L’émotion qui n’est d’abord rien de plus qu’un ébranlement de l’âme doit être considérée comme l’origine de tous les autres mouvements de la vie affective qu’elle accompagne toujours. Là où l’émotion disparaît, la conscience n’a plus affaire qu’à la représentation. Elle pénètre le plaisir et la douleur aussi bien que les désirs, qui peuvent en être considérés comme des déterminations.
Il y a une parenté étroite entre les valeurs économiques et les valeurs affectives, car d’une part les valeurs économiques sont sous la dépendance du besoin et du désir, qui appartiennent déjà à l’affectivité, et d’autre part le besoin et le désir ne peuvent être satisfaits ou contredits sans engendrer dans la conscience un sentiment de plaisir ou de douleur.
La valeur intellectuelle est la vérité. — Elle est la prise de possession par l’esprit de la réalité en tant qu’elle est au delà de nous. Cette prise de possession est toujours virtuelle, elle ne nous donne pas la réalité elle-même, mais seulement sa représentation et cette représentation n’a de sens que pour nous.
La valeur esthétique est le beau. — On peut dire qu’elle crée une sorte de médiation entre la valeur intellectuelle et la valeur morale. Tout d’abord, elle a pour objet le monde perçu, comme la science, mais ce monde, elle ne se borne pas à l’explorer dans sa totalité afin de discerner en lui un ordre qui nous permette d’en disposer ; même si tout objet en droit est susceptible d’acquérir une valeur esthétique, elle ne cesse de faire un choix entre les différents aspects du réel dont les uns demeurent indifférents tandis que les autres semblent contredire la valeur au lieu d’en témoigner.
Le bonheur n’est pas instantané comme le plaisir et sous la dépendance de l’événement. Il est lié à la durée. Il n’abolit pas la conscience du corps : mais le corps ne demeure présent que dans le sentiment que nous avons de sa santé, de son équilibre, de son activité désentravée à laquelle les circonstances répondent. C’est un équilibre entre l’activité et la passivité.