Quand Alexandre débarque dans la classe de lycée de Omar, pour ce dernier, c'est le grand chambardement et il ne sait pas encore à quel point. Une amitié soudaine, troublante et mouvementée naît. Alexandre est si différent de tous, il a déjà beaucoup voyagé dans le monde, parle plusieurs langues couramment et c'est un lecteur passionné et passionnant de Racine et de
Rimbaud surtout, parmi d'autres. Et on ne parle pas de sa tenue vestimentaire, quasiment toujours la même été comme hiver.
Omar est le narrateur chamboulé de ce roman qui n'est en fait qu'une longue lettre à une femme qui a servi de mère à Alexandre. Très vite, on saisit l'amitié-passion dévorante et parfois possessive de Omar à l'égard d'Alexandre. Et aussi très vite, on comprend qu'il vient de vivre quelque chose de grave et que cette longue lettre rédigée en une vingtaine de jours, par à-coups, lui sert d'exutoire à ce qu'il a vécu, ce qu'il a peut-être fait et que sa fin nous donnera les explications nécessaires à cette situation inattendue et douloureuse. En fait, tout au long du récit, Omar ne cesse de se/nous poser des énigmes : qui est véritablement Alexandre ? Qui est Assia, la femme-artiste qui lui sert de mère ? Pourquoi son père, une parfaite brute épaisse, apparaît-il et disparaît-il régulièrement ? Est-ce vraiment un mercenaire comme on croit le comprendre ? Pourquoi Alexandre avec tous les talents qu'il possède et sa nature libre et frondeuse accepte-t-il de vivre ce que ce père autoritaire et brut de décoffrage lui impose ?
Ce roman est dense ; il est chargé d'émotions, de tensions, de mystères ; le tout provoque chez le lecteur une foule de réactions : empathie, pitié même, révolte, amertume, fascination aussi.
Rimbaud, son oeuvre et son parcours atypique, ne sont pas loin. Les vies croisées des deux adolescents, Omar et Alexandre, ne peuvent pas laisser indifférent et cette amitié fulgurante n'est pas déconnectée de l'actualité mondiale. Bien au contraire ! A ne pas rater !