Quel bel équilibre entre paix et terreur.
D'une écriture très simple, jouant de digressions menant à des éclaircissements, l'auteure situe son récit dans un collège sombre d'un Londres envahit de smog bien sûr, mais surtout dans l'environnement 'd'une vie monotone sur fond d'informations répétant les combats cruels "Il y avait des guerres partout, au Viet-nam, en Corée, en Afrique, dans les pays arabes ; la guérilla en Colombie ; des émeutes en Irlande.". de quoi rêvent ces collégiens un peu laissés à eux-mêmes par leurs parents dans ce contexte ? de quoi rêvent nos collégiens dans un contexte si semblable à celui des années soixante-dix ?
Ils ont environ quatorze ans et leur vie va basculer en entrant dans une boutique de...modélisme ? non de miniatures. Sans que cela soit clairement dit l'un rêve de puissance, l'autre de cette séduction qui mène à ce pouvoir de la féminité et la dernière au savoir.
Dès les premiers mots le ton est donné : la cruauté est autant l'apanage des enfants que celui des adultes.
Parce que des enfants ont tué son chat, la narratrice confrontée au sadisme de cet assassinat, ce remémore cet épisode de sa vie, vingt-cinq ans plus tôt, à l'âge des premiers émois.
Un vieux vietnamien ouvre une boutique de "miniatures" qui attire comme un véritable aimant tous ces collégiens. Les objets sont de parfaites reproductions du réel et malgré leurs prix exorbitants, ces enfants arrivent à les acquérir. Comment ?
Pire, la possession de ces "objets" entraîne son détenteur dans une sorte de folie, folie à laquelle semble résister la narratrice.
Chacun des trois adolescents est caractérisé l'un par l'éclat d'un regard, l'autre par celui de son sourire et la troisième par celui de sa carnation. Pour assouvir leur désir de possession ils troqueront cet éclat et risqueront d'y aliéner leur futur, d'y perdre leur âme.
Face à eux, cet étrange "boutiquier" si plein d'une douceur à laquelle aucun d'eux n'est habitué. Habilement, ce personnage génère un malaise dès son apparition : le lecteur se perd en suppositions vaines et pourtant l'auteure met dans la bouche de son héroïne tous les indices : "Devant les épaules voûtées, le visage parcheminé semblait suspendu, flottant. Un sourire l'éclairait d'une inquiétante lueur. Les yeux capturaient une proie plus qu'ils ne regardaient. Ils m'ont prise ainsi à leur aimant et je me suis immobilisée, l'esprit vide."
A côté de tout ce sombre, la lumière de la compréhension qui permet de "voir" au delà des simples apparences (capacité qui s'acquiert en devenant adulte), mais aussi que la vie continue après l'adolescence et qu'il y a tout de même des possibilités de bonheur si on s'en donne l'opportunité.
J'ai beaucoup aimé la qualité de ce conte qui pose la question : qu'est-on capable de donner de soi-même pour obtenir ce que l'on désire ? Et comment en assurerons-nous les conséquences ?
Quatre personnages bien campés, les trois ados bien sûr mais aussi Lei Tchang, vieil homme fasciné par la jeunesse et brisé par la haine.
Avec juste un zeste de fantastique.
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Alicia,Edmund et Lil, 3 collégiens londoniens, vont voir leur vie bouleversée lorsque Lei-Tchang, un vieil artiste chinois, va ouvrir sa boutique de miniatures.
Les garçons sont attirés par les réplique d'avion de guerre, en plus ils larguent de vraies petites bombes... Les
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J'ai été assez gênée par l'absence de condamnation concernant la conduite du miniaturiste envers les enfants... ça m'a laissé un sentiment de malaise.
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Un roman qui ressemble à une très longue scène d'exposition. Il ne se passe pas grand chose. Les tableaux sont très répétitifs et lorsque le dénouement arrive on l'a déjà deviné depuis longtemps et il n'apporte rien.
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Existe-t-il une activité plus humaine, plus douce et réconfortante que ce papotage à mi-voix avec un être cher ? La lecture, peut être. Le cinéma, parfois. Ou la contemplation paisible, dans un musée désert, d'un seul tableau.
Le vieil homme s'est avancé pour presser ma main entre les siennes. Puis il a élevé un doigt et, avec une douceur que je ne connaissais pas, dont ma propre mère ne m'avait même pas laissé soupçonner l'existence, il l' a fait glisser le long de ma joue.
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Le vieil homme s'est avancé pour presser ma main entre les siennes. Puis il a élevé un doigt et, avec une douceur que je ne connaissais pas, dont ma propre mère ne m'avais même pas laissé soupçonner l'existence, il l'a fait glisser le long de ma joue. Une rougeur m'a brusquement empourprée et un rire silencieux a secoué le miniaturiste. Mais il ne se moquait pas. Il riait de bonheur et il me semblait qu'à ses yeux le sang affleurant sous ma peau était un miracle.
Des ateliers d’écriture ont été mis en place à la faculté des Lettres de Nîmes, dans le cadre de la licence de lettres modernes, en septembre 2006. Trop rares encore sont les responsables de filières Lettres à oser se risquer dans ce domaine, classique aux Etats unis depuis la fin des années 50 sous le nom de writer’s workshop. Pourtant, comment comprendre de l’intérieur la littérature si l’on ne se frotte pas soi-même à l’écriture ?