Lucky Luke ».
- Oui, mais je suis connu. Je sais imiter Johnny.
On a beaucoup parlé de Semoun qui a sorti une bédé dont n’aurait pas voulu le pire fanzine lycéen.
- Oui mais je suis connu. « Alors c’est une blonde à forte poitrine »…
On n’a pas parlé de J. ni de tous les autres comme elle qui font de bonnes bédés.
- Oui mais on n’est pas connus…
On a une idée, on la laisse germer...Elle prend forme petit à petit...On y passe des mois, on peaufine...et au final, on a un album. Il sera peut-être super-banal, mais cohérent. Le blog, c'est un incubateur: j'y fais des trucs à droite à gauche. Indépendamment, ils ont l'air super. Mais si on assemble, ça donne un truc monstrueux.
Si les papillons de nuit aiment tant la lumière, pourquoi ne vivent-ils pas le jour ?
Savoir que le camembert est conducteur est utile, ça permet de faire l’amour (parfois).